Le président égyptien Mohamed Morsi a ordonné dimanche la mise à la
retraite du maréchal Hussein Tantawi, tout-puissant ministre de la
Défense qui a conduit la transition après la chute, en février 2011, du
président Hosni Moubarak.
Selon le porte-parole de la présidence, le chef de l’Etat a également
mis à la retraite d’office le général Sami Ena, chef d’état-major des
armées.
Les deux officiers sont nommés conseillers auprès du chef de l’Etat,
qui est issu des Frères musulmans. Ces mesures prennent effet
immédiatement.
Le président Mohamed Morsi a également abrogé un décret
constitutionnel pris par l’armée peu avant son élection qui visait à
rogner ses prérogatives.
"Les décisions que j’ai prises aujourd’hui ne visaient pas certaines
personnes et n’avaient pas non plus pour but de gêner les institutions,
et ce n’était pas non plus mon but de restreindre les libertés", a
déclaré Morsi lors d’un discours prononcé à l’occasion du mois sacré du
ramadan.
"Je n’ai pas voulu envoyer des messages négatifs à propos de qui que
ce soit, mais mon objectif était de servir cette nation et son peuple",
a-t-il ajouté en rendant hommage au travail des forces armées.
Le général Mohamed al Assar, promu dimanche vice-ministre de la
Défense, a expliqué que la décision du chef de l’Etat de mettre le
maréchal Hussein Tantawi à la retraite avait été prise après des
consultations avec l’intéressé et le Conseil suprême des forces armées
(CSFA) qu’il présidait.
Toutes ces mesures devraient pouvoir desserrer l’emprise des
généraux, traditionnellement très puissants en Egypte, sur le chef de
l’Etat, issu des rangs civils pour la première fois depuis six
décennies.
Le pays le plus peuplé du monde arabe, qui a signé un traité de paix
historique avec Israël en 1979, attend une nouvelle Constitution après
des décennies de régime militaire.
"Le maréchal Hussein Tantawi est admis à faire valoir ses droits à
la retraite à compter de ce jour", a déclaré le porte-parole du chef de
l’Etat dans un communiqué. Il est remplacé aux postes de ministre de la
Défense et de président du CSFA par le général Abdellatif Sisi.
Le général Sidki Sohbi succède quant à lui au général Sami Enan à la
tête de l’état-major. Ce dernier, âgé de 64 ans, a longtemps été
considéré comme très proche des Etats-Unis, qui financent en grande
partie l’armée égyptienne.
Quant au maréchal Hussein Tantawi, 76 ans, il est considéré comme un
pilier du régime Moubarak dont il a été le ministre de la Défense
pendant 20 ans avant d’assurer la transition sous la pression de la rue
au lendemain de la "révolution du Nil".
Le président Mohamed Morsi a également nommé un magistrat, Mahmud
Mekky, au poste de vice-président de la République. Ce juge a pour frère
le nouveau ministre de la Justice, Ahmed Mekky, qui avait dénoncé sous
Moubarak les fraudes électorales.
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Morsi crée la surprise en reprenant la main face à l’armée
Le président islamiste égyptien Mohamed Morsi a créé la surprise
dimanche en annulant des dispositions donnant de vastes pouvoirs à
l’armée et en écartant le maréchal Tantawi, ministre de la Défense qui
fut chef d’Etat de fait après la chute de Hosni Moubarak.
Dans une large redistribution des cartes politiques, M. Morsi, élu en
juin, a également nommé un vice-président, le juge Mahmud Mekki,
deuxième personne à occuper ce poste en plus de 30 ans.
"Le président a décidé d’annuler la déclaration constitutionnelle
adoptée le 17 juin" par le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui
dirigeait à l’époque le pays et dans laquelle les militaires
s’arrogeaient notamment le pouvoir législatif, a annoncé le porte-parole
du président, Yasser Ali.
Cette "déclaration", adoptée après la dissolution de l’Assemblée du
peuple dominée par les islamistes et juste avant l’annonce de la
victoire de M. Morsi à la présidentielle, avait provoqué une profonde
crise politique entre l’armée et les islamistes.
Avec le pouvoir législatif, les généraux gardaient un droit de veto
sur toute nouvelle loi ou mesure budgétaire et se réservaient aussi un
droit de regard sur la rédaction de la future Constitution.
Mohamed Morsi récupère le pouvoir législatif et s’octroie également le
droit, si l’actuelle commission constituante ne peut "achever son
travail", d’en former une nouvelle "représentant toutes les composantes
de la société égyptienne".
Pour l’analyste indépendant Issandr al-Amrani, "Morsi a
effectivement, sur le papier, des pouvoirs dictatoriaux". "Reste à
savoir comment il va les utiliser", dit-il sur son blog.
"Vu les circonstances, c’est le bon moment pour effectuer des
changements dans l’institution militaire", estime Mourad Ali, un haut
responsable du Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), la formation
de M. Morsi.
"C’est un président fort, et il exerce son autorité", a-t-il dit à l’AFP.
M. Morsi a également décidé dimanche de mettre à la retraite le
maréchal Hussein Tantaoui, longtemps proche de Hosni Moubarak, et l’a
remplacé au ministère de la Défense par le général Abdel Fattah
al-Sissi, le chef des renseignements militaires.
Le chef d’état-major de l’armée et No2 du CSFA, Sami Anan, a
également été mis à la retraite, et remplacé par le général Sedki Sobhi.
Tantawi et Anan ont toutefois tous deux été nommés conseillers auprès du président Morsi, selon les médias officiels.
Le nouveau vice-président, Mahmud Mekki, est un magistrat qui a joué
un rôle dans la fronde des juges en 2005 contre la fraude électorale
pendant le scrutin présidentiel qui s’était terminé par une victoire
écrasante de M. Moubarak, finalement renversé par une révolte populaire
le 11 février 2011.
Il s’agit seulement du deuxième vice-président égyptien en 30 ans.
M. Moubarak, qui était le vice-président d’Anouar al-Sadate au moment de
l’assassinat de ce dernier en 1981, n’avait jamais pourvu le poste
jusqu’à la révolte de 2011, pendant laquelle il avait nommé son chef des
renseignements Omar Souleimane vice-président.
M. Morsi, formellement investi le 30 juin, est le premier civil à
accéder à la magistrature suprême. Depuis son élection, il a alterné
compromis et bras de fer avec l’armée pour tenter de s’imposer.
L’armée a donné à l’Egypte tous ses présidents depuis le renversement
de la monarchie par les "officiers libres" en 1952. Le mouvement des
Frères musulmans, qu’elle a longtemps réprimé et maintenu dans la
semi-clandestinité, mais avec qui elle a su à l’occasion dialoguer,
reste son seul rival de taille sur la scène politique.
Ce coup de théâtre politique survient alors que sur le plan de la
sécurité l’Egypte fait face à une grave crise dans la péninsule du
Sinaï, où 16 de ses gardes-frontières ont été tués le 5 août près de la
frontière israélienne et de l’enclave palestinienne de Gaza.
L’armée égyptienne est depuis engagée dans une offensive d’envergure
contre les "éléments terroristes" accusés d’avoir mené ou soutenu
l’attaque, dans cette péninsule où l’instabilité s’est considérablement
aggravée depuis la chute de M. Moubarak.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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