jeudi 22 mai 2014

Syrie : un candidat fustige l’accaparement des richesses par une minorité

Hassan al-Nouri, candidat à l’élection présidentielle syrienne du 3 juin, axe sa campagne contre la mauvaise gestion économique du régime et l’accaparement des richesses par une minorité, fléaux qui ont été à l’origine, selon lui, du soulèvement contre Bashar al-Assad.
"Oui, aujourd’hui, c’est une guerre universelle et un complot de l’étranger, mais au début, il ne faut pas l’oublier, les citoyens sont sortis dans la rue pour revendiquer des droits. Il ne faut pas l’oublier", a déclaré M. Nouri lors d’un entretien accordé mardi à l’AFP.
Selon lui, les autorités ont mal géré la crise à ses débuts. "Nous aurions pu éviter beaucoup de choses".
"J’aurais souhaité que le président actuel se rende à Deraa (ville du sud où est née la contestation populaire pacifique en 2011), et qu’il organise des rencontres non pas au palais présidentiel mais à Deraa même", a-t-il ajouté.
"Mais aujourd’hui il faut prendre en considération que c’est un complot mondial (qui se trame contre la Syrie)", a-t-il estimé. Il est l’un des deux candidats sélectionnés avec Maher Hajar pour affronter Bashar al-Assad, dont la réélection ne fait aucun doute.
Il a eu "l’impression", qu’au début 2012, lorsque la révolte pacifique s’est transformée en un conflit armé en raison de la répression menée par le régime, "qu’ils (les ennemis de la Syrie) attendaient l’occasion pour attaquer" le pays.
Le régime actuel, qui n’a jamais reconnu l’ampleur de la contestation populaire, qualifie les rebelles de "terroristes" à la solde de l’étranger voulant semer le chaos dans le pays.
Pour ce docteur en management d’une université américaine, le plus grave, c’est qu’"une centaine de familles accaparent les richesses du pays", explique M. Nouri, accusant le dernier gouvernement syrien d’avant la crise d’avoir mal géré l’économie nationale.
Ces familles ne sont "pas exclusivement des proches de la direction politique, mais l’économie (...) dépendait d’intérêts personnels", a ajouté M. Nouri, qui était ministre d’Etat pour les Affaires de développement administratif entre 2000 et 2002.
Aux premiers mois de la contestation populaire, les manifestants pacifiques dénonçaient la politique économique du régime s’attaquant à des compagnies symboles du régime comme la compagnie Syriatel, détenue majoritairement par le cousin du président Assad.
Avant la crise, "Assad avait réussi dans sa gestion du volet politique, mais (..) je ne suis pas d’accord sur sa gestion économique, administrative et sociale", dit-il.
"Rien ne justifie cette gestion économique peu positive et cette administration bureaucratique, qui se sont reflétées sur la société générant (...) la crise".
M. Nouri a critiqué "le mauvais choix des responsables de l’administration (...) qui n’ont pas compris les besoins des gens", estimant que "cela était à l’origine de la crise actuelle", appelant à la mise en place d’"une économie libre et intelligente" fondée sur les secteurs public et privé.
Le conflit en Syrie a causé la mort de plus de 162.000 personnes, une crise économique de grande ampleur avec une inflation de 173%, le démantèlement des infrastructures et l’arrêt de la production pétrolière.
"Le pays a besoin d’une véritable révolution via une transformation du système économique", a-t-il relevé, soulignant qu’une solution politique seule n’était pas suffisante.
Dans son programme électoral, M. Nouri a dénoncé "la corruption (...) pas moins dangereuse que le terrorisme" promettant de lutter contre ce fléau "effrayant".
Une élection présidentielle est organisée par le régime le 3 juin en Syrie, dénoncée d’ores et déjà comme "une farce" par plusieurs pays occidentaux et l’opposition syrienne en exil.
Il s’agit théoriquement de la première élection présidentielle depuis plus de cinquante ans en Syrie, Assad et son père Hafez, qui a dirigé le pays d’une main de fer de 1970 à 2000, ayant été nommés à l’issue de référendums.
Pour M. Nouri, la prochaine élection présidentielle en Syrie, constitue "un test pour un véritable changement".
"Celui qui remportera l’élection ne pourra plus diriger la Syrie d’une manière absolue. Pour trouver une solution à la crise, il faudra un véritable (système) multipartisme et non de façade".
Selon lui, "les gens ont peur de voter pour une personne autre qu’Assad". "Je suis un véritable candidat, ma candidature est réelle et je peux gagner ou perdre, (...) mais aucun des opposants (traditionnels) n’a eu l’audace de se porter candidat, moi je l’ai eue".

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