Abolir la détention « administrative »
Le prisonnier Ayman Sharwaneh a décidé de reprendre sa grève de la faim,
qu’il avait arrêté pendant quelques semaines, en attendant que le
tribunal sioniste revoie son dossier. Or, il ne l’a pas fait. Ayman
Sharawneh a mené une grève de la faim de presque 6 mois réclamant la fin
de sa détention.
Le prisonnier maqdisi Samer Issawi a été emmené d’urgence dans un
hôpital « israélien » suite à la détérioration de son état. Il mène une
grève de la faim depuis 180 jours.
Dans une lettre adressée à une association solidaire avec les
prisonniers, les prisonniers Tareq Qaadane et Jaafar Izzidine, alors à
leur 55ème jour de grève de la faim, annoncent qu’ils refusent
dorénavant tous les médicaments et toutes les visites médicales malgré
la détérioration de leur état de santé. Ils réclament la libération
immédiate de tous les grévistes de la faim et des détenus
« administratifs ». Ils écrivent : « nous menons une grève sans
précédent dans l’histoire du mouvement des prisonniers. Notre grève sert
à colmater les brèches qui ont traversé ce mouvement, essayant de
préserver sa pureté et les nobles buts nationaux qu’il a accomplis tout
au long des années passées. Dès le début de notre grève, nous avons
voulu redonner à la grève sa dignité et son audience. Nous avons décidé
de refuser tous les médicaments et tout contact avec les médecins.. Nous
étonnant du silence assourdissant envers notre cause, nous nous
demandons si nous sommes devenus une charge pour notre peuple dont il
faut se débarrasser ? Des centaines de prisonniers souffrent de maladies
les unes plus graves que les autres, sans compter le froid qui ronge
nos corps, et l’humidité qui gèle notre sang. Nous allons poursuivre
notre chemin… jusqu’à obtenir notre liberté (17 janvier). Le conseil
dirigeant du mouvement du Jihad islamique dans les prisons sionistes a
rendu responsable les autorités pénitentiaires et le gouvernement
sioniste de la vie des cadres du mouvement, en grève de la faim, Tareq
Qaadane, Jaafar Izzidine et Youssef Shaabane. Il a appelé à la
solidarité avec les résistants en lutte et a promis « qu’il ne les
laisserait pas seuls dans le champ de bataille ». L’épouse de Jaafar
Izzidine poursuit la grève de la faim (29 jours), en solidarité avec les
prisonniers en lutte.
Le prionnier Nazih Abu Aoun (50 ans), de Jbaa près de Jénine, a décrit
la détention administrative comme étant « une lente exécution à mort du
prisonnier et de sa famille », puisque le prisonnier ignore de quoi il
est accusé et quand sa détention s’achèvera. Dans une lettre envoyée à
un centre de solidarité avec les prisonniers, Abu Aoun a précisé que le
but de la détention administrative est de briser la volonté des
prisonniers. Le prisonnier Nazih Abu Aoun est en détention
administrative depuis juillet 2011. Il avait été fait prisonnier entre
1993 et 1997, puis entre 1998 et 2004, puis entre 2007 et 2010 (soit au
total 14 ans d’incarcération).
La détention « administrative » a été renouvelée à l’encontre du
prisonnier Ghanem Tawfic Sawalmeh (46 ans) de Nablus, le 18 janvier
dernier, quelques heures seulement avant la fin de son incarcération.
Les services de renseignements sionistes ont prétendu que sa libération
constituait une menace sur la sécurité de la région. Le prisonnier avait
rangé toutes ses affaires et salué tous ses camarades de cellules,
attendant sa libération. Ghanem Sawalmeh avait été détenu pendant plus
de 8 ans, la majeure partie en détention « administrative ». Il avait
été refoulé vers Gaza en 2004, puis revenu en Cisjordanie, il a été
maintes fois arrêté depuis. Sa dernière arrestation date du 21 juillet
2011, et sans aucune charge contre lui, les autorités de l’occupation
prononcent la détention « administrative », renouvelée 3 fois.
La campagne pour l’abolition de la « détention administrative » doit
s’élargir. La pression internationale, le boycott des institutions
sionistes, la campagne médiatique pour la libération des prisonniers,
doivent s’intensifier. Ne laissez pas les prisonniers mourir !
Participez à la bataille pour leur libération !
Martyr du prisonnier libéré Ashraf Abou Dhrey
Lundi 21 janvier, le prisonnier libéré Ashraf Abou Dhrey (Al-Khalil) est
décédé des suites de plusieurs maladies graves qui rongeaient son corps
depuis sa détention. La négligence médicale de l’occupation envers les
prisonniers et les mauvaises conditions de détention entraînent la
maladie puis le décès de plusieurs résistants. Abou Dhrey a été détenu
pendant 6 ans et demi , il était à moitié paralysé lors de son
arrestation. Il fut libéré le 15/11/2012 et immédiatement transporté à
l’hôpital d’al-Khalil, étant donné que les autorités carcérales
sionistes avaient refusé, tout au long de sa détention, de le soigner.
