Les rebelles syriens ont pour la première fois bombardé un meeting pour
la réélection de leur ennemi Bashar al-Assad dans le sud du pays en
guerre, faisant 21 morts, tandis qu’ils reculaient vendredi face à son
armée dans le Nord.
Jeudi soir, un obus tiré par des rebelles islamistes sur un
rassemblement à Deraa de partisans de Assad, en campagne pour sa
réélection le 3 juin, a tué 21 personnes et blessé 30, selon
l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Onze civils dont un enfant et six miliciens pro-régime figurent parmi
les morts, a précisé l’OSDH. L’obus est tombé sur une tente dressée dans
le quartier de l’aéroport. La ville de Deraa, près de la frontière
jordanienne, est divisée entre rebelles et l’armée.
C’est la première fois qu’un rassemblement électoral est visé et pour
Rami Abdel Rahman, directeur de l’OSDH, cela constitue "un message des
rebelles qu’il n’y a pas de zone sécurisée pour organiser le scrutin".
Le gouverneur de la province de Deraa, Mohamad al-Hanous, a assuré à la
télévision que "le crime des terroristes n’empêcherait pas les Syriens
de voter".
Bien que les pays occidentaux et l’opposition syrienne en exil aient
qualifié de "farce" le scrutin organisé par le régime dans les régions
sous son contrôle, les rebelles, malgré leurs menaces, n’avaient pas
réussi à perturber la campagne électorale.
Le chef d’un courant de l’opposition intérieure, Louay Hussein, a
affirmé que le scrutin "allait diviser le peuple syrien en deux races :
celle qui aura voté et la race terroriste qui n’aura pas participé à
l’élection", faisant allusion à la terminologie du régime pour qui les
rebelles sont des "terroristes".
Après plus de trois ans de conflit qui a fait plus de 160 000 morts,
quelque neuf millions de réfugiés et déplacés et dévasté le pays, la
tenue du scrutin est un revers pour l’opposition et les rebelles, qui
s’étaient juré de renverser Assad, au pouvoir depuis 2000.
Ainsi depuis un an, le vent a tourné. L’initiative revient à l’armée,
appuyée par des supplétifs syriens et surtout par le Hezbollah, dont les
combattants aguerris font la différence.
Les forces du régime ont marqué jeudi un point décisif dans la ville-clé
d’Alep (nord), en brisant le siège imposé par le rebelles à la prison
centrale et en bloquant dans le même temps l’une des principales voies
d’approvisionnement des rebelles.
La porte-parole de l’Office de l’ONU pour les droits de l’homme, Cécile
Pouilly, a souligné "qu’il existait un risque réel concernant
l’intégrité physique des détenus, notamment des 53 prisonniers
politiques", à la prison d’Alep. Selon elle, sur les 2.500 détenus, un
certain nombre ont achevé leur peine et doivent être libérés.
Une source militaire syrienne a annoncé à l’AFP que l’armée avait pris
le contrôle de "plusieurs secteurs autour de la prison", et
"prochainement, Alep sera dans une situation plus confortable", sans
plus de précisions.
La capitale économique du pays s’était, jusqu’en juillet 2012, tenue à
l’écart de la révolte déclenchée un an plus tôt par un mouvement de
contestation pacifique réprimé par le régime. Les rebelles s’étaient
alors emparés d’une partie de la ville, désormais coupée en deux.
Les combats ont provoqué des dégâts terribles dans le centre historique
d’Alep, une des plus vieilles villes au monde, et une situation
humanitaire désastreuse dans la ville comme dans une grande partie du
pays.
Dans un rapport au Conseil de sécurité, le patron de l’ONU Ban Ki-moon
note que les belligérants continuent de restreindre "d’une manière
arbitraire" la livraison de l’aide humanitaire et que "la situation sur
le terrain a empiré".
Il déplore la refus du régime de laisser les convois humanitaires passer
par les frontières de la Syrie avec la Turquie, l’Irak ou la Jordanie,
comme l’exigeait la résolution 2139. Il dénonce en outre que 196 000
personnes soient assiégées par le régime et 45 000 par la rébellion, et
que "l’accès à l’aide humanitaire reste imprévisible et terriblement
insuffisante" pour 3,5 millions de Syriens.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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