mercredi 8 août 2012

Syrie : La France confirme une réunion ministérielle à l’ONU le 30 août

La France organisera une réunion ministérielle au Conseil de sécurité de l’ONU le 30 août "essentiellement consacrée à l’examen de la situation humanitaire en Syrie et dans les pays voisins", a confirmé mercredi le ministère des Affaires étrangères.
"Malgré les divisions qui ont prévalu au cours des derniers mois, le Conseil de sécurité ne peut demeurer silencieux face au drame qui se joue en Syrie", a déclaré Vincent Floreani, porte-parole adjoint du ministère, confirmant une information donnée par des diplomates mardi.
Selon des diplomates à l’ONU, la participation de la Russie et de la Chine à une réunion au niveau ministériel n’est pas assurée. Ces deux pays ont opposé trois fois leur veto au Conseil contre des résolutions menaçant de sanctions le régime de Bashar al-Assad.
La réunion sera présidée par Laurent Fabius, qui se déplacera du 15 au 17 août en Jordanie, au Liban et en Turquie, "dans le cadre de notre soutien aux réfugiés syriens qui fuient la répression implacable du régime de Damas", a rappelé M. Floreani.
"En réunissant ses partenaires du Conseil de sécurité, la France entend manifester son soutien au peuple syrien, sa préoccupation croissante pour la stabilité régionale et son attachement à une transition vers un système démocratique et pluraliste", a ajouté le porte-parole.
La France préside le Conseil de sécurité pendant le mois d’août.

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Cambadélis juge Sarkozy "inopportun et inélégant"
Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national du PS aux questions internationales, a jugé mercredi "inopportun et inélégant" le fait que Nicolas Sarkozy se soit exprimé sur le dossier syrien, après un entretien téléphonique avec un responsable de l’opposition à Bashar el-Assad. "C’est inopportun et inélégant", a-t-il dit, interrogé sur l’entretien par téléphone mardi de l’ex-chef de l’État avec le président du Conseil national syrien, Abdel Basset Sayda.
"Inopportun, car la diplomatie française est à l’avant-garde du soutien à la révolution syrienne. Elle a porté au-delà de la diplomatie sarkozyienne ce soutien, avec des moyens de communication offerts à la résistance syrienne" et "plusieurs réunions, qui ont eu lieu, dont une à Paris". "La France a été nette et précise sur la nécessité de voir Bashar el-Assad quitter le pouvoir et cesser les violences contre le peuple syrien", selon lui.
Pour le député de Paris, c’est aussi "inélégant, car, pour le moins, l’ex-président aurait dû se féliciter de l’action de la France. Mais cela démontre, s’il en était nécessaire, que Nicolas Sarkozy voulait rester actif et présent dans sa succession à la tête de l’UMP." Cela affaiblit-il la position française ? "Non, car la diplomatie internationale connaît les méthodes Sarkozy et préfère les effets aux faits. Cela n’est pas dommageable, mais regrettable", a-t-il dit.

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"La France doit parler d’une seule voix"
Marielle de Sarnez, vice-présidente du MoDem, a estimé mercredi que la France devait "parler d’une seule voix" sur le dossier syrien et que l’on "ne doit pas chercher la polémique" sur ce "sujet difficile", après une sortie très commentée de Nicolas Sarkozy sur ce thème. "Ce sont des sujets difficiles sur lesquels il faut que l’on parle d’une seule voix, pour ne pas affaiblir la France, et sur lesquels on ne doit pas chercher à créer la polémique sur le plan national", a-t-elle affirmé, interrogée sur la critique en creux faite par l’ex-chef de l’État à l’encontre de l’action de François Hollande sur ce terrain.
"Il faut faire prévaloir l’esprit de responsabilité et d’unité nationale", a ajouté Mme de Sarnez. Pour elle, "la position de la France doit être la plus forte, la plus rigoureuse, la plus ferme possible. La France a un rôle à jouer, avec l’Europe, avec l’ONU, avec les organisations internationales, avec la Turquie ou encore avec la Ligue arabe". Un entretien par téléphone mardi de M. Sarkozy avec le président du Conseil national syrien, Abdel Basset Sayda, a été rendu public par communiqué conjoint des deux responsables.

