Les forces du général dissident Khalifa Haftar qui dit combattre le
"terrorisme" en Libye ont lancé des raids aériens contre une brigade
islamiste à Benghazi, marquant une nouvelle escalade dans ce pays miné
par l’anarchie.
Dans le camp adverse, le groupe radical Ansar Asharia basé dans cette
ville de l’Est, a menacé le général dissident de subir le même sort que
le leader déchu Muammar Kadhafi tué en octobre 2011 après sa capture
par les rebelles, et a mis en garde les Etats-Unis contre toute
intervention en Libye.
Ajoutant à la confusion dans un pays en proie à des luttes d’influence
et où les milices font la loi, le gouvernement sortant d’Abdallah
al-Theni ne semble pas pressé de remettre le pouvoir au Premier ministre
Ahmed Miitig, qui a pourtant reçu l’investiture du Parlement, faisant
craindre le risque d’avoir deux cabinets se disputant la légitimité.
Dans l’ouest de Benghazi, "un avion militaire a mené des raids contre un
camp de la Brigade des martyrs du 17 février, touché par deux
missiles", a annoncé Ahmed al-Jazaoui, porte-parole de plusieurs
brigades d’ex-rebelles qui avaient combattu l’ancien régime.
Ce porte-parole n’a pas fait état de victimes parmi les forces de la
brigade visée, qui ont riposté avec des tirs de canons antiaériens.
Un porte-parole de la force paramilitaire de Haftar, a confirmé l’attaque, sans plus.
La puissante brigade du "17 février", formée par des ex-rebelles
islamistes, est soupçonnée d’avoir des liens étroits avec le groupe
jihadiste d’Ansar Asharia, classé organisation "terroriste" par les
Etats-Unis.
Sur sa page Facebook, la brigade des "martyrs du 17 février" a publié
des photos du "raid des putschistes sur le quartier général de la
brigade)", sans déplorer de victime. Sur ces photos, on peut voir de la
fumée se dégageant près d’un bâtiment et des petits cratères dans un
terrain vague.
Après avoir obtenu le ralliement de plusieurs unités de l’armée, le
général Haftar avait lancé le 16 mai une campagne baptisée "la Dignité"
contre les groupes extrémistes. Il avait le même jour bombardé des
positions de cette même brigade à Benghazi.
Ansar Asharia a lancé mardi une attaque au vitriol contre ce dissident
en le menaçant de finir comme Mouammar Kadhafi, tué après huit mois de
conflit en Libye, et en appelant les Libyens à se dissocier de sa
campagne.
"N’écoutez pas les appels de ceux qui veulent nous diviser", a dit
Mohamed Al-Zehawi, chef d’Ansar Asharia à Benghazi, sur des télévisions
libyennes, accusant le général dissident d’être un "nouveau Kadhafi" et
un "agent des renseignements américains".
"S’il persiste à mener cette sale guerre, il risque de voir s’ouvrir les
portes de l’enfer", a prévenu M. Zehawi, en avertissant les Etats-Unis
de rester à l’écart ou de connaître le même sort qu’en Irak, en
Afghanistan ou en Somalie.
A Tripoli, le nouveau gouvernement investi dimanche par le Parlement
attend toujours d’entrer en fonction. A couteaux tirés avec le
Parlement, le Premier ministre sortant al-Theni n’a pas expliqué les
raisons pour lesquelles il tarde à remettre le pouvoir à son successeur,
faisant planer le doute sur ses intentions.
Dans ce contexte chaotique, plusieurs pays ont multiplié les appels de
vigilance à leurs ressortissants en Libye, alors que les Etats-Unis ont
recommandé à tous leurs ressortissants de quitter "immédiatement" ce
pays.
Les Etats Unis ont décidé de déployer un navire d’assaut amphibie avec
un millier de soldats du corps des Marines à son bord, à proximité des
côtes libyennes pour être prêt à conduire une éventuelle évacuation de
son ambassade à Tripoli.
Washington est encore traumatisé par l’attaque du 11 septembre 2012
contre le consulat américain de Benghazi, qui avait coûté la vie à
quatre Américains, dont l’ambassadeur Christopher Stevens.
Les milices dominées par les islamistes font la loi dans le pays depuis
la chute du régime Kadhafi, les autorités de transition ne parvenant pas
à former une armée et une police disciplinées. L’escalade des violences
risque de plonger le pays dans la guerre civile et de raviver les
rivalités entre les milices qui obéissent à leurs propres intérêts.
(28-05-2014)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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