En Somalie, les forces pro-gouvernementales ont annoncé, lundi 27 août, avoir pris le contrôle du port stratégique de Marka, que contrôlaient depuis 2008 les combattants islamistes Shebaab. "Nous avons pris Marka, nous y sommes entrés aux côtés des forces du gouvernement somalien ce (lundi) matin", a déclaré au téléphone à l'AFP le porte-parole de la force de l'Union africaine en Somalie, le colonel Ali Houmed.
Marka est le troisième port du Sud somalien, après celui de Mogadiscio, la capitale, qui se trouve sous contrôle pro-gouvernemental, et celui de Kismayo, le principal bastion des Shebaab. "Il y a eu quelques combats, mais pas très intenses, la plupart des Shebaab avaient déjà fui", a poursuivi le colonel Houmed.Les Shebzab ont perdu depuis la fin de l'an dernier la plupart de leurs autres fiefs, dont la ville de Baïdoa, prise par les soldats éthiopiens, et en mai la région d'Afgoye, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Mogadiscio. Les combats pour la prise de Kismayo, prochaine cible affichée des forces pro-gouvernementales et poumon économique des insurgés, sont pour leur part attendus depuis des mois. Ces gains territoriaux sont censés aller de pair avec une consolidation politique en Somalie, privée d'Etat centralisé depuis vingt et un ans, grâce à la désignation ou à l'élection ce mois-ci et le mois prochain de nouvelles institutions.
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Un prêcheur islamiste abattu
Un prêcheur islamiste kényan, accusé par l'ONU et les Etats-Unis d'avoir levé des fonds et recruté des combattants pour les Shebaab, a, lui, été abattu lundi dans la ville côtière de Mombasa, dans l'est du Kenya, a-t-on appris auprès de la police et de sa famille. Aboud Rogo Mohammed était soupçonné de liens avec Fazul Abdullah Mohammed, l'ex-chef de la cellule est-africaine d' Al-Qaida, mort l'an dernier. Il était sous le coup de sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU et du Trésor américain.
Cet assassinat, qualifié d'ores et déjà d'exécution extrajudiciaire par des organisations musulmanes, a provoqué de violentes manifestations dans le très touristique port de l'est du Kenya, deuxième ville du pays. Un journaliste de l'AFP a vu le cadavre d'une personne et deux églises pillées. A l'annonce de sa mort, des milliers de manifestants ont bloqué les rues autour d'une mosquée où Aboud Rogo Mohammed prêchait. "C'est le chaos dans la ville maintenant, nos officiers sont sur le terrain pour disperser les manifestants", a affirmé le chef de la police de la région côtière, Aggrey Adoli. Il a promis une enquête sur le meurtre du prêcheur.
Important prêcheur de Mombasa, né selon l'ONU entre 1960 et 1969 sur l'archipel kényan de Lamu, proche de la Somalie, Aboud Rogo Mohammed avait plus précisément été soupçonné d'avoir présenté Fazul aux hommes qui l'avaient aidé à organiser les attentats contre les ambassades américaines de Nairobi et de Dar es-Salaam en 1998. Deux cent vingt-quatre personnes avaient alors été tuées. Il était aussi accusé d'avoir "recruté, en septembre 2011, des individus à Mombasa, au Kenya, pour les envoyer en Somalie afin, apparemment, de mener des actes terroristes", avaient accusé en juillet le Conseil de sécurité et le Trésor américain dans deux communiqués aux termes identiques.
Le Centre kényan de la jeunesse musulmane (MYC), une organisation basée à Mombasa et décrite par l'ONU comme liée aux Shebaab, a très vite réagi sur Twitter,affirmant qu'Aboud Rogo Mohammed resterait "dans nos cœurs". "Nous sommes dans le vrai quand nos responsables deviennent des martyrs," a lancé le chef du MYC, Cheick Ahmad Iman Ali, toujours sur le compte Twitter du Centre.
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