Le pape François aborde dimanche, dans les Territoires palestiniens et
en Israël, la partie la plus épineuse de son premier voyage en Terre
sainte, dont le moment fort sera une prière oecuménique à Jérusalem pour
l’unité des chrétiens.
Après une étape chaleureuse en Jordanie, où il a plaidé pour une
"solution pacifique" à la guerre en Syrie et fraternisé avec des
réfugiés, le souverain pontife devait s’envoler en début de matinée pour
Bethléem, lieu de naissance de Jésus, en Cisjordanie occupée.
Là, dans une ville pavoisée en son honneur, il rencontrera le président
palestinien Mahmud Abbas avant de présider une grand-messe devant
l’église de la Nativité, sur la place de la Mangeoire, pour 9.603
privilégiés qui ont reçu des invitations. Ce sera son second bain de
foule, après celui du stade d’Amman, dans une voiture découverte.
"Le pape François donnera son opinion sur les Palestiniens. Ils sont sa
principale préoccupation dans ce voyage", veut croire Kevin, un Indien
chrétien marié à une Palestinienne, habitant Bethléem, tenant une
affiche de bienvenue qu’il a confectionnée lui-même.
"Il a une véritable humanité, comme les précédents papes, mais il
l’exprime plus librement. Il a choisi d’être au milieu du peuple",
estime-t-il.
Le souverain pontife ira aussi dialoguer avec des enfants du camp de
réfugiés proche de Dheisheh, puis déjeunera avec des familles
palestiniennes défavorisées.
"La bonne nouvelle pour nous Palestiniens, c’est que le pape vient. Il
arrivera en hélicoptère directement de Jordanie en Palestine, à
Bethléem, et c’est une forme de reconnaissance de la Palestine", s’est
félicité le père Jamal Khader, porte-parole pour la partie palestinienne
de la visite.
Selon le Vatican, François devrait affirmer le droit pour Israël
"d’exister et de jouir de la paix et de la sécurité", mais aussi celui
du peuple palestinien "d’avoir une patrie souveraine et indépendante".
Il devrait également appeler à la reconnaissance du "caractère sacré et
universel" de la ville de Jérusalem ainsi que de son "héritage culturel
et religieux" qui en font un "lieu de pèlerinage pour les fidèles des
trois religions monothéistes", soit 3 milliards de croyants.
Etape suivante, l’aéroport Ben Gourion à Tel-Aviv où il sera
officiellement accueilli en Israël par le président Shimon Peres. "Nous
l’accueillons en homme de paix", a affirmé Peres dans un entretien
publié samedi par le quotidien français Le Figaro.
Les Arabes chrétiens d’Israël — descendants des Palestiniens qui sont
restés sur leur terre après la création de l’Etat hébreu en 1948 — n’ont
pas caché leur déception devant la brièveté du voyage du pape, qui,
contrairement à ses prédécesseurs, ne viendra pas les voir.
Il se rendra ensuite à Jérusalem pour le point culminant — du point de
vue strictement religieux — de son pèlerinage oecuménique. François y
rencontrera le patriarche de Constantinople, Bartholomée, le chef
spirituel de l’Eglise orthodoxe dans le monde, 50 ans après le sommet
historique entre le pape Paul VI et le chef de l’Eglise orthodoxe de
l’époque, Athénagoras.
Le moment fort de cette rencontre sera une prière commune avec les chefs
des Eglises chrétiennes d’Orient dans la basilique du Saint-Sépulcre,
sur le site de la crucifixion et de la résurrection de Jésus, selon la
tradition.
Relancer l’élan oecuménique entre Eglises chrétiennes très divisées et
le dialogue inter-religieux sont parmi les priorités du pontificat de
François.
"Le pape essaiera d’être équilibré", et donc de partager équitablement
ses visites entre les lieux juifs, musulmans et chrétiens, a déclaré le
rabbin Abraham Skorka, qu’il a emmené avec lui, ainsi qu’un professeur
musulman, Omar Abbud, vieux amis de Buenos Aires, et symbole de cette
volonté de dialogue.
Dans un Moyen-Orient troublé, la visite de ce pape rétif au protocole et
qui a refusé une "papamobile" blindée donne aussi des sueurs froides à
la sécurité.
Près de 3.000 membres des forces de sécurité palestiniennes seront
mobilisés à Bethléem, en Cisjordanie, dont environ un tiers appartenant à
la Garde présidentielle.
La police israélienne a mobilisé des milliers d’agents, un dispositif
baptisé "Opération soutane blanche", et pris des mesures d’éloignement à
l’encontre d’une quinzaine d’activistes d’extrême droite soupçonnés de
vouloir "provoquer des troubles" durant le séjour du chef de l’Eglise
catholique.
Ces mesures draconiennes font craindre aux habitants palestiniens de
Jérusalem-Est occupé et annexé que François ne voie de la Vieille ville
que des ruelles désertées de leur population chrétienne.
Le pape conclura son pèlerinage lundi par une série de visites dans les
hauts lieux musulmans, juifs et chrétiens de Jérusalem et des entretiens
avec les dirigeants israéliens.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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