mardi 21 mai 2013

Egypte : renforts dans le Sinaï après des enlèvements et des attaques

Les autorités égyptiennes ont envoyé lundi des renforts policiers au Sinaï, après l’enlèvement de sept membres des forces de sécurité et de nouvelles attaques contre les forces de l’ordre dans cette région en proie à une instabilité croissante.
Au Caire, la présidence a indiqué "ne pas avoir négocié avec les criminels" ayant kidnappé trois policiers et quatre soldats jeudi, en affirmant que "toutes les options sont envisageables" pour obtenir leur libération.
D’après un responsable de la sécurité, 80 unités des Forces de la sécurité centrale (FSC, la police anti-émeutes) et 26 véhicules blindés se sont déployés dans le Nord-Sinaï.
Lundi à l’aube, des hommes non identifiés ont tiré "à l’arme lourde pendant 25 minutes" sur un camp des FSC à Al-Ahrach, dans le Nord-Sinaï, sans faire de victime, a rapporté l’agence officielle Mena, citant un haut responsable des services de sécurité.
"Les forces en charge de la sécurité du camp sont parvenues à repousser l’assaut et à obliger les hommes armés à fuir", a-t-elle ajouté, en précisant que les assaillants étaient activement recherchés.
Plus tard dans la journée, des inconnus ont ouvert le feu sur un poste-frontière avec Israël réservé aux marchandises, Al-Ouga, à proximité d’un autre camp de la police égyptienne, a indiqué l’agence, en citant encore les services de sécurité. Aucune victime n’a là non plus été signalée.
Ces incidents interviennent après l’enlèvement jeudi dans le Sinaï de sept soldats et policiers, qui dans une vidéo depuis retirée du site de partage YouTube ont indiqué que leurs ravisseurs exigeaient la libération de "militants politiques" bédouins détenus.
Cette affaire met sous pression le président islamiste Mohamed Morsi, confronté à la nécessité de rétablir l’ordre dans cette région sensible, frontalière d’Israël et de la bande de Gaza, où l’autorité de l’État apparaît une nouvelle fois bafouée.
M. Morsi a rejeté dimanche toute négociation mais le responsable de la sécurité a indiqué que "les services concernés continuent de préférer le principe de la négociation avec les ravisseurs pour libérer les conscrits enlevés".
"Les forces de sécurité n’ont reçu jusqu’ici aucun ordre concernant le lancement d’une opération pour libérer les sept conscrits", a-t-il ajouté.
La présidence a indiqué lundi qu’elle "étudiait l’affaire avec grande minutie pour trouver les moyens les plus adéquats de résoudre" la crise.
"La présidence n’a négocié avec aucun des criminels. Il y a beaucoup d’alternatives sur la table, le but est de libérer les kidnappés et de protéger leurs vies", a affirmé lors d’une conférence de presse Omar Amer, le porte-parole de la présidence.
"Toutes les options sont envisageables", a-t-il ajouté, en précisant que "l’Egypte veille à ce qu’aucune goutte de sang ne soit versée".
M. Amer a enfin qualifié de "honteuse" la vidéo dans laquelle apparaissent les otages les yeux bandés et les mains sur la tête. "Nous y répondrons avec fermeté", a-t-il affirmé.
Des policiers dans plusieurs commissariats du Sinaï ont par ailleurs décidé d’arrêter le travail pour protester contre l’enlèvement de leurs collègues et "par solidarité" avec les membres des forces de sécurité en colère, qui ont fermé les terminaux de Rafah, à la frontière avec l’enclave palestinienne de Gaza, et celui d’Al-Ouga, à la frontière avec Israël, selon la Mena.
La sécurité dans le Sinaï s’est fortement dégradée depuis le soulèvement qui a chassé du pouvoir le président Hosni Moubarak début 2011, avec une multiplication d’enlèvements et d’attaques.
Plusieurs postes de police ont été la cible d’assauts menés par des hommes armés.
En août 2012, des hommes armés soupçonnés d’être des jihadistes avaient attaqué un poste-frontière entre l’Egypte et Israël, tuant 16 gardes-frontière égyptiens avant de pénétrer avec un véhicule blindé sur le territoire israélien où ils avaient été neutralisés.
L’armée égyptienne s’était peu après massivement déployée dans le Sinaï pour tenter d’y restaurer l’ordre.

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