dimanche 27 janvier 2013

Égypte : les violences se poursuivent dans tout le pays

Des coups de feu d’origine indéterminée ont été entendus dimanche pendant les funérailles de personnes tuées la veille lors de heurts dans la ville égyptienne de Port-Saïd (nord-est), ont indiqué des témoins à l’Agence France-Presse. Des milliers de personnes participaient aux funérailles. Les tirs ont provoqué la panique et des dizaines de personnes se sont mises à courir dans les rues. Trente et une personnes ont été tuées samedi à Port-Saïd au cours d’affrontements déclenchés par la condamnation à mort de vingt et un supporteurs de football.
Parallèlement, plusieurs dizaines de manifestants ont continué dimanche à affronter la police au Caire lors d’une quatrième journée consécutive de violences, où l’opposition essaie de défier dans la rue le président islamiste Mohamed Morsi. Aux jets de pierres des manifestants répliquaient les grenades lacrymogènes des forces de l’ordre. La situation paraissait toutefois nettement moins tendue que les jours précédents, qui se sont soldés par au moins 41 morts, dont 32 pour la seule journée de samedi à Port-Saïd, à l’embouchure du canal de Suez, après la condamnation à mort de 21 accusés dans le procès des responsables présumés du drame survenu dans le stade de football de la ville en février 2012.
L’opposition laïque et libérale accuse le président Morsi et les Frères musulmans, dont il est issu, de trahir les idéaux de la révolution de 2011 et de maintenir le pays dans la crise économique. "Jusqu’à présent, aucun des objectifs de la révolution n’a été réalisé", a dit Mohamed Sami, un manifestant sur la place Tahrir du Caire. "Les prix augmentent. Le sang des Égyptiens coule dans la rue à cause du manque de considération et de la corruption et parce que les Frères musulmans dirigent l’Égypte en fonction de leurs propres intérêts." De nombreux Égyptiens sont toutefois excédés par la persistance du chaos politique et des difficultés économiques deux ans après le renversement de Hosni Moubarak. "Ce ne sont pas des révolutionnaires en train de protester", s’indigne Kamal Hassan, un chauffeur de taxi de 30 ans. "Ce sont des voyous en train de détruire le pays."
L’armée a été déployée dans les rues de Port-Saïd et de Suez, où au moins huit personnes sont mortes vendredi dans des affrontements avec les forces de l’ordre. Les Frères musulmans ont remporté toutes les élections organisées depuis 2011 face à une opposition longtemps fragmentée. Celle-ci s’est finalement rassemblée au sein d’un Front de salut national (FSN), sans parvenir toutefois à empêcher en décembre l’adoption d’une Constitution rédigée par une assemblée dominée par les islamistes.
Le Conseil national de défense, présidé par Mohamed Morsi, a condamné samedi les violences et a appelé à un "vaste dialogue national" en présence de personnalités indépendantes pour régler les contentieux et garantir le bon déroulement d’élections législatives "équitables et transparentes". Le FSN s’est félicité de cet appel, mais a souhaité qu’un ordre du jour précis soit établi et que la mise en oeuvre des décisions auxquelles il conduira soit garantie. Le mouvement, qui avait jusqu’ici décliné les offres de dialogue, avait auparavant menacé de boycotter les élections, qui pourraient avoir lieu en avril, et d’appeler à de nouvelles manifestations vendredi. Il réclame notamment la formation d’un gouvernement d’union nationale et la tenue d’un scrutin présidentiel anticipé.

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