Seule
l’occupation est responsable de son martyre, ont affirmé les multiples
associations de solidarité avec les prisonniers palestiniens. La
négligence médicale, politique d’assassinat intentionnelle, menace plus
d’un millier de prisonniers palestiniens. 13 d’entre eux souffrent de
cancer, 90 de maladies cardiaques et de diabète. Des milliers de
Palestiniens ont participé à ses funérailles, alors que les familles des
prisonniers malades craignent de plus en plus pour la vie de leurs
parents détenus.
La saison du froid dans les prisons sionistes
Les associations palestiniennes de solidarité avec les prisonniers ont
rédigé plusieurs rapports sur les conditions inhumaines dans les prisons
sionistes, notamment pendant la période du grand froid qui a envahi la
région. Dans les prisons, c’est l’eau froide et l’interdiction absolue
de la réchauffer pour se laver. Les autorités carcérales ont interdit
l’entrée de vêtements chauds et de couvertures supplémentaires pour les
prisonniers palestiniens. Dans la prison de Hawwara, l’eau est entrée
dans les celllules par les fenêtres, que l’occupant a refusé d’isoler.
Les eaux ont envahi les cellules de la prison militaire de Atzion au sud
de Beit-Lehem, ainsi que la prison de Shatta. De plus, la plupart des
prisons sont humides, alors que celles qui sont situées en plein désert
comme celles du Naqab, de Nafha et de Ramon, sont très froides en hiver,
notamment pendant la nuit.
Enfants prisonniers
L’association « Defence for Children International – section Palestine »
a déposé une plainte auprès du conseiller juridique du gouvernement
sioniste, accusant les forces sécuritaires de l’occupation d’avoir
torturé des enfants dans la prison de Jalame. L’association a déclaré
qu’au mois de septembre 2012, ces forces ont arrêté 5 enfants, avant de
les emmener au centre d’interrogatoire d’al-Jalame, situé dans l’entité
sioniste, ce qui représente une violation de l’article 76 de la 4ème
convention de Genève, qui interdit le transfert des civils de la zone
occupée (Cisjordanie, reconnue par l’ONU comme étant une zone occupée).
Les enfants ont été enfermés dans des cellules étroites, entre 4 et 29
jours, et privés d’avoir des contacts avec l’extérieur. Ils ont été
soumis à des interrogatoires longs, attachés sur des chaises.
L’association signale qu’en 2008, 59 enfants avaient été détenus en
isolement dans le centre d’interrogatoire d’al-Jalame, de Petah Tikva et
de la prison de Hasharon.
Arrêtés il y a presque un an, les 8 enfants du village de Bayt Ummar
sont privés de tous leurs droits humains. Le 7 mars 2012, les forces de
l’occupation lancent une attaque contre leurs maisons et les emmènent
pour interrogatoire. Saed Salibi, Muhan Adi, Sami Abu Jawde ont juste 15
ans. Bilal Awad, Ayesh Awad, Bassel Abu Hashem, Ahmad Issa ont à peine
16 ans. Ils sont détenus dans la prison de Ofer, dans la section 13
réserve aux adolescents. L’enfant Zayn Abu Maria (14 ans) a été condamné
à la « détention à domicile » après que ses parents aient été obligés
de payer 5000 shekels.
Libérés
25 ans après, l’occupation libère le prisonnier Maqdisi Jihad Mustafa
Ubaydi. Né en 1967, il fut arrêté en janvier 1988. Torturé dans le
centre d’interrogatoire al-Moskobiyya, il fut accusé d’appartenir au
FPLP et de participer à la résistance, en poignardant des soldats
israéliens. Il fut condamné à 25 ans de prison, au cours desquels il
connut toutes les prisons de l’occupation et ses centres
d’interrogatoire.
20 ans après, le prisonnier Ahmad Arida (42 ans), du village Arraba près
de Jénine, a été libéré. En janvier 1993, il fut condamné à 20 ans de
prison, pour appartenance au mouvement du Jihad islamique en Palestine.
Ahmad Arida se trouve dans la prison de Shatta avec son frère Mahmoud
(38 ans) détenu depuis 1996 et condamné à la prison à vie. Son second
frère, Raddad (36 ans) est enfermé dans la prison de Meggido, depuis
1999 et a été condamné à 19 ans de prison. A sa sortie de prison, Ahmad
Arida a réclamé une forte mobilisation pour la libération des
prisonniers en lutte et de tous les prisonniers, qui subissent une
répression amplifiée depuis quelques années.
Les prisonniers ont-ils le droit de manifester leur joie ?
Les geôliers de la prison « Eshel » (prison du Naqab) disent non : les
prisonniers palestiniens n’ont pas le droit le faire. C’est pourquoi ils
doivent être punis et réprimés. Suite à la découverte d’un passage
vidéo qui montre des prisonniers en train de féliciter l’un de leurs
camarades, qui vient de se fiancer, ce passage circulant sur les sites
facebook, la direction carcérale de l’occupation a envoyé ses forces
spéciales contre les prisonniers : ceux qui paraissent sur la vidéo ont
été isolés (27 prisonniers), les cellules de la section 10 ont été
fouillées de fond en comble, c’est-à-dire que les affaires privées des
prisonniers ont été dispersées, les prisonniers ont été interdits de
visites familiales et des visites inter-cellules, pendant deux mois. Les
prisonniers ont refusé ces mesures punitives et ont commencé un
mouvement de protestation, refusant les repas, et dans un communiqué,
ils ont donné 48 h à la direction carcérale pour arrêter ses attaques,
avant qu’ils n’envisagent d’autres mesures (20 janvier).
