mardi 28 mai 2013

Syrie : combat acharnés à Qusseir, réunions à Paris, Bruxelles et Téhéran

L’armée syrienne et le Hezbollah livraient lundi des combats acharnés pour s’emparer de la ville stratégique de Qousseir alors que les efforts diplomatiques s’intensifient en vue de la tenue, en juin à Genève, d’une conférence internationale pour mettre fin au conflit en Syrie.

Près de Qusseir, une journaliste de 26 ans, originaire de Homs, Yara Abbas, travaillant pour la chaîne syrienne d’information en continu Al-Ikhbariya a été tuée près de l’aéroport de Dabaa, situé à 6 km au nord de la ville, a indiqué la chaîne.

Dans une atmosphère de violences incessantes depuis plus de deux ans, les chefs de la diplomatie américaine et russe, initiateurs du projet de conférence de paix, vont s’entretenir à Paris, tandis qu’à Bruxelles, les ministres européens doivent discuter d’une éventuelle levée de l’embargo d’armes en faveur des rebelles.
Tandis que la situation devient de plus en plus chaotique sur le terrain, Navi Pillay, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, a averti lundi à l’ouverture de la 23e session du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, qu’un "cauchemar" se dessine en Syrie.

Une "catastrophe humanitaire, politique et sociale frappe déjà et ce qui nous attend est véritablement un cauchemar", a-t-elle déclaré.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), les combats se poursuivaient lundi à Qusseir, une ville stratégique située dans l’ouest de la Syrie, près de la frontière nord du Liban.

Dimanche, une source proche du Hezbollah avait fait état de 110 morts ces derniers mois, dont une très grande majorité à Qusseir. Un corps expéditionnaire du mouvement de 1700 hommes combat dans la région de Qusseir, selon cette source.

A Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne sont réunis lundi pour tenter de trouver un consensus sur la fourniture d’armes aux rebelles syriens, un dossier sur lesquels les 27 sont profondément divisés.

L’objectif est de s’entendre sur le renouvellement du paquet des sanctions prises depuis deux ans par l’UE contre le régime syrien, dans lequel figure l’embargo sur les armes, qui expire le 31 mai à minuit.

L’opposition syrienne, réunie à Istanbul, a une nouvelle fois prié l’UE de lever son embargo. "La population syrienne continue à demander des armes pour se protéger. Je prie pour que les ministres qui se réunissent à Bruxelles le comprennent", a déclaré à l’AFP un porte-parole de la Coalition, Khaled al-Saleh.

Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a exprimé pour sa part l’espoir de faire avancer le projet de conférence, baptisée Genève-2, lors d’une rencontre qu’il aura lundi soir à Paris avec ses homologues américain et russe, John Kerry et Sergueï Lavrov dont le pays est le principal allié du régime de Damas.
"Il semble que du côté du régime de Bashar al-Assad certains noms ont été avancés" pour représenter Damas à la table des négociations, a déclaré dimanche M. Fabius à des journalistes, indiquant attendre que l’opposition "puisse faire de même".

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a annoncé la "décision de principe" de la Syrie "de participer à la conférence internationale.

Mais à Istanbul, la Coalition nationale de l’opposition syrienne a connu un sérieux revers dans ses efforts d’unification des opposants au régime de Damas avec le fiasco tôt lundi d’un vote sur son élargissement à de nouveaux membres, qui laisse planer le doute sur sa participation à Genève-2.

L’Iran a indiqué qu’il accueillerait mercredi une "conférence internationale" visant à trouver une "solution politique" au conflit en Syrie.

En Iran, "plus de 40 pays sont attendus, ainsi qu’un représentant de l’ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan", a précisé le vice-ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian.

M. Annan est l’ancien médiateur de l’ONU et de la Ligue arabe dans le conflit qui a fait selon l’OSDH plus de 94.000 morts depuis mars 2011.

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Les Européens "pas d’accord" sur l’embargo sur les armes
Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne tentaient toujours lundi en fin d’après-midi de trouver un consensus sur la fourniture d’armes aux rebelles syriens, un dossier sur lesquels les 27 sont profondément divisés depuis plusieurs mois.
"Il n’y a pas d’accord", a indiqué le Français Laurent Fabius, en quittant la réunion à Bruxelles pour retourner à Paris, où il devait recevoir en soirée ses homologues américain et russe, John Kerry et Serguei Lavrov.
Les Européens doivent se mettre d’accord avant vendredi minuit, date à laquelle expire l’ensemble des sanctions prises depuis deux ans par l’UE contre le régime syrien, dans lequel figure l’embargo sur les armes.
Le Royaume-Uni est le principal pays à réclamer la possibilité de livrer des armes aux rebelles syriens, une mesure destinée à "envoyer un message clair à (Bashar al) Assad", le président syrien, selon le ministre britannique William Hague.
A l’opposé, plusieurs pays, dont l’Autriche ou la République Tchèque, défendent un maintien de l’embargo, mettant en avant le risque que les armes européennes tombent aux mains des jihadistes combattant le régime.
L’Europe "est une communauté de paix", a déclaré le ministre autrichien Michael Spindelegger, pour qui envoyer des armes "serait contraire à nos principes".
D’autres pays, dont l’Espagne et l’Italie, plaident pour un compromis soumettant une levée de l’embargo à certaines conditions, liées au contrôle des armes et à un délai afin de ne pas compromettre la réunion de "Genève 2" qui doit se tenir en juin à l’initiative des Etats-Unis et de la Russie pour tenter de trouver une solution politique au conflit.
M. Fabius a indiqué que la France était prête à soutenir un tel compromis car "il est très important que l’Europe prenne une position unie dans cette affaire".
Mais, a précisé une source diplomatique, "il est difficile de se mettre d’accord sur les conditions" liées à l’assouplissement de l’embargo.
Si aucun accord n’était trouvé lundi, le débat pourrait se poursuivre dans les capitales avant qu’une décision finale ne soit prise au niveau de l’UE, probablement vendredi.
Présent à Bruxelles pour traiter d’un autre dossier, le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a appelé l’UE à "lever l’embargo contre le peuple syrien". "Si nous n’arrivons pas à le faire via le Conseil de sécurité de l’ONU, au moins devons nous soutenir le droit à l’autodéfense" des Syriens, a-t-il ajouté.
La Coalition nationale de l’opposition syrienne a également exhorté l’UE à lever son embargo car "la population syrienne continue à demander des armes pour se protéger, surtout pour se protéger".
"C’est le moment de vérité que nous attendons depuis des mois. Oubliez les hommes politiques, pensez aux Syriens", a déclaré un porte-parole, Khaled al-Saleh.
Outre l’embargo sur les armes, le paquet de sanctions de l’UE vise des personnalités et des entités du régime, et comprend aussi une série de mesures commerciales et financières.

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