samedi 26 janvier 2013

Irak : deux soldats tués après la répression meurtrière d’une manifestation

La tension est montée d’un cran samedi à Falloujah, dans l’ouest de l’Irak, où deux soldats ont été abattus et trois enlevés, au lendemain de la mort de sept manifestants antigouvernementaux tués par l’armée, dans un contexte politique très tendu.
Les sept morts de vendredi sont les premières victimes à imputer aux forces de sécurité depuis le début, il y a un mois, d’une vague de manifestations de la minorité sunnite, qui proteste contre la politique du gouvernement de Nouri al-Maliki, dominé par les chiites.
Plusieurs attaques, qui n’ont pas encore été revendiquées, ont pris pour cible l’armée samedi dans cette ville à majorité sunnite à l’ouest de Bagdad, faisant deux morts parmi les soldats alors que trois ont été enlevés.
Une attaque a été menée contre un point de contrôle de l’armée à la périphérie est de Falloujah tuant un soldat alors qu’un autre soldat a été tué et un troisième blessé dans le nord de la ville, selon le colonel de police Mahmud Khalaf.
Dans l’ouest de Falloujah, trois soldats en permission ont été enlevés par des hommes armés qui ont fait irruption dans un avant-poste militaire, a-t-il ajouté.
Dans le même temps, une nouvelle manifestation contre Maliki avait lieu dans la ville où plusieurs milliers de personnes ont pris part aux funérailles des sept manifestants tués.
"Ecoute Maliki, nous sommes des gens libres" ou "prends ta leçon de Bashar", scandaient des manifestants qui ont défilé après les funérailles, faisant allusion au président syrien Bashar al-Assad, confronté depuis près de deux ans à une révolte qui s’est militarisé vaste à une violente répression.
"Je ne me satisferai pas des dédommagements du ministère de la Défense", a affirmé Ali Khalaf al-Ani, dont le fils Omar a été tué. "Je veux mon fils vivant. C’est ça que je demande !".
Le ministère de la Défense s’était engagé vendredi à ce que les victimes soient dédommagées et avait annoncé l’ouverture d’une enquête.
Le sept manifestants ont tous été tués par balles, a déclaré le docteur Assem al-Hamdani, de l’hôpital de Falloujah qui a également fait état de 60 blessés.
D’autres manifestations s’étaient déroulées vendredi dans plusieurs autres villes du pays.
Alors que des figures religieuses chiites ont exprimé leur soutien à la contestation, le Premier ministre a accusé les manifestants d’avoir fait "monter les tensions", affirmant que les soldats avaient été "attaqués" en premier.
Maliki avait appelé les forces de sécurité à la retenue et affirmé que les tensions actuelles étaient "exploitées", selon lui par Al-Qaïda et les "groupes terroristes".
Les manifestations ont commencé il y a un mois dans l’ouest et le nord de l’Irak, dans des zones où les sunnites sont majoritaires, quelques jours après l’arrestation le 20 décembre de gardes du corps du ministre (sunnite) des Finances, Rifaa al-Issawi.
Les manifestants réclament la libération de prisonniers détenus d’après eux sans inculpation et exigent l’abrogation de lois antiterroristes utilisées, selon eux, à l’encontre de la communauté sunnite par le gouvernement Maliki.
Ces manifestations ont renforcé l’opposition contre Maliki, accusé d’autoritarisme par ses détracteurs sunnites, mais aussi kurdes et chiites, membres de son gouvernement d’union nationale.

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