La bataille d’Alep, la deuxième ville de Syrie, a été déclenchée
mercredi matin avec le lancement de l’offensive terrestre de l’armée qui
a pénétré avec des chars et des véhicules blindés dans le quartier
rebelle de Salaheddine, théâtre des plus féroces combats depuis le 20
juillet.
Cette offensive intervient au lendemain de la promesse du président
Bashar al-Assad de "purger" les pays des "terroristes", un terme que son
régime utilise pour désigner les rebelles.
"L’offensive a réellement commencé", a affirmé à l’AFP une source de
sécurité à Damas. "L’armée avance pour couper Salaheddine en deux. La
reprise du quartier va prendre peu de temps, même s’il restera quelques
poches de résistance", a-t-elle prédit.
Selon un commandant rebelle dans cette ville qui constitue le poumon
économique du pays, "les forces du régime ont avancé du côté de la rue
al-Malaab avec des chars et des blindés et des combats féroces se
déroulent actuellement dans cette zone".
Les soldats loyalistes poursuivent leur tentative de reprise du
quartier et les rebelles ont du mal à lancer des contre-offensives à
cause des tireurs embusqués, selon ce commandant rebelle.
"Il s’agit des combats les plus féroces autour du quartier et dans
certaines rues de Salaheddine", depuis le début des affrontements entre
rebelles et forces gouvernementales à Alep le 20 juillet, selon
l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
L’armée a acheminé 20.000 hommes pour mener une bataille cruciale
pour le régime du président Assad, confronté à une révolte depuis seize
mois et qui s’est militarisée au fil du temps face à la répression
brutale.
Les affrontements de ces derniers jours à Alep ont suscité la
réprobation d’Amnesty International. L’ONG de défense des droits de
l’Homme a dénoncé la violence des bombardements en s’appuyant sur des
images satellitaires montrant l’utilisation d’armes lourdes sur des
zones résidentielles.
Selon Amnesty, les images satellitaires montrent à Alep et dans la
petite ville voisine d’Anadan plus de 600 cratères formés par l’impact
d’obus d’artillerie et démontrant la violence des combats dans cette
ville du nord-ouest du pays.
Mercredi, au moins 16 personnes sont mortes à Alep, dont une femme et
deux enfants tués par une roquette tombée sur leur maison, a indiqué
l’OSDH qui fait état de 22 morts sur l’ensemble du pays.
Avant de pénétrer dans Salaheddine, l’armé a pilonné les quartiers de
Kartadji, Tariq al-Bab et Chaar, selon l’OSDH, une ONG basée en
Grande-Bretagne, qui travaille avec un réseau de militants et de témoins
à travers la Syrie.
Selon l’OSDH, 225 personnes sont mortes mardi sur l’ensemble du
territoire, parmi lesquelles 129 civils, 50 rebelles et 46 soldats
loyalistes.
"Le peuple syrien et son gouvernement sont déterminés à purger le
pays des terroristes," a promis mardi Bashar al-Assad en recevant un
émissaire du guide suprême iranien l’ayatollah Ali Khamenei.
Saïd Jalili lui a répondu que "l’Iran ne permettra jamais la
destruction de l’axe de la résistance dont la Syrie est un pilier
essentiel", jugeant que "la situation en Syrie n’est pas une crise
interne mais un conflit opposant l’axe de la résistance dans cette
région" à Israël et aux Etat-Unis.
L’Iran, fidèle allié de Damas, organise jeudi une rencontre avec des
pays ayant "une position réaliste" sur la crise, selon Téhéran.
Le Liban, où une dizaine d’obus sont encore tombés dans la nuit de
mardi à mercredi sans faire de victime, a déjà fait savoir qu’il n’y
participerait pas en respect de sa "neutralité" sur le conflit.
Pas plus que Kofi Annan, le médiateur international qui a démissionné
la semaine dernière. "Ni Kofi Annan ni personne de ses services ne se
rendra aux discussions de Téhéran", a déclaré un porte-parole de l’ONU.
L’Iran s’inquiétait toujours par ailleurs du sort de 48 de ses
ressortissants partis en pèlerinage sur un lieu chiite près de Damas et
enlevés samedi par l’Armée syrienne libre (ASL) qui les accuse d’être
des Gardiens de la révolution, corps d’élite du régime islamique.
