(Une affiche sur les bus municipaux de San Francisco.)
Shimon Peres vient d’en faire expérience. Il ne fait pas bon
s’opposer à Benyamin Netanyahou sur le dossier du nucléaire iranien.
Interviewé à la télévision israélienne sur le sujet, le président
israélien a posé une condition à une éventuelle frappe en Iran : qu’elle
se fasse avec le feu vert et l’aide des États-Unis. "Il est clair que
nous ne pouvons pas agir seuls, qu’il nous faut y aller ensemble avec
l’Amérique... Certes, Israël doit compter sur lui-même, mais ce n’est
pas une raison pour abandonner ses amis." Pour mieux enfoncer le clou,
le vieux "briscard de la politique" a ajouté qu’il faisait confiance à
Barack Obama pour empêcher les ayatollahs de se doter de l’arme
atomique.
Des propos qui contredisent la doxa du chef du gouvernement israélien
et de son ministre de la Défense selon lesquels Israël doit se préparer
à agir seul, si nécessaire. Sans oublier qu’entre le Premier ministre
israélien et le chef de la Maison-Blanche, le courant ne passe pas
vraiment. Le cabinet de Netanyahou n’a donc pas attendu pour riposter,
avec comme accusation numéro un, le fait que Peres avait outrepassé ses
prérogatives de chef de l’État.
La "longue liste des bévues" de Peres en matière de sécurité a
également été raillée. "Les accords d’Oslo qui, en place et lieu d’un
nouveau Moyen-Orient, ont provoqué la mort d’un millier d’Israéliens
dans des attaques terroristes perpétrées à partir des territoires donnés
aux Palestiniens", et l’idée que le désengagement de la bande de Gaza
apporterait la paix. "En réalité, il nous a apporté des missiles."
Enfin, dernière faute, selon l’entourage de Netanyahou, et la plus
fondamentale : s’être opposé en 1981 à la destruction totale par Israël
du réacteur irakien d’Osirak.
Face à ce "dézinguage" en règle, le premier personnage de l’État
s’est abstenu jusqu’ici de toute réaction. En forme de consolation ou
pour apporter de l’eau au moulin des pro-Netanyahou, certains ajouteront
que Shimon Peres aurait pu prendre position beaucoup plus tôt. Quitte à
se faire qualifier de traître. Comme les 400 intellectuels de premier
plan qui, il y a quelques jours, ont signé une pétition intitulée :
"Vous pouvez dire non !" C’est un appel destiné aux pilotes qui
pourraient recevoir l’ordre d’aller bombarder les sites iraniens.
"Dire non, ce n’est certainement pas chose facile. Cela implique un
vrai dilemme aussi bien professionnel que moral. Pourtant, il est de
votre devoir d’envisager cette éventualité. Car, en prononçant ce petit
mot non, vous rendriez un service vital à l’État d’Israël et à tous ses
habitants. Ce service serait infiniment plus important qu’une obéissance
aveugle à un tel ordre." Selon les auteurs de la pétition, en
bombardant les centrales iraniennes, Israël pourrait provoquer la
dispersion de matériaux radioactifs au sein de la population. Dans ce
cas, Israël, en tant que pays, mais aussi les porteurs de bombes (en
l’occurrence les pilotes) pourraient se voir accuser de crimes de
guerre.
À droite, on crie au scandale et on exige que les auteurs du texte
soient traduits en justice pour incitation au refus d’obéissance. Et le
grand public dans tout cela ? Au-delà d’une évidente nervosité conjuguée
à une inquiétude grandissante, il ne manifeste ni pour ni contre. On ne
peut donc s’appuyer que sur les sondages. Le dernier en date publié par
l’Institut pour la démocratie montre que 61 % des Israéliens sont
opposés à une frappe israélienne en Iran sans l’accord de Washington.
Pour 57 %, les dernières déclarations de Netanyahou et de Barak appelant
à une attaque préventive ne seraient qu’une simple tactique visant à
faire pression sur l’administration américaine afin qu’elle durcisse les
sanctions sur Téhéran.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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