Pour certains, Lakhdar Brahimi prend un risque insensé en acceptant
de succéder à Kofi Annan comme médiateur de l’ONU et de la Ligue arabe
en Syrie, mais pour ce diplomate chevronné il n’y a pas de conflit "sans
espoir". À 78 ans, l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères
est sorti une nouvelle fois de sa retraite après avoir été l’émissaire
de l’ONU en Afghanistan à la suite du 11 septembre 2001, puis en Irak
après l’invasion de 2003. Lakhdar Brahimi succède à son ancien patron
aux Nations unies, Kofi Annan, qui a démissionné le 2 août en invoquant
le manque de soutien des grandes puissances à ses efforts pour mettre
fin à 17 mois de violence en Syrie.
"Jamais dans ma carrière je n’ai cru qu’une situation était sans
espoir ou qu’il était impossible de changer la donne, malgré tout ce
qu’on disait autour de moi", a déclaré un jour Lakhdar Brahimi. Mais la
mission réputée impossible qu’il vient d’accepter laisse certains
diplomates à l’ONU sceptiques. "C’est peut-être la seule personne à
avoir le courage et la crédibilité nécessaires dans le monde arabe pour
réussir un tel exploit", estime un diplomate occidental. "Mais même cet
optimiste forcené doit savoir qu’il s’agit d’une situation désespérée."
Né le 1er janvier 1934, marié et père de trois enfants, Lakhdar
Brahimi a étudié le droit et les sciences politiques en Algérie et en
France. Il parle arabe, français et anglais. Après la guerre d’Algérie, à
laquelle il a pris part, Lakhdar Brahimi est devenu l’ambassadeur de
l’Algérie indépendante au Royaume-Uni, en Égypte, au Soudan et auprès de
la Ligue arabe au Caire. Il fait connaître pour la première fois ses
talents de médiateur en 1989, quand il contribue en tant qu’émissaire de
la Ligue arabe à un accord mettant fin à dix-sept ans de guerre civile
au Liban. Après avoir dirigé la diplomatie algérienne de 1991 à 1993, il
devient envoyé spécial de l’ONU dans différents points chauds de la
planète et médiateur dans la résolution de plusieurs conflits. Il dirige
ainsi la mission de l’ONU en Afrique du Sud pendant les élections de
1994 qui ont amené au pouvoir Nelson Mandela, puis est envoyé au Yémen
en pleine guerre civile, avant de représenter les Nations unies en Haïti
jusqu’en 1996.
L’ONU le dépêche ensuite comme émissaire dans une série de pays
africains (Zaïre, Soudan, Burundi, Liberia, Nigeria, Angola, Côte
d’Ivoire), puis en Afghanistan. Après le 11 Septembre, Kofi Annan lui
demande de retourner en Afghanistan, de 2001 à 2004, pour participer à
la reconstruction du pays à la suite du départ des talibans. De là,
Lakhdar Brahimi passe à un autre pays en crise, l’Irak, après l’invasion
menée par les États-Unis pour renverser Saddam Hussein. Il s’est aussi
fait connaître aux Nations unies pour avoir dirigé une enquête sur la
manière de réformer les opérations de maintien de la paix à la suite de
l’échec des Casques bleus à empêcher les massacres au Rwanda, en 1994,
et à Srebrenica (Bosnie), en 1995.
Lakhdar Brahimi fait partie du groupe des "Elders" (anciens), qui
réunit des personnalités de différents pays oeuvrant au règlement des
conflits dans le monde, tout comme Kofi Annan, Jimmy Carter, Desmond
Tutu ou Martti Ahtisaari. "Nous évitons très soigneusement de prétendre
que nous allons régler un problème. Tout ce que nous disons, c’est que,
de temps en temps, dans certaines situations, nous pouvons donner un
coup de pouce", explique Lakhdar Brahimi sur le site internet des
Elders.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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