samedi 17 mai 2014

Libye : un ex-général conduit une opération contre des islamistes à Benghazi

Des unités de l’aviation libyenne loyales à un général à la retraite ont bombardé vendredi des positions de groupes d’ex-rebelles islamistes à Benghazi (est), selon des témoins qui ont fait état de violents affrontements dans ce fief des islamistes radicaux.
Le chef d’état-major de l’armée libyenne, Abdessalem Jadallah, a toutefois démenti toute implication de l’armée régulière dans ces affrontements. Dans une déclaration à la télévision nationale, M. Jadallah a appelé "l’armée et les révolutionnaires à s’opposer à tout groupe armé qui tente de contrôler Benghazi par la force des armes".
Khalifa Haftar, un ancien commandant de la rébellion ayant renversé le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, a pour sa part évoqué une opération destinée à "purger" Benghazi des "groupes terroristes", selon un porte-parole de la force qu’il conduit et qui se fait appeler "l’armée nationale".
"Ce n’est pas une guerre civile. C’est une opération de l’armée contre les groupes terroristes", a assuré ce porte-parole, Mohamed al-Hijazi, un ancien officier de l’armée régulière.
Le chef du gouvernement intérimaire, Abdallah Al-Theni, a qualifié la force de Haftar, de "groupe hors-la-loi", lors d’une conférence de presse.
M. Al-Theni a accusé ce groupe de "tenter de profiter de la situation (fragile) de sécurité pour faire avorter la révolution du 17 Février" qui avait renversé le régime kadhafiste en 2011.
Il a appelé les ex-rebelles et les habitants de Benghazi à la retenue, affirmant que l’armée libyenne "contrôlait la situation sur le terrain".
Les affrontements ont éclaté vendredi matin à Benghazi, deuxième ville de Libye. Selon un bilan provisoire de sources médicales, les heurts ont fait au moins huit blessés.
La force de Haftar était appuyée par des avions et des hélicoptères de combats qui ont visé des sites occupées par des groupes islamistes se présentant comme des "révolutionnaires" ayant combattu le régime de Kadhafi en 2011.
Selon des témoins, le quartier général de la "Brigade du 17 février", une milice islamiste, a été la cible de raids aériens. La milice a riposté par des tirs de canons anti-aériens, selon la même source.
Le chef d’état-major ainsi qu’une source au sein de la Brigade du 17 février ont confirmé ces bombardements. M. Jadallah a en outre reconnu que des officiers et des unités de l’armée régulière avaient fait défection et rejoint la force du général Haftar.
Des affrontements violents opposaient aussi les deux groupes autour de sites occupés par les milices islamistes dans la région de Sidi Fradj, au sud de Benghazi, selon un correspondant de l’AFP.
Selon des témoins, la force paramilitaire de Haftar a pris le contrôle du QG de la milice islamiste de Rafallah Al-Sahati.
Face à une vague d’assassinats et d’attaques contre l’armée dans l’Est libyen, des tribus et des militaires se sont alliés à la force de Haftar, appuyée également par des rebelles autonomistes.
Originaire de l’Est libyen, Khalifa Haftar a fait défection de l’armée de Kadhafi à la fin des années 1980. Il est rentré en Libye pour participer à la rébellion de 2011, après avoir passé près de 20 ans aux Etats-Unis.
Dans une vidéo publiée sur internet, M. Haftar avait annoncé une "initiative" prévoyant la suspension des autorités de transition. Cette déclaration prêtait à plusieurs interprétations et avait été considérée par certains responsables libyens comme une tentative de coup d’Etat.
Depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011, Benghazi est le théâtre d’attaques et d’assassinats quasi-quotidiens visant l’armée et la police. Ces attaques, qui ne sont pas revendiquées, sont attribuées aux nombreux groupes islamistes radicaux lourdement armés installés dans la région.
En mars, le gouvernement intérimaire a reconnu pour la première fois l’existence de "groupes terroristes", en particulier à Benghazi et à Derna, à 280 km plus à l’est, et déclaré "la guerre au terrorisme".
Aucune mesure concrète n’a été toutefois constatée depuis, et des affrontements éclatent régulièrement à Benghazi entre l’armée et les jihadistes.
Les autorités de transition peinent en effet à contrôler les groupes d’ex-rebelles ayant combattu l’ancien régime.
Réunis en milices armées et dominés par les islamistes, ces ex-rebelles comblent le vide en matière de sécurité laissé par un Etat jusqu’à présent incapable de former une police et une armée professionnelles.

(16-05-2014)

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