Les unités spéciales formées pour la répression des prisonniers sont
intervenues le 21 janvier contre la section 8 de la prison du Naqab.
Portrait
La dernière arrestation de Mohammad Kanaane (Abu Asaad), Palestinien
originaire du village de ‘Arrabe en Galilée (occupée en 1948) date
d’avril 2012. Il a été condamné à 15 mois de prison ferme. Son crime ?
Ne pas avoir repecté la « détention à domicile » prononcée contre lui un
an plus tôt, parce qu’il avait participé à la journée d’al-Nakba, dans
le Golan occupé et soutenu les réfugiés palestiniens, venant de Syrie,
qui avaient pu y entrer. Mohammad Kanaane a été secrétaire général du
mouvement Abnaa al-Balad, jusqu’au début de 2012, date à laquelle le
mouvement fut recomposé et sa direction collégiale unifiée. Au cours de
l’été 2003, il est arrêté pendant quelques semaines pour avoir organisé
un camp de jeunes, au cours duquel le drapeau palestinien fut hissé.
Quelques mois plus tard, en février 2004, il est arrêté alors qu’il se
trouvait chez lui, ainsi que son frère Hussam Kanaane et un autre membre
du mouvement, Sahar Abdo, au cours d’une opération policière de grande
envergure, notamment à Arrabe : sa maison est fouillée de fond en
comble, ses affaires et celles de son épouse et de ses enfants
confisquées ou dispersées, sa propre mère agressée. A Haïfa, les locaux
du mouvement sont vandalisés. Si Sahar Abdo est libérée un mois plus
tard, Mohammad sera détenu pendant 4 ans, alors que son dossier
« sécuritaire » est vide, et son frère Hussam sera condamné à 9 ans de
prison. En 2010, son propre fils, Asaad, est arrêté, accusé d’avoir pris
à partie un Palestinien de ‘Arrabe, engagé dans l’armée de
l’occupation. Il sera condamné à dix mois de prison.
Abu Asaad fut maintes fois détenu « administratif » (ce qui correspond
dans les territoires occupés en 48 à une « détention à domicile »).
Militant nationaliste infatigable, il participe, lorsqu’il est libre de
ses mouvements, à toutes les manifestations et les actions en faveur des
droits de son peuple. En prison, il a écrit de nombreux poèmes, et
écrit régulièrement des articles diffusé sur internet, à propos de la
situation palestinienne et arabe. Il est détenu dans la prison de
Shatta, mais sa famille est souvent empêchée de lui rendre visite.
Solidarité
A l’initiative du FDLP, un rassemblement de solidarité est organisé à
Salfit, en Cisjordanie, avec les prisonniers grévistes de la faim, et
notamment Samer Issawi. 7 jeunes Palestiniens mènent une grève de la
faim en solidarité avec les prisonniers, dans la tente dressée dans ce
but.
Un mouvement de solidarité avec la lutte des prisonniers palestiniens,
sur internet, a vu le jour. C’est la campagne « Who’s Samer ? » lancée
par des jeunes de Gaza en collaboration avec plusieurs militants
américains. Il s’agit de faire connaître la bataille menée par Samer
Issawi, prisonnier « administratif » d’al-Qods, qui avait été libéré
lors de l’opération d’échange en octobre 2011 contre le soldat sioniste
Shalit.
Les réfugiés palestiniens du camp al-Am’ari (Cisjordanie) se sont
révoltés en soutien aux prisonniers détenus dans la prison d’Eshel,
sauvagement réprimés par les autorités carcérales. Les forces
sécuritaires sont intervenues pour réprimer les manifestants, qui
avaient coupé la route avec des pneus en flamme. Par ailleurs, le
silence de la télévision de l’Autorité sur le mouvement de grève de la
faim mené par les prisonniers et la solidarité avec eux a été dénoncé
par sheikh Khodr Adnane, qui s’est inquiété du degré d’insouciance de
l’Autorité et de ses médias, alors que les prisonniers en grève de la
faim risquent la mort à tout instant.
Cependant, le président de Nadi al-Assir, Kaddoura Farès, ancien
prisonnier libéré suite aux accords d’Oslo, a annoncé la formation d’un
« conseil de défense des prisonniers en grève de la faim » à Ramallah
afin de coordonner toutes les activités de solidarité avec les
prisonniers. Il a également annoncé que le gouvernement égyptien est en
cours de négociations avec l’entité occupante pour la remise en liberté
de tous les prisonniers qui avaient été libérés lors de l’opération
d’échange en octobre 2011.
("Baladi" - janvier 2013)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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