La campagne électorale pour la présidentielle en Egypte, pour laquelle
l’ancien chef de l’armée Abdel Fatah al-Sissi est donné archi favori,
s’ouvre samedi sur fond de nouveaux attentats et de répression des
islamistes.
Le scrutin prévu les 26 et 27 mai doit doter le plus peuplé des pays
arabes d’un nouveau président, onze mois après l’éviction par l’armée du
premier chef d’Etat du pays élu démocratiquement, l’islamiste Mohamed
Morsi.
Depuis cette destitution, les Frères musulmans de M. Morsi, première
force politique organisée du pays et vainqueurs de toutes les élections
depuis la révolte de 2011, subissent une répression impitoyable.
L’unique rival de M. Sissi, Hamdeen Sabbahi, une vieille figure de la
gauche laïque égyptienne, avait créé la surprise en arrivant troisième à
la présidentielle de 2012, remportée par M. Morsi. Il dit incarner les
idéaux de la révolte de 2011, qui avait vu le départ du président Hosni
Moubarak.
Mais ses chances apparaissent nulles face à M. Sissi, l’homme de loin le
plus populaire d’Egypte, porté aux nues après avoir destitué le 3
juillet M. Morsi.
Alors chef de la toute puissante armée, M. Sissi avait invoqué les
millions d’Egyptiens descendus dans la rue pour réclamer le départ du
président Morsi, accusé d’accaparer le pouvoir au profit des Frères
musulmans et de vouloir islamiser de force la société.
Le maréchal à la retraite est vu comme celui qui saura rétablir la
sécurité dans le pays, théâtre de violences meurtrières quasi
quotidiennes.
Vendredi encore, quatre personnes ont été tuées à travers le pays, dont
un policier et un soldat dans des attentats.
Dans la péninsule du Sinaï (est), un kamikaze a fait exploser sa bombe à
un poste de contrôle de la police et de l’armée à Al-Tour, à une
centaine de kilomètres des stations balnéaires de la Mer Rouge. Un
soldat a été tué et six policiers blessés.
Un attentat a également touché la capitale, où un engin explosif caché
dans un feu de signalisation a tué un policier et en a blessé quatre
autres.
Les forces de l’ordre en Egypte sont la cible d’une vague d’attentats
revendiqués par des groupes jihadistes disant agir en représailles à la
répression qui s’est abattue sur les partisans de M. Morsi.
Depuis juillet, ces attaques ont fait quelque 500 morts parmi les forces
de sécurité, assure le gouvernement intérimaire mis en place le 3
juillet par le général Abdel Fattah al-Sissi.
Et même si les attentats contre les forces de l’ordre ont été
revendiqués par des mouvements jihadistes, le gouvernement considère les
Frères musulmans comme responsables de ces attaques et a décrété la
confrérie "organisation terroriste".
Depuis le coup de force des militaires, soldats et policiers ont tué
plus de 1.400 manifestants pro-Morsi, et plus de 15.000 de ses partisans
ont été emprisonnés, selon des ONG.
De plus, des tribunaux ont récemment prononcé de manière expéditive des
centaines de peines de mort contre des islamistes présumés dans ce que
l’ONU a dénoncé comme des "procès de masse sans précédent dans
l’Histoire récente" du monde.
Avant même le début de la campagne, les partisans de M. Sabbahi ont
commencé, pour tenter de peser face aux médias publics comme privés
soutenant unanimement Abdel Fattah al-Sissi, à sillonner le pays pour
convaincre les gens de voter pour celui qui "réalisera les objectifs de
la révolte : démocratie, liberté, dignité".
Son équipe de campagne affirme avoir été à plusieurs reprises attaquée physiquement par des pro-Sissi.
Outre les islamistes, le pouvoir intérimaire s’en est pris aussi ces
derniers mois à la contestation libérale et laïque inquiète d’un retour
en force des militaires au sommet de l’Etat.
L’interdiction à l’automne de toute manifestation qui ne serait pas
autorisée par le ministère de l’Intérieur, puis l’arrestation et la
condamnation de jeunes leaders laïques de la révolte de 2011, fait
redouter dans les capitales occidentales et au sein des organisations de
défense des droits de l’Homme l’avènement d’un régime plus autoritaire
que celui de Moubarak.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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