Le gouvernement israélien a affirmé dimanche dans un rapport qu’un
reportage de France 2 sur la mort d’un enfant palestinien dans les bras
de son père en 2000 était "infondé", affirmant s’appuyer sur des images
non montées du reportage. Ce document, qui réitère des positions de
dirigeants politiques et militaires israéliens, est publié à quelques
jours d’une décision de justice à Paris sur une affaire de diffamation
entre l’auteur du reportage datant du 30 septembre 2000, le journaliste
Charles Enderlin, contre Philippe Karsenty, directeur d’un site
d’analyse des médias.
Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a lui-même salué la conclusion
du rapport d’une quarantaine de pages qu’il avait commandité en
septembre. "La version répandue par le reportage a servi d’inspiration
et de justification au terrorisme, à l’antisémitisme et à la
délégitimation d’Israël", a-t-il estimé. "Il n’y a qu’une seule façon de
contrer les mensonges, c’est par la vérité", a insisté Benyamin
Netanyahou, cité dans un communiqué accompagnant la publication du
rapport.
"Les accusations et affirmations centrales du reportage de France 2 sont
infondées dans le matériau que la chaîne de télévision avait en sa
possession au moment du reportage", assure ce rapport. "Contrairement à
l’affirmation du reportage selon lequel l’enfant a été tué, le
visionnage par la commission (gouvernementale) des images non montées
montre que dans les scènes finales, qui n’ont pas été diffusées par
France 2, on voit l’enfant vivant", selon le texte. La chaîne a refusé
de fournir les images non montées du reportage aux autorités
israéliennes, a indiqué l’auteur du rapport, Yossi Kuperwasser,
directeur général du ministère des Relations internationales, sans
préciser comment la commission israélienne s’était néanmoins procuré les
images sur lesquelles elle fonde ses conclusions.
Le reportage montrait un Palestinien de 12 ans, Mohammad al-Doura,
protégé par son père Jamal alors que tous deux sont pris sous les tirs
croisés entre l’armée israélienne et des combattants palestiniens, au
tout début de la deuxième Intifada (2000-2005). Selon le rapport
israélien, il n’y a pas de "preuve que Jamal ou l’enfant aient été
blessés de la manière présentée par le reportage (...). Au contraire, il
y a de nombreuses indications selon lesquelles aucun des deux n’a été
touché." Selon le document, l’examen balistique des impacts de balles à
proximité du père et de l’enfant "montre qu’il est extrêmement douteux
que les balles puissent avoir été tirées depuis la position israélienne
comme l’implique le reportage de France 2".
"Nous avons toujours dit, y compris à la Cour suprême israélienne, que
nous étions prêts à une enquête publique indépendante selon les
standards internationaux", a répondu Charles Enderlin. "Nous n’avons
jamais été contactés pour une enquête israélienne quelconque.
Kuperwasser n’a jamais contacté France 2. S’il l’avait fait, nous
aurions demandé de quelle enquête il s’agissait et s’il était question
d’une commission indépendante", a-t-il souligné. "Nous avions aussi
annoncé que nous étions prêts à aider Jamal, le père de l’enfant, pour
un test ADN du corps de son fils si nécessaire", a ajouté le
journaliste.
À Gaza, le père de Mohammad, Jamal al-Doura, a quant à lui déclaré que
le rapport était "fabriqué de toutes pièces". "Les Israéliens mentent et
tentent de couvrir la vérité", a-t-il ajouté, précisant qu’il avait
réclamé une commission d’enquête internationale avec la participation de
sa famille et des autorités israéliennes. Les images de l’agonie de
Mohammad al-Doura dans les bras de son père à un carrefour près de la
ville de Gaza avaient fait le tour du monde et constituent un épisode
marquant de la guerre médiatique entre Israël et les Palestiniens. En
France, la cour d’appel de Paris doit se prononcer le 22 mai sur la
plainte en diffamation déposée par Charles Enderlin contre Philippe
Karsenty, qui avait affirmé que le reportage était truqué.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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