Le pape François entame samedi en Jordanie son premier voyage au
Moyen-Orient, placé sous le signe du dialogue inter-religieux et de
l’oecuménisme afin de rapprocher les Eglises catholique et orthodoxe
toujours divisées.
Le souverain pontife, qui a appelé à "prier pour la paix dans cette
terre qui souffre tant", se rendra en Jordanie, à Bethléem, en
Cisjordanie et à Jérusalem.
"Ce sera un voyage strictement religieux", a dit le pape argentin devant
des milliers de fidèles rassemblés pour son audience hebdomadaire place
Saint-Pierre.
Dans un Moyen-Orient troublé, la visite de ce pape rétif au protocole et
qui n’aura pas de papa-mobile blindée, donne des sueurs froides aux
forces de sécurité. En Jordanie, 500 soldats renforceront la Garde
royale et 3000 agents de la sécurité palestinienne prendront la relève à
Bethléem.
La police israélienne mobilisera 8500 agents pour un dispositif baptisé
"Opération soutane blanche". Elle a par ailleurs engagé des procédures
d’éloignement à l’encontre de 15 activistes juifs d’extrême droite
soupçonnés de vouloir "provoquer des troubles" et accentué la
surveillance des sites sensibles.
Il s’agira d’abord pour François de rencontrer à Jérusalem le patriarche
oecuménique de Constantinople, Bartholomée, le chef spirituel de
l’Eglise orthodoxe dans le monde, 50 ans après le sommet historique
entre le pape Paul VI et le chef de l’Eglise orthodoxe de l’époque,
Athénagoras.
Le moment fort de cette rencontre sera une prière commune dimanche soir
dans l’Eglise du Saint-Sépulcre, le lieu de la crucifixion, de la mise
au tombeau et de la résurrection du Christ selon la tradition.
Relancer l’élan oecuménique et le dialogue inter-religieux sont parmi
les priorités du pontificat de François qui, symbole fort, sera
accompagné dans son voyage d’un rabbin, Abraham Skorka, et d’un
professeur musulman, Omar Abbud, vieux amis de Buenos Aires.
"Le pape essaiera d’être équilibré", a déclaré le rabbin Skorka, et donc
de partager équitablement ses visites entre les lieux juifs, musulmans
et chrétiens.
Mais le voyage sera d’une certaine manière également "politique", a
admis le secrétaire d’Etat du Vatican, Pietro Parolin, alors que la
Syrie est en guerre, que le processus de paix israélo-palestinien est
dans l’impasse et que la région connaît une poussée islamiste.
En Jordanie, François rencontrera le roi Abdallah II, célébrera une
messe et prendra un bain de foule dans un stade d’Amman, avant de se
rendre à Wadi al-Kharrar, plus connu sous le nom biblique de Béthanie,
dans la vallée du Jourdain, le site du baptême de Jésus.
Il y priera en compagnie de réfugiés syriens dans le royaume.
Le pape devrait par ailleurs s’exprimer sur un problème qui inquiète le
Vatican au plus haut point : l’exode des chrétiens d’Orient. Quelque
250 000 chrétiens vivent en Jordanie sur une population de sept
millions.
"En raison de la popularité mondiale dont jouit François, s’il vient en
Terre sainte et dit aux chrétiens ’je suis à vos côtés’, cela aura du
sens pour eux.
Le monde fait attention quand François parle. Ses
déclarations auront une grande résonance", a expliqué le vaticaniste
américain John Allen à l’AFP.
Dimanche, le pape s’envolera en hélicoptère pour se rendre à Bethléem où
il rencontrera le président palestinien Mahmud Abbas avant de présider
une grand-messe, de visiter le camp de réfugiés proche de Dheisheh et
de déjeuner avec des familles palestiniennes défavorisées.
Etape suivante, l’aéroport Ben Gourion à Tel-Aviv où il sera
officiellement accueilli en Israël par le président Shimon Peres. "Nous
l’accueillons en homme de paix", a affirmé Peres dans un entretien
publié samedi par le quotidien français Le Figaro.
Le pape ira à Jérusalem pour voir en privé Bartholomée avant la prière commune au Saint-Sépulcre.
Lundi, dernier jour du pèlerinage, François se rendra sur l’Esplanade
des mosquées et au Mur des lamentations, hauts lieux sacrés de l’islam
et du judaïsme.
Ensuite, au cimetière national d’Israël au Mont Herzl, il déposera une
gerbe sur la tombe du fondateur du sionisme Théodore Herzl, une première
pour un pape, avant de se rendre au mémorial de l’Holocauste de Yad
Vashem et de rencontrer Peres et le Premier ministre Benjamin
Netanyahu.
Il conclura son séjour par une messe au Cénacle, lieu du dernier repas
de Jésus pour les chrétiens et tombeau du roi David pour les juifs. Le
Cénacle est au coeur de tractations complexes entre Israël et le
Vatican, l’usage du lieu étant revendiqué par les chrétiens, tenus pour
"idolâtres" par la frange radicale du judaïsme nationaliste religieux.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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