Un tribunal du Bahreïn a condamné jeudi le défenseur des droits de
l’Homme Nabil Rajab à trois ans de prison ferme pour participation à des
manifestations non autorisées, suscitant le "trouble" des pays
occidentaux qui ont rappelé leur attachement à la liberté d’expression.
De confession chiite, "Nabil Rajab a été condamné à trois ans de prison
pour participation à trois manifestations non autorisées", a annoncé son
avocat, Mohamed al-Jishi, sur son compte Twitter.
M. Rajab, qui purge une peine de trois ans de prison pour insulte aux
sunnites, était présent à l’énoncé du verdict mais un représentant du
Centre des droits de l’Homme qu’il préside a été empêché d’assister à
l’audience.
Nabil Rajab avait été aussi condamné le 28 juin à 300 dinars bahreïnis
(800 dollars) d’amende pour insultes aux forces de l’ordre.
Les Etats unis "profondément troublés" par la peine prononcée ont appelé
"le gouvernement de Bahreïn à prendre des mesures pour redonner
confiance aux citoyens à travers le pays et à démarrer un véritable
dialogue avec les partis d’opposition et la société civile", selon la
porte-parole de la diplomatie américaine Victoria Nuland.
A Bruxelles, la chef de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton, s’est
déclarée jeudi "préoccupée" par la peine, espérant qu’elle "sera revue
en appel et que cela s’applique aussi à tous les citoyens du Bahreïn
jugés pour des faits liés à l’exercice de leurs libertés fondamentales".
Le ministère britannique des Affaires étrangères a souligné que "la
liberté d’expression et le droit de manifester pacifiquement sont une
partie fondamentale de toute démocratie moderne" tou en demandant aux
"militants de l’opposition de s’assurer que leurs paroles et leurs actes
ne constituent pas une incitation à la violence".
Rappelant son "attachement au principe de liberté d’expression", la
France a affirmé qu’elle encourageait "le dialogue permettant d’apaiser
durablement les tensions au Bahreïn".
Du côté des ONG, la Fédération internationale des droits de l’Homme
(FIDH) a dénoncé la nouvelle condamnation et réclamé la "libération
inconditionnelle" de M. Rajab.
Amnesty International avait appelé mercredi dernier les autorités
bahreïnies à libérer M. Rajab, qu’elle a qualifié de "prisonnier
d’opinion".
"Comme beaucoup d’autres à Bahreïn, Nabil Rajab est un prisonnier
d’opinion, incarcéré uniquement pour avoir exercé pacifiquement son
droit à la liberté d’expression", avait affirmé l’organisation de
défense des droits de l’Homme.
"Il devrait être libéré immédiatement et toutes les autres accusations
ou condamnations prononcées contre lui devraient être retirées ou
annulées", avait ajouté Amnesty, invitant Bahreïn à agir pour que "tous
les défenseurs des droits de l’Homme soient en mesure d’effectuer leur
travail sans crainte de représailles".
Bahreïn est secoué depuis février 2011 par un mouvement de contestation
du régime, animé par des chiites qui réclament une monarchie
constitutionnelle dans un pays à majorité chiite dirigé par une dynastie
sunnite.
(17 août 2012 - Assawra avec les agences de presse)
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