mardi 14 août 2012

Tunisie : grève et manifestation à Sidi Bouzid, berceau de la révolution

Des centaines d’opposants au gouvernement dominé par les islamistes ont défilé mardi à Sidi Bouzid, berceau de la révolution de 2011, à l’occasion d’une grève générale dans cette ville du centre de la Tunisie, où la contestation semble gagner du terrain.
La grève était très suivie. Selon un journaliste de l’AFP, seuls les bouchers étaient ouverts pour permettre aux habitants de s’approvisonner pour la nuit du destin qui célèbre durant le jeûne du ramadan la révélation du Coran au prophète Mahomet.
"La grève générale a été suivie à plus de 90%", s’est félicité Ali Kahouli, porte-parole du Front du 17-Décembre, un des organisateurs.
Une manifestation unitaire —regroupant l’opposition, les syndicats et représentants du patronat et de la société civile— a rassemblé des centaines de personnes qui ont défilé vers le palais de justice, avant de se disperser dans le calme en début d’après-midi.
"Le peuple veut la chute du régime", ont scandé les manifestants qui réclamaient la libération d’une quarantaine de personnes arrêtées dans la région depuis la fin juillet lors de protestations contre les difficultés sociales et des coupures d’eau et électricité.
Selon le comité d’avocats chargé de leur défense, dix détenus ont été libérés mardi. Ils avaient été arrêtés en marge de manifestations réprimées à l’aide de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc.
M. Kahouli a lui insisté sur la libération de tous les détenus, et sur l’adoption d’une véritable politique de développement économique régional.
"Nous demandons la libération immédiate de tous les détenus (...) et d’ouvrir le dossier du développement régional et de l’emploi", a-t-il dit.
De son côté, le porte-parole du gouvernement et ministre des Droits de l’Homme, Samir Dilou, a jugé la grève injustifiée malgré des revendications sociales légitimes.
"Je ne pense pas que l’appel à la grève générale soit justifié (...) je pense qu’il ne faut pas que des considérations politiques, des partis politiques entrent en jeu", a-t-il dit à l’antenne de la radio Mosaïque FM.
"On comprend les mouvements de protestation dans certaines régions compte-tenu des conditions de vie difficiles", a-t-il néanmoins ajouté.
Des hauts responsables du parti islamiste Ennahda ont accusé ces derniers jours l’opposition d’instrumentaliser ce mécontentement à des fins politiciennes.
Le gouvernement est confronté à une vague de contestation croissante sur plusieurs fronts, l’opposition et la société civile dénonçant une dérive autoritaire et une tentative d’organiser une islamisation rampante de la société.
Par ailleurs, les tensions sociales sont grandissantes en raison de la pauvreté, du chômage et de coupures d’eau et d’électricité en plein ramadan. Tunis a connu lundi soir la plus grande mobilisation de détracteurs du régime depuis des mois, des milliers de personnes ayant manifesté pour la protection des droits de la femme menacés, selon l’opposition, par les islamistes.
Sidi Bouzid est située dans une région particulièrement pauvre et marginalisée sous le régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali. Or la situation ne s’y est guère améliorée depuis la révolution de 2011.
La ville a une importance symbolique, en tant que berceau de la révolution dont le point de départ avait été la mort le 17 décembre 2010 de Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant qui s’était immolé par le feu pour protester contre la saisie de sa marchandise par la police.
La misère et le chômage étaient au coeur des raisons du soulèvement contre le régime déchu de Ben Ali.

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