jeudi 16 août 2012

Syrie : des rebelles menacent d’avoir recours à al-Qaida

Si l’Occident maintient son refus d’envoyer des armes en Syrie pour combattre les forces du président Bashar el-Assad, des rebelles d’Alep (nord) ont menacé d’avoir recours à al-Qaida pour obtenir de l’aide. "Nous ne voulons pas d’al-Qaida ici, mais si personne ne nous aide, nous ferons alliance avec eux", lance, exaspéré, Abu Ammar, un commandant rebelle de Bab al-Nasr, dans le centre de la grande ville, théâtre de violents combats depuis près d’un mois. "Je vous parie que si ces combattants viennent, ils se livreront à un lavage de cerveau des habitants et que, s’ils entrent à Alep, la ville deviendra leur base en trois mois", fulmine-t-il.
L’opposition appelle régulièrement la communauté internationale, paralysée par ses divisions, à agir pour empêcher Bashar al-Assad de poursuivre sa répression contre la révolte qui s’est peu à peu transformée en opposition armée. Elle réclame une "zone d’exclusion aérienne" similaire à celle instaurée pendant la révolte en Libye en 2011, ou la livraison d’armes aux rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL, composée de déserteurs et de combattants civils), mal équipée face à la puissance de feu des troupes régulières.
Le régime "possède des armes chimiques qu’il peut utiliser. Il a des chars, des avions, des mortiers, des roquettes et nous n’avons rien", maugrée Abu Ammar. "Nous sommes vraiment mécontents. Le peuple syrien a encore de l’affection pour les pays européens, mais, si cela continue, il les haïra", lâche l’officier rebelle. Selon des experts, plus le conflit traînera en longueur, plus il risque de se radicaliser.
Ces derniers mois, des rapports ont fait état de l’arrivée en Syrie de nombreux djihadistes par la Turquie, mais combattants et experts ont affirmé qu’al-Qaida n’était pas présente en tant que force organisée. En juillet à Alep, un journaliste de l’AFP a rencontré des combattants étrangers qui affirmaient venir d’Algérie, de Tchétchénie, de France et de Suède. Un autre journaliste de l’AFP a rencontré des combattants arabes, dont des Saoudiens, à un poste-frontière entre la Turquie et la Syrie. Un avocat turc poursuivi dans son pays pour des liens supposés avec al-Qaida, Osman Karahan, a été tué dans des combats à Alep.
Des experts ont noté que si al-Qaida n’était pas présente en tant qu’organisation sur le terrain, certains groupes commençaient à utiliser ses méthodes, à l’image du double attentat-suicide à la voiture piégée qui a fait 55 morts en mai à Damas.
Washington, qui a longtemps accusé la Syrie de fermer les yeux sur les djihadistes qui passaient par son territoire pour aller se battre en Irak, a officiellement refusé de fournir des armes aux rebelles de peur qu’elles ne tombent aux mains d’al-Qaida.
En févier, le chef d’al-Qaida, Ayman al-Zawahiri, a ouvertement appuyé la révolte syrienne, mais les rebelles ont qualifié son appel d’"ingérence". Depuis le début de la révolte en mars 2011, Bashar el-Assad affirme combattre un complot ourdi par l’étranger et une insurrection islamiste de "groupes terroristes armés". L’opposition syrienne fustige ce discours et insiste sur le fait qu’elle réclame la liberté et la démocratie, alors que les groupes comme al-Qaida recherchent l’établissement d’un État islamique.
Mais les rebelles sont divisés sur le sujet, et certains semblent désormais prêts à un pacte avec les groupes les plus radicaux pour abattre Bashar el-Assad. "Le principal objectif est d’arrêter l’effusion de sang à Alep. Si ni l’Occident ni les Arabes ne nous aident, nous demanderons à al-Qaida d’arrêter ce bain de sang", déclare Baraa al-Halabi, un militant d’Alep, tout en assurant que ce type d’alliance ne peut être que provisoire. "À la fin, il reviendra aux habitants d’Alep de décider de leur avenir. Et le peuple qui s’est levé et a combattu un dictateur tel que Bashar el-Assad pourra ensuite aussi combattre al-Qaida", estime-t-il.

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