Les observateurs de l’ONU pliaient bagage jeudi en Syrie après
l’annonce par le Conseil de sécurité de la fin de leur mission face à la
poursuite des combats entre insurgés et forces syriennes qui font par
ailleurs craindre une propagation du conflit au Liban voisin.
Sur le terrain, insurgés et forces armées se livraient bataille pour
le contrôle de la ville stratégique d’Alep (355 km au nord Damas), en
proie à des combats depuis près d’un mois. Les violences, notamment des
bombardements de l’armée sur le quartier emblématique des rebelles de
Salaheddine, ont fait 35 morts, dont 24 civils, dans cette ville, selon
l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
A New York, le Conseil de sécurité a décidé que la mission des
observateurs de l’ONU, déployés en avril pour surveiller un
cessez-le-feu qui ne s’est jamais concrétisé, se terminerait "dimanche à
minuit", selon Edmond Mulet, sous-secrétaire général aux opérations de
maintien de la paix.
Cette décision attendue est intervenue moins de 24 heures après celle
de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) qui, réunie en
Arabie saoudite, a suspendu la Syrie en raison de la poursuite des
violences ayant fait plus de 23.000 morts en 17 mois, selon l’OSDH.
Seul l’Iran chiite, principal allié régional de Damas, s’est opposé à
cette suspension "injuste" au sein de cette organisation
majoritairement sunnite.
La décision a en revanche été saluée par les Etats-Unis qui y ont vu
le signe "de l’isolement croissant du régime de Bashar al-Assad". La
Syrie avait déjà été suspendue en novembre dernier de la Ligue arabe.
Moscou veut un appel international
La Russie a pour sa part demandé que les grandes puissances lancent
avec l’Arabie saoudite et l’Iran un appel au gouvernement syrien et à
l’opposition pour qu’ils mettent fin au conflit.
Pékin a aussi appelé les belligérants "à rapidement établir un
cessez-le-feu pour mettre fin à la violence et à entamer un dialogue
politique".
Le président syrien a dépêché une émissaire à Pékin, Buthaïna
Chaabane, qui a salué l’attitude dans ce conflit de la Chine et de la
Russie, qui ont bloqué jusqu’à présent toute résolution au Conseil de
sécurité condamnant le régime syrien.
A Damas, où des combats se déroulaient dans le quartier Hajar
al-Aswad (sud), le président syrien a nommé trois nouveaux ministres, à
la Santé, l’Industrie et la Justice, a annoncé la télévision officielle.
Ce remaniement intervient un peu plus d’une semaine après la défection
du Premier ministre Riad Hijab.
Après la suspension de la Syrie par l’OCI, la presse syrienne a
accusé cette organisation de servir le "projet de l’Occident et de ses
valets dans la région qui veulent provoquer la chute de l’Etat syrien et
un conflit confessionnel".
Le chef de la diplomatie syrienne Walid Muallem a lui accusé
Washington d’être à la tête de ce "complot", et la Turquie, le Qatar et
l’Arabie saoudite, d’être ses "instruments" en fournissant selon lui des
armes aux insurgés.
Les violences en Syrie suscitent par ailleurs la crainte d’une
contagion au Liban voisin. Dans ce pays à l’équilibre confessionnel
fragile, des dizaines de Syriens ont été enlevés par des hommes armés
chiites réclamant la libération de certains de leurs coreligionnaires
libanais retenus en otages en Syrie.
Cinq monarchies arabes du Golfe, l’Arabie saoudite, le Koweït, les
Emirats arabes unis, le Qatar et Bahreïn, ont appelé leurs
ressortissants à quitter immédiatement le pays du Cèdre, théâtre d’une
guerre civile de 1975 à 1990.
Dans le cadre d’une tournée régionale, le ministre français des
Affaires étrangères, Laurent Fabius, est arrivé jeudi à Beyrouth où il a
refusé de s’engager sur l’armement réclamé par les rebelles. Dans la
crise en Syrie, a-t-il dit, "il y a l’aspect militaire, c’est l’affaire
des Syriens".
Le ministre français s’était auparavant rendu en Jordanie où il a
visité un camp de réfugiés près de la frontière syrienne. "La position
de la France est claire : nous considérons que Bashar al-Assad est le
bourreau de son peuple, qu’il doit partir et que le plus tôt sera le
mieux", a-t-il dit.
Le conflit a poussé à l’exode des centaines de milliers de Syriens et
un raid aérien dévastateur mercredi sur la ville rebelle d’Azaz, près
de la frontière turque, a jeté sur les routes des centaines d’autres,
essentiellement des femmes et des enfants, tentant de gagner, souvent à
pied, la Turquie.
L’organisation Human Rights Watch, qui a dépêché des enquêteurs à
Azaz, a recensé plus de 40 morts. Une centaine de victimes étaient
soignées en Turquie et au moins 15 d’entre elles ont succombé à leurs
blessures, selon une source officielle turque.
L’OSDH a fait état de 99 morts, dont 65 civils, pour jeudi.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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