mercredi 8 août 2012

Syrie : La bataille d’Alep a commencé avec l’entrée de l’armée à Salaheddine

La bataille d’Alep, la deuxième ville de Syrie, a été déclenchée mercredi matin avec le lancement de l’offensive terrestre de l’armée qui a pénétré avec des chars et des véhicules blindés dans le quartier rebelle de Salaheddine, théâtre des plus féroces combats depuis le 20 juillet.
Cette offensive intervient au lendemain de la promesse du président Bashar al-Assad de "purger" les pays des "terroristes", un terme que son régime utilise pour désigner les rebelles.
"L’offensive a réellement commencé", a affirmé à l’AFP une source de sécurité à Damas. "L’armée avance pour couper Salaheddine en deux. La reprise du quartier va prendre peu de temps, même s’il restera quelques poches de résistance", a-t-elle prédit.
Selon un commandant rebelle dans cette ville qui constitue le poumon économique du pays, "les forces du régime ont avancé du côté de la rue al-Malaab avec des chars et des blindés et des combats féroces se déroulent actuellement dans cette zone".
Les soldats loyalistes poursuivent leur tentative de reprise du quartier et les rebelles ont du mal à lancer des contre-offensives à cause des tireurs embusqués, selon ce commandant rebelle.
"Il s’agit des combats les plus féroces autour du quartier et dans certaines rues de Salaheddine", depuis le début des affrontements entre rebelles et forces gouvernementales à Alep le 20 juillet, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
L’armée a acheminé 20.000 hommes pour mener une bataille cruciale pour le régime du président Assad, confronté à une révolte depuis seize mois et qui s’est militarisée au fil du temps face à la répression brutale.
Les affrontements de ces derniers jours à Alep ont suscité la réprobation d’Amnesty International. L’ONG de défense des droits de l’Homme a dénoncé la violence des bombardements en s’appuyant sur des images satellitaires montrant l’utilisation d’armes lourdes sur des zones résidentielles.
Selon Amnesty, les images satellitaires montrent à Alep et dans la petite ville voisine d’Anadan plus de 600 cratères formés par l’impact d’obus d’artillerie et démontrant la violence des combats dans cette ville du nord-ouest du pays.
Mercredi, au moins 16 personnes sont mortes à Alep, dont une femme et deux enfants tués par une roquette tombée sur leur maison, a indiqué l’OSDH qui fait état de 22 morts sur l’ensemble du pays.
Avant de pénétrer dans Salaheddine, l’armé a pilonné les quartiers de Kartadji, Tariq al-Bab et Chaar, selon l’OSDH, une ONG basée en Grande-Bretagne, qui travaille avec un réseau de militants et de témoins à travers la Syrie.
Selon l’OSDH, 225 personnes sont mortes mardi sur l’ensemble du territoire, parmi lesquelles 129 civils, 50 rebelles et 46 soldats loyalistes.
"Le peuple syrien et son gouvernement sont déterminés à purger le pays des terroristes," a promis mardi Bashar al-Assad en recevant un émissaire du guide suprême iranien l’ayatollah Ali Khamenei.
Saïd Jalili lui a répondu que "l’Iran ne permettra jamais la destruction de l’axe de la résistance dont la Syrie est un pilier essentiel", jugeant que "la situation en Syrie n’est pas une crise interne mais un conflit opposant l’axe de la résistance dans cette région" à Israël et aux Etat-Unis.
L’Iran, fidèle allié de Damas, organise jeudi une rencontre avec des pays ayant "une position réaliste" sur la crise, selon Téhéran.
Le Liban, où une dizaine d’obus sont encore tombés dans la nuit de mardi à mercredi sans faire de victime, a déjà fait savoir qu’il n’y participerait pas en respect de sa "neutralité" sur le conflit.
Pas plus que Kofi Annan, le médiateur international qui a démissionné la semaine dernière. "Ni Kofi Annan ni personne de ses services ne se rendra aux discussions de Téhéran", a déclaré un porte-parole de l’ONU.
L’Iran s’inquiétait toujours par ailleurs du sort de 48 de ses ressortissants partis en pèlerinage sur un lieu chiite près de Damas et enlevés samedi par l’Armée syrienne libre (ASL) qui les accuse d’être des Gardiens de la révolution, corps d’élite du régime islamique.
Téhéran, qui a demandé la "coopération" du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon pour obtenir leur libération, a affirmé qu’un certain nombre de ces personnes sont des "retraités des Gardiens de la révolution et de l’armée mais aussi d’autres administrations".

