Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a annoncé lundi un
changement imminent de sa politique sécuritaire, au moment même où le
pays était secoué par une nouvelle vague d’attaques qui a fait 72 morts
depuis dimanche soir.
"Nous sommes sur le point de remplacer certaines personnes chargées de
la sécurité, à haut niveau et à un niveau intermédiaire, et de changer
de stratégie sécuritaire", a martelé Maliki lors d’une conférence de
presse organisée dans un ancien palais de Saddam Hussein.
Maliki a annoncé que des "décisions" seraient prises en ce sens mardi lors du conseil des ministres.
Fustigé par la minorité sunnite, qui lui reproche de la stigmatiser, et
par certains partenaires de sa coalition, Nouri al-Maliki a souhaité
donner l’image d’un gouvernement uni.
Flanqué de pointures de son gouvernement, dont les ministres de la
Défense et de la Justice mais aussi de deux vice-Premiers ministres,
Maliki a assuré "au peuple irakien que (les insurgés) ne seront pas
en mesure de nous replonger dans le conflit confessionnel" des sombres
années 2006-2007.
A l’époque, le nombre de victimes des violences dépassait le millier
chaque mois. L’envoi de troupes américaines supplémentaires conjugué à
la formation des Sahwa (Le réveil, en arabe), une milice sunnite
anti-Al-Qaïda, avait permis un déclin notable des attaques à partir de
2007.
Mais, ces dernières semaines, le pays connaît une flambée de violence doublée d’une profonde crise politique.
Depuis le début de l’année, les violences ont fait chaque mois plus de
200 morts, avec un pic à plus de 460 en avril, selon un décompte de
l’AFP.
Depuis dimanche soir, 72 personnes ont péri dans des attaques.
Lundi, des attentats, commis pour la plupart à l’aide de voitures
piégées, ont secoué des quartiers majoritairement chiites de Bagdad.
L’attaque la plus sanglante dans la capitale a fait 12 morts sur un
marché. Onze autres personnes ont trouvé la mort dans d’autres
attentats.
A Bassora, la grande ville portuaire à majorité chiite du sud du pays,
deux attentats à la voiture piégée ont fait 13 morts et 48 blessés,
selon le chef des services médicaux municipaux, Riyad Abdelamir.
Près de Samarra, à une centaine de kilomètres au nord de la capitale, un
attentat à la voiture piégée visant des pèlerins chiites iraniens a
fait 8 victimes. Et, dans la même zone, trois miliciens des Sahwa ont
été tués dans deux incidents.
A Mossoul (nord), le propriétaire d’un magasin a été tué dans son échoppe, dimanche soir.
A Al-Anbar, à l’ouest du pays, des heurts ont éclaté entre les forces de
sécurité et des hommes armés dans la nuit de dimanche à lundi.
Un commando a tenté de libérer des policiers enlevés samedi sur
l’autoroute qui relie l’Irak à la Jordanie, a indiqué le
lieutenant-colonel de police Majid al-Jlaybawi à l’AFP. Mais au cours
de l’opération, douze otages ont été tués et quatre autres blessés,
selon lui.
Lors de deux autres incidents survenus tard dans la soirée de dimanche,
des inconnus ont attaqué deux commissariats à Haditha, à environ 210 km
au nord-ouest de Bagdad. Douze policiers ont péri dans ces attaques,
selon un officier de police et une source médicale.
Outre la situation sécuritaire qui s’y est fortement dégradée, la
province d’Al-Anbar s’est érigée en haut lieu de la contestation
anti-gouvernementale.
Les protestataires sunnites exigent la démission de Maliki, réclamant
aussi que les autorités mettent fin à la stigmatisation dont ils
s’estiment victimes, au travers notamment de l’utilisation de l’arsenal
législatif anti-terroriste à leur encontre.
Le gouvernement a fait quelques concessions, en libérant des prisonniers
et en augmentant les salaires des Sahwa, mais le coeur du problème n’a
pas été réglé pour autant et les manifestations se poursuivent.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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