dimanche 19 août 2012

Israël : Un appel de 400 intellectuels pour dire "non" au bombardement de l’Iran

(Une affiche sur les bus municipaux de San Francisco.)


Shimon Peres vient d’en faire expérience. Il ne fait pas bon s’opposer à Benyamin Netanyahou sur le dossier du nucléaire iranien. Interviewé à la télévision israélienne sur le sujet, le président israélien a posé une condition à une éventuelle frappe en Iran : qu’elle se fasse avec le feu vert et l’aide des États-Unis. "Il est clair que nous ne pouvons pas agir seuls, qu’il nous faut y aller ensemble avec l’Amérique... Certes, Israël doit compter sur lui-même, mais ce n’est pas une raison pour abandonner ses amis." Pour mieux enfoncer le clou, le vieux "briscard de la politique" a ajouté qu’il faisait confiance à Barack Obama pour empêcher les ayatollahs de se doter de l’arme atomique.
Des propos qui contredisent la doxa du chef du gouvernement israélien et de son ministre de la Défense selon lesquels Israël doit se préparer à agir seul, si nécessaire. Sans oublier qu’entre le Premier ministre israélien et le chef de la Maison-Blanche, le courant ne passe pas vraiment. Le cabinet de Netanyahou n’a donc pas attendu pour riposter, avec comme accusation numéro un, le fait que Peres avait outrepassé ses prérogatives de chef de l’État.
La "longue liste des bévues" de Peres en matière de sécurité a également été raillée. "Les accords d’Oslo qui, en place et lieu d’un nouveau Moyen-Orient, ont provoqué la mort d’un millier d’Israéliens dans des attaques terroristes perpétrées à partir des territoires donnés aux Palestiniens", et l’idée que le désengagement de la bande de Gaza apporterait la paix. "En réalité, il nous a apporté des missiles." Enfin, dernière faute, selon l’entourage de Netanyahou, et la plus fondamentale : s’être opposé en 1981 à la destruction totale par Israël du réacteur irakien d’Osirak.
Face à ce "dézinguage" en règle, le premier personnage de l’État s’est abstenu jusqu’ici de toute réaction. En forme de consolation ou pour apporter de l’eau au moulin des pro-Netanyahou, certains ajouteront que Shimon Peres aurait pu prendre position beaucoup plus tôt. Quitte à se faire qualifier de traître. Comme les 400 intellectuels de premier plan qui, il y a quelques jours, ont signé une pétition intitulée : "Vous pouvez dire non !" C’est un appel destiné aux pilotes qui pourraient recevoir l’ordre d’aller bombarder les sites iraniens.
"Dire non, ce n’est certainement pas chose facile. Cela implique un vrai dilemme aussi bien professionnel que moral. Pourtant, il est de votre devoir d’envisager cette éventualité. Car, en prononçant ce petit mot non, vous rendriez un service vital à l’État d’Israël et à tous ses habitants. Ce service serait infiniment plus important qu’une obéissance aveugle à un tel ordre." Selon les auteurs de la pétition, en bombardant les centrales iraniennes, Israël pourrait provoquer la dispersion de matériaux radioactifs au sein de la population. Dans ce cas, Israël, en tant que pays, mais aussi les porteurs de bombes (en l’occurrence les pilotes) pourraient se voir accuser de crimes de guerre.
À droite, on crie au scandale et on exige que les auteurs du texte soient traduits en justice pour incitation au refus d’obéissance. Et le grand public dans tout cela ? Au-delà d’une évidente nervosité conjuguée à une inquiétude grandissante, il ne manifeste ni pour ni contre. On ne peut donc s’appuyer que sur les sondages. Le dernier en date publié par l’Institut pour la démocratie montre que 61 % des Israéliens sont opposés à une frappe israélienne en Iran sans l’accord de Washington. Pour 57 %, les dernières déclarations de Netanyahou et de Barak appelant à une attaque préventive ne seraient qu’une simple tactique visant à faire pression sur l’administration américaine afin qu’elle durcisse les sanctions sur Téhéran.

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