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Sarkozy sort de son silence pour réclamer une action en Syrie
Nicolas Sarkozy est sorti de son silence pour demander une action rapide de la communauté internationale en Syrie, où il voit de "grandes similitudes" avec la Libye, théâtre d’une intervention militaire dont il fut le fer de lance.
L’ancien président s’est entretenu mardi par téléphone avec le président du Conseil national syrien (CNS) et principal chef de l’opposition, Abdebasset Sieda, ont indiqué les deux responsables dans un communiqué conjoint diffusé à Paris.
"Ils ont constaté la complète convergence de leurs analyses sur la gravité de la crise syrienne et sur la nécessité d’une action rapide la communauté internationale pour éviter des massacres", peut-on y lire. "Ils sont convenus qu’il y a de grandes similitudes avec la crise libyenne."
Nicolas Sarkozy, dont c’est la première intervention politique publique depuis sa défaite à l’élection présidentielle le 6 mai dernier, avait pris la tête de la coalition qui a entamé en mars 2011 une intervention militaire jusqu’à la chute du dirigeant libyen Muammar Kadhafi.
En établissant un parallèle avec la Libye, l’ancien chef de l’Etat sous-entend qu’une intervention militaire pourrait être appropriée pour mettre fin aux combats en Syrie.
Le Parisien avait rapporté fin juillet des propos critiques que Nicolas Sarkozy aurait tenus à l’égard de la politique menée par son successeur François Hollande.
"On m’a critiqué sur la Libye, mais moi au moins, j’ai agi. Il faut être plus ferme contre le régime de Damas, beaucoup plus ferme", aurait-il dit selon le quotidien.
L’entourage de Nicolas Sarkozy a démenti ces propos mais plusieurs ténors de l’opposition les ont repris à leur compte.
Le secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé a ainsi regretté début août le "silence assourdissant" de la France sur le dossier syrien et rappelé l’exemple libyen.
"Rappelez-vous de ce qui s’est passé lorsque Benghazi était bombardée à l’époque par les troupes de Kadhafi, comme la France a été en initiative avec les Britanniques au Conseil de sécurité de l’Onu. Quel contraste avec le silence assourdissant de la France sur la tragédie syrienne", a-t-il dit.
Philippe Juvin, secrétaire national de l’UMP, a estimé mercredi dans un communiqué que l’attentisme de François Hollande sur le dossier syrien devenait "criminel".
"Pourquoi François Hollande, qui a même la direction du Conseil de Sécurité, en fait-il moins que Sarkozy ? Pourquoi ne décide-t-il pas d’intervenir ? Par peur ? Par amateurisme ? Parce qu’il ne sait pas décider ? Parce qu’il n’a pas compris l’enjeu moral ?" demande-t-il.
Le philosophe Bernard-Henry Lévy, qui a poussé Nicolas Sarkozy à intervenir en Libye et estime qu’une opération militaire en Syrie doit être menée, s’est déclaré "déçu" par François Hollande, qui se contenterait de "bonnes paroles".
"Bien sûr, je suis déçu par Hollande. J’ai voté pour lui", a-t-il déclaré la semaine dernière dans Le Parisien. "Mais là, devant ce qui restera peut-être comme la grande épreuve historique, politique, morale, du quinquennat, cet attentisme, ce flot de bonnes paroles sans effet, ce n’est plus possible."
Le nouveau président n’a pas exclu une intervention de nature non précisée mais sous l’égide des Nations unies.
Or, la France, qui a pris le 1er août la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’Onu, se heurte aux vetos de la Russie et de la Chine.
Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a annoncé qu’il se rendrait du 15 au 17 août en Jordanie, au Liban et en Turquie "dans le cadre des efforts de la France pour promouvoir une transition politique crédible et rapide en Syrie".

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