Téhéran, qui a demandé la "coopération" du secrétaire général de
l’ONU Ban Ki-moon pour obtenir leur libération, a affirmé qu’un certain
nombre de ces personnes sont des "retraités des Gardiens de la
révolution et de l’armée mais aussi d’autres administrations".
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Sarkozy sort de son silence pour réclamer une action en Syrie
Nicolas Sarkozy est sorti de son silence pour demander une action
rapide de la communauté internationale en Syrie, où il voit de "grandes
similitudes" avec la Libye, théâtre d’une intervention militaire dont il
fut le fer de lance.
L’ancien président s’est entretenu mardi par téléphone avec le
président du Conseil national syrien (CNS) et principal chef de
l’opposition, Abdebasset Sieda, ont indiqué les deux responsables dans
un communiqué conjoint diffusé à Paris.
"Ils ont constaté la complète convergence de leurs analyses sur la
gravité de la crise syrienne et sur la nécessité d’une action rapide la
communauté internationale pour éviter des massacres", peut-on y lire.
"Ils sont convenus qu’il y a de grandes similitudes avec la crise
libyenne."
Nicolas Sarkozy, dont c’est la première intervention politique
publique depuis sa défaite à l’élection présidentielle le 6 mai dernier,
avait pris la tête de la coalition qui a entamé en mars 2011 une
intervention militaire jusqu’à la chute du dirigeant libyen Muammar
Kadhafi.
En établissant un parallèle avec la Libye, l’ancien chef de l’Etat
sous-entend qu’une intervention militaire pourrait être appropriée pour
mettre fin aux combats en Syrie.
Le Parisien avait rapporté fin juillet des propos critiques que
Nicolas Sarkozy aurait tenus à l’égard de la politique menée par son
successeur François Hollande.
"On m’a critiqué sur la Libye, mais moi au moins, j’ai agi. Il faut
être plus ferme contre le régime de Damas, beaucoup plus ferme",
aurait-il dit selon le quotidien.
L’entourage de Nicolas Sarkozy a démenti ces propos mais plusieurs ténors de l’opposition les ont repris à leur compte.
Le secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé a ainsi regretté
début août le "silence assourdissant" de la France sur le dossier syrien
et rappelé l’exemple libyen.
"Rappelez-vous de ce qui s’est passé lorsque Benghazi était bombardée
à l’époque par les troupes de Kadhafi, comme la France a été en
initiative avec les Britanniques au Conseil de sécurité de l’Onu. Quel
contraste avec le silence assourdissant de la France sur la tragédie
syrienne", a-t-il dit.
Philippe Juvin, secrétaire national de l’UMP, a estimé mercredi dans
un communiqué que l’attentisme de François Hollande sur le dossier
syrien devenait "criminel".
"Pourquoi François Hollande, qui a même la direction du Conseil de
Sécurité, en fait-il moins que Sarkozy ? Pourquoi ne décide-t-il pas
d’intervenir ? Par peur ? Par amateurisme ? Parce qu’il ne sait pas
décider ? Parce qu’il n’a pas compris l’enjeu moral ?" demande-t-il.
Le philosophe Bernard-Henry Lévy, qui a poussé Nicolas Sarkozy à
intervenir en Libye et estime qu’une opération militaire en Syrie doit
être menée, s’est déclaré "déçu" par François Hollande, qui se
contenterait de "bonnes paroles".
"Bien sûr, je suis déçu par Hollande. J’ai voté pour lui", a-t-il
déclaré la semaine dernière dans Le Parisien. "Mais là, devant ce qui
restera peut-être comme la grande épreuve historique, politique, morale,
du quinquennat, cet attentisme, ce flot de bonnes paroles sans effet,
ce n’est plus possible."
Le nouveau président n’a pas exclu une intervention de nature non précisée mais sous l’égide des Nations unies.
Or, la France, qui a pris le 1er août la présidence tournante du
Conseil de sécurité de l’Onu, se heurte aux vetos de la Russie et de la
Chine.
Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a annoncé qu’il se
rendrait du 15 au 17 août en Jordanie, au Liban et en Turquie "dans le
cadre des efforts de la France pour promouvoir une transition politique
crédible et rapide en Syrie".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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