Des armes abandonnées ayant fait partie de l’arsenal de l’ancien
dirigeant libyen Muammar Kadhafi représentent une menace sérieuse pour
les populations civiles, prévient un rapport publié jeudi par
l’université Harvard.
"Si ces armes ont été abandonnées, leur capacité de nuisance sur les
civils reste intacte", souligne Bonnie Docherty, à la tête d’une équipe
de recherche de la Harvard Law School et son partenaire l’ONG CIVIC qui
s’est rendue en Libye.
Parmi ces armes abandonnées après le conflit de l’an dernier figurent
des balles et des obus de mortier ainsi que des torpilles et des
missiles sol-air, précise le rapport.
Pour Nicolette Boehland, co-auteur du rapport, "la gamme d’armes est
choquante" et cet arsenal crée une "situation explosive" dans un pays où
le gouvernement central est encore faible.
"Des armes sont dispersées en dehors de centaines de bunkers mal
sécurisés. D’autres sont dispersées à travers le pays, parmi les stocks
des milices dans les centres urbains, les musées, les champs et même les
foyers", a-t-elle précisé à l’AFP en Libye.
Le risque d’explosion de stocks d’armes près des zones peuplées, la
curiosité de la population et l’accès aux sites pollués et aux munitions
ou encore la collecte d’armes pour les vendre et les utiliser, sont
autant de menaces pour la population civile.
Le rapport souligne également les dangers auxquels s’exposent les civils
quand certains groupes non entraînés s’emploient à nettoyer des zones
de munitions ou exposent leurs armes comme souvenir de guerre.
Il donne comme exemple une explosion qui s’est produite à Dafniya
(ouest), où une milice conservait des armes dans 22 conteneurs,
propageant une quantité importante de matières dangereuses et mettant en
péril la population.
Steve Joubert de l’ONG JMACT (Joint Mine Action Coordination Team)
souligne de son côté qu’il y a "plus d’armes que de personnes à
Misrata", en référence à la troisième ville de Libye, qui avait connu
des semaines d’un siège implacable en 2011.
Le rapport note que le Service de l’action antimines des Nations unies
(UNMAS) et des organisations internationales ont assumé le gros du
travail, nettoyant des zones polluées et conseillant les populations sur
la gestion des stocks d’armes.
Citant UNMAS, Mme Boehland a fait état d’au moins 208 victimes, dont 54
décès causés par des armes abandonnées. Ce bilan inclut 72 enfants tués
ou blessés.
"Les enfants sont particulièrement attirés par les armes car elles
portent des couleurs vives ou ressemblent à des jouets", relève-t-elle.
Le rapport appelle les autorités récemment élues en Libye à développer
une stratégie nationale pour sécuriser les équipements militaires
abandonnés et les stocks. Il exhorte les organisations internationales,
notamment l’Otan, à aider à cette tâche.
Les bombardements par l’Otan de bunkers de munitions durant le conflit
l’an dernier ont "propagé les armes à travers les champs, créant un
problème encore plus dangereux et difficile", note-t-il.
Le rapport a été publié par la International Human Rights Clinic de la
Harvard Law School en partenariat avec l’ONG CIVIC (Campaign for
Innocent Victims in Conflict) et le Center for American Progress.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire