L’armée syrienne et le Hezbollah livraient lundi des combats acharnés
pour s’emparer de la ville stratégique de Qousseir alors que les
efforts diplomatiques s’intensifient en vue de la tenue, en juin à
Genève, d’une conférence internationale pour mettre fin au conflit en
Syrie.
Près de Qusseir, une journaliste de 26 ans, originaire de Homs, Yara
Abbas, travaillant pour la chaîne syrienne d’information en continu
Al-Ikhbariya a été tuée près de l’aéroport de Dabaa, situé à 6 km au
nord de la ville, a indiqué la chaîne.
Dans une atmosphère de violences incessantes depuis plus de deux ans,
les chefs de la diplomatie américaine et russe, initiateurs du projet de
conférence de paix, vont s’entretenir à Paris, tandis qu’à Bruxelles,
les ministres européens doivent discuter d’une éventuelle levée de
l’embargo d’armes en faveur des rebelles.
Tandis que la situation devient de plus en plus chaotique sur le
terrain, Navi Pillay, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, a
averti lundi à l’ouverture de la 23e session du Conseil des droits de
l’Homme de l’ONU, qu’un "cauchemar" se dessine en Syrie.
Une "catastrophe humanitaire, politique et sociale frappe déjà et ce qui
nous attend est véritablement un cauchemar", a-t-elle déclaré.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), les combats se
poursuivaient lundi à Qusseir, une ville stratégique située dans
l’ouest de la Syrie, près de la frontière nord du Liban.
Dimanche, une source proche du Hezbollah avait fait état de 110 morts
ces derniers mois, dont une très grande majorité à Qusseir. Un corps
expéditionnaire du mouvement de 1700 hommes combat dans la région de
Qusseir, selon cette source.
A Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne
sont réunis lundi pour tenter de trouver un consensus sur la fourniture
d’armes aux rebelles syriens, un dossier sur lesquels les 27 sont
profondément divisés.
L’objectif est de s’entendre sur le renouvellement du paquet des
sanctions prises depuis deux ans par l’UE contre le régime syrien, dans
lequel figure l’embargo sur les armes, qui expire le 31 mai à minuit.
L’opposition syrienne, réunie à Istanbul, a une nouvelle fois prié l’UE
de lever son embargo. "La population syrienne continue à demander des
armes pour se protéger. Je prie pour que les ministres qui se réunissent
à Bruxelles le comprennent", a déclaré à l’AFP un porte-parole de la
Coalition, Khaled al-Saleh.
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a exprimé pour sa part
l’espoir de faire avancer le projet de conférence, baptisée Genève-2,
lors d’une rencontre qu’il aura lundi soir à Paris avec ses homologues
américain et russe, John Kerry et Sergueï Lavrov dont le pays est le
principal allié du régime de Damas.
"Il semble que du côté du régime de Bashar al-Assad certains noms ont
été avancés" pour représenter Damas à la table des négociations, a
déclaré dimanche M. Fabius à des journalistes, indiquant attendre que
l’opposition "puisse faire de même".
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a annoncé la
"décision de principe" de la Syrie "de participer à la conférence
internationale.
Mais à Istanbul, la Coalition nationale de l’opposition syrienne a connu
un sérieux revers dans ses efforts d’unification des opposants au
régime de Damas avec le fiasco tôt lundi d’un vote sur son élargissement
à de nouveaux membres, qui laisse planer le doute sur sa participation à
Genève-2.
L’Iran a indiqué qu’il accueillerait mercredi une "conférence
internationale" visant à trouver une "solution politique" au conflit en
Syrie.
En Iran, "plus de 40 pays sont attendus, ainsi qu’un représentant de
l’ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan", a précisé le
vice-ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian.
M. Annan est l’ancien médiateur de l’ONU et de la Ligue arabe dans le
conflit qui a fait selon l’OSDH plus de 94.000 morts depuis mars 2011.
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Les Européens "pas d’accord" sur l’embargo sur les armes
Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne tentaient
toujours lundi en fin d’après-midi de trouver un consensus sur la
fourniture d’armes aux rebelles syriens, un dossier sur lesquels les 27
sont profondément divisés depuis plusieurs mois.
"Il n’y a pas d’accord", a indiqué le Français Laurent Fabius, en
quittant la réunion à Bruxelles pour retourner à Paris, où il devait
recevoir en soirée ses homologues américain et russe, John Kerry et
Serguei Lavrov.
Les Européens doivent se mettre d’accord avant vendredi minuit, date à
laquelle expire l’ensemble des sanctions prises depuis deux ans par l’UE
contre le régime syrien, dans lequel figure l’embargo sur les armes.
Le Royaume-Uni est le principal pays à réclamer la possibilité de livrer
des armes aux rebelles syriens, une mesure destinée à "envoyer un
message clair à (Bashar al) Assad", le président syrien, selon le
ministre britannique William Hague.
A l’opposé, plusieurs pays, dont l’Autriche ou la République Tchèque,
défendent un maintien de l’embargo, mettant en avant le risque que les
armes européennes tombent aux mains des jihadistes combattant le régime.
L’Europe "est une communauté de paix", a déclaré le ministre autrichien
Michael Spindelegger, pour qui envoyer des armes "serait contraire à nos
principes".
D’autres pays, dont l’Espagne et l’Italie, plaident pour un compromis
soumettant une levée de l’embargo à certaines conditions, liées au
contrôle des armes et à un délai afin de ne pas compromettre la réunion
de "Genève 2" qui doit se tenir en juin à l’initiative des Etats-Unis et
de la Russie pour tenter de trouver une solution politique au conflit.
M. Fabius a indiqué que la France était prête à soutenir un tel
compromis car "il est très important que l’Europe prenne une position
unie dans cette affaire".
Mais, a précisé une source diplomatique, "il est difficile de se mettre
d’accord sur les conditions" liées à l’assouplissement de l’embargo.
Si aucun accord n’était trouvé lundi, le débat pourrait se poursuivre
dans les capitales avant qu’une décision finale ne soit prise au niveau
de l’UE, probablement vendredi.
Présent à Bruxelles pour traiter d’un autre dossier, le chef de la
diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a appelé l’UE à "lever l’embargo
contre le peuple syrien". "Si nous n’arrivons pas à le faire via le
Conseil de sécurité de l’ONU, au moins devons nous soutenir le droit à
l’autodéfense" des Syriens, a-t-il ajouté.
La Coalition nationale de l’opposition syrienne a également exhorté l’UE
à lever son embargo car "la population syrienne continue à demander des
armes pour se protéger, surtout pour se protéger".
"C’est le moment de vérité que nous attendons depuis des mois. Oubliez
les hommes politiques, pensez aux Syriens", a déclaré un porte-parole,
Khaled al-Saleh.
Outre l’embargo sur les armes, le paquet de sanctions de l’UE vise des
personnalités et des entités du régime, et comprend aussi une série de
mesures commerciales et financières.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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