La principale coalition de l’opposition égyptienne a rejeté lundi un
appel du président islamiste Mohamed Morsi à un dialogue national pour
tenter de résoudre la crise que vit le pays après des jours de violentes
émeutes. Ce dialogue a été qualifié de "vide de sens" et "de façade".
"Nous ne participerons pas à un dialogue vide de sens", a affirmé lors
d’une conférence de presse Mohamed El Baradei, figure de proue du Front
du salut national (FSN), qui regroupe plusieurs mouvements et partis en
majorité de gauche et libéraux.
"Nous sommes totalement d’accord au sein du Front. Il faut remédier aux
racines du problème que nous vivons, pas aux symptômes. La solution
n’est pas sécuritaire, elle est politique", a-t-il ajouté après une
réunion du FSN, à laquelle participaient aussi l’ancien patron de la
Ligue arabe Amr Moussa et le troisième homme de la présidentielle de
l’an dernier, Hamdeen Sabbahi.
Le Front réclame notamment que le président Morsi assume la
responsabilité des violences de ces derniers jours, qui ont fait 47
morts en tout, et la formation d’un gouvernement d’union nationale,
selon Hamdeen Sabbahi. "Nous aspirons au dialogue, mais il n’y a pas de
garanties pour que celui-ci soit un succès (...) alors que le sang
coule", a dit Hamdeen Sabbahi lors de la même conférence de presse.
L’opposition avait déjà menacé d’appeler à de nouvelles manifestations
et à une présidentielle anticipée si ses conditions n’étaient pas
remplies. Mohamed Morsi avait appelé dans un discours à la nation
dimanche soir les représentants des forces politiques, de l’opposition
comme de partis islamistes le soutenant, à un dialogue à 18 heures,
heure locale (16 heures GMT) au palais présidentiel au Caire. Il a aussi
décrété l’état d’urgence dans trois provinces du canal de Suez
(Port-Saïd, Ismaïliya et Suez) secouées par des violences meurtrières.
***
Un mort place Tahrir au Caire
Une personne a été tuée lundi dans des affrontements entre policiers et
manifestants qui se poursuivaient pour la cinquième journée consécutive
près de la place Tahrir au Caire, a annoncé un responsable de la police.
Un homme a été mortellement atteint à la tête par un tir de chevrotine
alors que les manifestants jetaient des pierres sur les policiers, qui
répliquaient par des gaz lacrymogènes aux abords de la place et sur un
pont y menant.
De petits groupes de manifestants s’étaient heurtés toute la nuit aux
forces de l’ordre aux abords de la place Tahrir. Ces nouvelles violences
surviennent après l’entrée en vigueur de l’état d’urgence lundi dans
trois provinces d’Égypte - Port-Saïd, Suez, Ismaïliya - secouées par des
affrontements meurtriers et des émeutes qui ont fait 46 morts depuis
vendredi.
Les heurts les plus meurtriers ont eu lieu samedi à Port-Saïd où 37
personnes ont péri après la condamnation à la peine capitale de 21
supporteurs du club de football local Al-Masry, pour leur implication
dans des violences ayant fait 74 morts en 2012 après un match contre
l’équipe du Caire, Al-Ahly. Les troubles avaient débuté dès jeudi soir
au Caire, à l’occasion du 2e anniversaire du début du soulèvement ayant
conduit à la chute du régime de Hosni Moubarak.
***
L’armée va pouvoir participer au maintien de l’ordre
Le Sénat égyptien a ratifié lundi le projet de loi autorisant les
autorités à déployer l’armée dans les rues pour participer avec la
police au maintien de l’ordre, a annoncé l’agence officielle Mena, alors
que le pays traverse une nouvelle crise après des émeutes meurtrières.
Cette loi permet à l’armée d’"appuyer les services de police (...) dans
le maintien de l’ordre et la protection des installations vitales de
l’État jusqu’à la fin des élections législatives et chaque fois que le
demandera le Conseil de défense nationale", présidé par le chef de
l’État Mohamed Morsi, selon l’agence.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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