mercredi 30 janvier 2013

Azawad : l'armée française bloquée à l'aéroport de Kidal par une tempête de sable

L'armée française restait bloquée par une tempête de sable, mercredi 30 janvier, à l'aéroport de Kidal, dont elle avait pris le contrôle dans la nuit, a annoncé le ministre de la défense,Jean-Yves Le Drian. Kidal est la dernière grande ville du nord du Mali qui reste aux mains de groupes islamistes armés. Les islamistes ont affirmé mercredi dans un communiqué n'avoir tiré "aucun coup de feu" sur les Français, donnant ainsi "les preuves de leur engagement à coopérer avec la France".

Le Mouvement islamique de l'Azawad (MIA), groupe né d'un scission d'Ansar Eddine ("Défenseurs de l'islam, groupe islamiste majoritairement malien) et qui s'est proclamé maître de Kidal il y a quelques jours, a demandé que des soldats maliens et ouest-africains ne pénètrent pas dans la ville et sa région. Il souhaite qu'une "solution politique" soit trouvée préalablement avec Bamako.

APRÈS GAO ET TOMBOUCTOU
Depuis samedi, les soldats français et maliens ont reconquis sans rencontrer de réelle résistance les deux plus grandes villes du Nord, Gao et Tombouctou. La troisième, Kidal, à 1 500 km de Bamako, et sa région, proche de la frontière algérienne, était auparavant le fief d'Ansar Eddine. Elle avait été la première conquise par les rebelles touareg et les groupes islamistes en mars 2012. Les Touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), groupe laïque autonomiste, avaient ensuite été évincés par leurs anciens alliés. Ils contrôlent aujourd'hui de nouveau une part de la ville.
Le 24 janvier, dans un message transmis à l'AFP, le MNLA a assuré rejeter le terrorisme et prôner une "solution pacifique" à la crise. Dans un nouveau communiqué reçu dimanche par l'AFP, il réaffirme "son engagement et sa détermination à se démarquer d'une manière définitive et totale" d'Ansar Eddine, mais aussi de "tous les autres groupes terroristes" du nord du Mali.

"C'EST AUX PAYS AFRICAINS DE PRENDRE LE RELAIS"
De son côté, la France appelle les autorités maliennes à ouvrir "des discussions" avec les élus locaux du nord du Mali, la société civile et les "groupes armés non terroristes reconnaissant l'intégrité du Mali", a déclaré mercredi le ministère des affaires étrangères, qui salue l'adoption par le Parlement malien mardi d'une "feuille de route" politique pour l'après-guerre.
Dans l'avion qui l'emmenait à la conférence des donateurs qui s'est tenue mardi à Addis-Abeba, le ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius, a réaffirmé, dans un entretien au Parisien, que les forces armées françaises partiront "rapidement" du Mali. "Maintenant, c'est aux pays africains de prendre  le relais. Nous avons décidé de mettre les moyens en hommes et en matériel pour réussir cette mission et frapper fort. Mais le dispositif français n'a pas vocation à être maintenu. Nous partirons rapidement."

LES TERRORISTES "TRÈS ATTEINTS"

Interrogé par Le Parisien sur une éventuelle stratégie des djihadistes consistant à se cacher pour mieux contre-attaquer par la suite, M. Fabius répond : "Nous en avons tué beaucoup", précisant que "les terroristes sont désorganisés. Très atteints [...]. Ils savent que nous pouvons écouter leurs moyens de communication, ce qui limite leur capacité de réaction".
La reconquête de Kidal, dernière grande ville du Nord, va marquer un changement de nature des opérations, estime François Heisbourg, spécialiste des questions stratégiques. "On va entrer dans une phase dominée par la stabilisation de la situation pour permettre le déploiement de la force africaine, a-t-il déclaré à Reuters. C'est le moment le plus compliqué parce qu'on change de priorité et d'outil."

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