L’image marquante du voyage du pape restera sa prière muette devant
le béton du "mur" en Cisjordanie, victoire indiscutable des Palestiniens
dans la guerre de "propagande" avec Israël, malgré la volonté de
François de compatir aux souffrances de tous, selon des analystes.
"Une image de la visite du pape est déjà passée dans l’Histoire",
affirmait le quotidien israélien Yediot Aharonot, décrivant la photo de
sa halte impromptue dimanche devant la barrière de séparation à Bethléem
comme "un succès immédiat de relations publiques palestinien".
"Les Palestiniens ont été touchés par l’arrêt du pape François au mur de
l’apartheid sur le chemin de la place de la Mangeoire et il a été
manifestement ému par cette expérience", a remarqué une dirigeante de
l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hanane Achrawi.
En outre, il a "délibérément choisi d’aller directement d’Amman à
Bethléem, reconnaissant ainsi dans les faits l’Etat de Palestine",
a-t-elle souligné dans un communiqué.
Selon un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères,
Yigal Palmor, "évidemment les Palestiniens ont tendu des pièges bien
préparés au pape qui font partie de l’instrumentalisation de cette
visite au service d’une propagande".
Lors de sa rencontre avec des enfants dans le camp de réfugiés
palestiniens de Dheisheh, François a reçu en cadeau une réplique de clé,
symbole de la "Nakba" (catastrophe) qu’a représenté pour les
Palestiniens la création d’Israël en 1948 et une carte fictive de
réfugié délivrée par l’ONU au nom de Jésus.
"En s’inclinant au mémorial des victimes d’attentats au mont Herzl, le
pape a pu comprendre pourquoi cette barrière (de séparation) a été
érigée. Il a eu des mots forts contre le terrorisme", a déclaré Palmor à l’AFP.
A la demande des dirigeants israéliens, mécontents de l’impact des
images du souverain pontife devant la barrière, il a effectué une
nouvelle étape imprévue lundi matin à Jérusalem, à ce mémorial,
accompagné par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, condamnant dans
un mot écrit "le terrorisme, fondamentalement criminel".
Lors d’une rencontre un peu plus tard, Netanyahu l’a remercié de
cette visite, assurant que "la clôture de sécurité a sauvé des milliers
de vies. Depuis sa construction, le terrorisme s’est arrêté".
Sur le chemin de la place de la Mangeoire pour célébrer une messe,
François a fait arrêter sa voiture découverte pour descendre au pied de
la barrière, une "décision personnelle" selon son porte-parole, Federico
Lombardi.
"Un mur est un signe de division, le signe de quelque chose qui ne
fonctionne pas. Nous avons à créer une situation où l’on n’ait plus à
avoir de murs", a plaidé le père Lombardi.
Selon Andrea Tornielli, un vaticaniste italien qui connaît
personnellement Jorge Bergoglio, "il n’a été récupéré ni par les
Israéliens ni par les Palestiniens".
Il s’est montré "proche des souffrances de tous, de toutes les parties",
a indiqué M. Tornelli à l’AFP, relevant "sa capacité à montrer
physiquement sa proximité".
Pour Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Oeuvre d’Orient,
importante ONG d’aide aux Eglises d’Orient, "François a su être
politique en étant religieux, exclusivement religieux".
Mais selon un commentateur du quotidien Haaretz, Israël a offert, "dans
le complexe jeu de poker de la propagande papale, une +quinte flush
royale+ aux Palestiniens".
Il ironise sur "le responsable israélien qui a imaginé le brillant
nouveau protocole exigeant que le pape dépose une gerbe sur la tombe de
Herzl", fondateur du sionisme, un geste inédit. "Faut-il s’étonner que
les Palestiniens aient riposté par un arrêt supplémentaire de leur
cru ?", poursuit-il.
"Les Israéliens emmènent leurs visiteurs à Yad Vashem pour rappeler la
souffrance juive il y a plus d’un demi-siècle, à des milliers de
kilomètres. Désormais, ils visiteront la tombe de Herzl, mort en
Autriche en 1904", explique-t-il.
"Mais les Palestiniens montrent aux leurs le mur, la preuve écrasante,
de 9 mètres de haut, de la souffrance infligée par Israël, ici et
maintenant".
(27-05-2014)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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