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L’armée affirme avoir pris le contrôle d’un bastion rebelle d’Alep
L’armée syrienne a affirmé mercredi avoir pris le contrôle d’un quartier rebelle emblématique à Alep à l’issue d’une offensive terrestre sans précédent mais les combattants anti-gouvernementaux assuraient que les combats se poursuivaient à Salaheddine.
"Nos forces armées ont pris le contrôle total de Salaheddine, infligeant aux groupes terroristes des pertes sévères et faisant un grand nombre de morts et de blessés" dans leurs rangs, a déclaré une source officielle citée par l’agence Sana.
Une source de sécurité à Damas a précisé à l’AFP que l’assaut avait été donné à 04H00 (01H00 GMT) avec des chars et des véhicules blindés. Des combats d’une rare violence ont fait rage pour le contrôle de deux rues principales. "Une fois (ces rues) conquises, tout le système de défense des terroristes s’est effondré, plus vite que nous le pensions", a-t-elle affirmé.
"L’objectif est de prendre le contrôle, toujours dans l’ouest, de Seif al-Dawla puis de s’attaquer aux huit quartiers rebelles de l’est mais cela risque de prendre du temps", a-t-il ajouté.
Le colonel dissident Abdel Jabar Oqeïdi a confirmé qu’il "y avait une attaque barbare et sauvage du quartier". "Mais il est faux de dire que l’armée du régime a pris le contrôle total du quartier".
"Il y a des combats dans plusieurs quartiers d’Alep, mais cela se concentre surtout à Salaheddine car ce quartier revêt une grande valeur symbolique pour nous et l’armée du régime", a ajouté le chef du Conseil militaire pour la région d’Alep.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a confirmé la poursuite des combats, et ajouté que l’armée avait détruit deux écoles servant de base pour les rebelles.
Un militant, qui se trouve sur place, a affirmé voir les chars loyalistes sur la place Salaheddine et rue Khodr, deux positions stratégiques dans le quartier.
L’offensive de l’armée intervient au lendemain de la promesse du président Bashar al-Assad de "purger" le pays des "terroristes", un terme que son régime utilise pour désigner les rebelles.
Selon la source officielle citée par Sana, "des dizaines de terroristes ont été arrêtés, d’autres se sont rendus en déposant leurs armes" et "de grandes quantités d’armes utilisées par les terroristes pour terrifier les habitants et commettre des assassinats contre les forces de l’ordre ont été saisies".
"Il s’agit des combats les plus féroces autour du quartier et dans certaines rues de Salaheddine" depuis le début des affrontements à Alep le 20 juillet, selon l’OSDH.
L’armée a acheminé 20.000 hommes pour mener cette bataille cruciale pour le régime, confronté à une révolte depuis seize mois qui s’est militarisée au fil du temps face à la répression brutale.
Amnesty International a dénoncé la violence des bombardements de ces derniers jours en s’appuyant sur des images satellitaires, qui montrent plus de 600 cratères formés par l’impact d’obus à Alep et dans la petite ville voisine d’Anadan.
Au moins 58 personnes (36 civils, 16 soldats et 6 rebelles) ont été tuées mercredi dans le pays, dont 15 à Alep, selon l’OSDH.
Selon cette ONG basée en Grande-Bretagne, qui travaille avec un réseau de militants et de témoins à travers la Syrie, 225 personnes avaient été tuées mardi sur l’ensemble du territoire, parmi lesquelles 129 civils.
"Le peuple syrien et son gouvernement sont déterminés à purger le pays des terroristes", a promis mardi Bashar al-Assad en recevant un émissaire du Guide suprême iranien l’ayatollah Ali Khamenei.
Saïd Jalili lui a répondu que "l’Iran ne permettra jamais la destruction de l’axe de la résistance dont la Syrie est un pilier essentiel", jugeant que la situation en Syrie était "un conflit opposant l’axe de la résistance dans cette région" à Israël et aux Etat-Unis.
L’Iran, fidèle allié de Damas, organise jeudi une rencontre avec une douzaine de pays ayant "une position réaliste" sur la crise, selon Téhéran.
Le Liban a déjà fait savoir qu’il n’y participerait pas en respect de sa "neutralité" dans le conflit. Pas plus que Kofi Annan, le médiateur démissionnaire de l’ONU et la Ligue arabe.
Concernant ses 48 ressortissants enlevés samedi par l’Armée syrienne libre (ASL) dans la région de Damas, Téhéran a demandé la "coopération" du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon pour obtenir leur libération.
Alors que les ravisseurs accusent ces Iraniens d’être des Gardiens de la révolution, corps d’élite du régime islamique, Téhéran, qui assure de son côté qu’ils sont des pèlerins, a néanmoins précisé qu’un certain nombre d’entre eux étaient des "retraités des Gardiens de la révolution et de l’armée".
Par ailleurs, le Premier ministre syrien Riad Hijab ayant fait défection lundi est arrivé mercredi en Jordanie avec sa famille, selon le ministre jordanien de l’Information Samih Maayatah, alors que l’opposition avait fait état de son arrivée lundi.

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