A Yarzé, à l’est de Beyrouth, les rues conduisant à la chancellerie étaient envahies d’une foule immense, arborant des portraits de Assad et des drapeaux de la Syrie et du Hezbollah qui combat la rébellion aux côtés de l’armée syrienne.
Tous exprimait l’espoir de voir leur pays s’assagir après trois ans d’une guerre civile qui a fait plus de 162 000 morts, dévasté le pays et créé une gigantesque crise humanitaire.
"On veut que notre président reste pour nous protéger. Avec Dieu et Bashar, nous escomptons que la Syrie surmonte ces épreuves", assure Mayada, une réfugiée d’Alep de 31 ans, tenant ses jumeaux dans les bras.
"J’ai quitté ma ville pour le bien de mes enfants, mais j’y retournerai dès que la situation s’améliorera", ajoute-t-elle.
Dans l’enceinte de l’ambassade, sous un soleil de plomb, des réfugiés chichement vêtus et leurs enfants côtoient ouvriers en jeans ou femmes aisées en tenue de sport chic. Après le vote, certaines ont pris leur temps pour des "selfies" devant une voiture tout-terrain noire.
Une femme voilée, qui ne veut pas donner son nom, exprime sa colère et sa lassitude, d’une voix étranglée par les sanglots. "Nous voulons juste retourner chez nous. J’en ai assez de toute l’humiliation que nous avons subi".
"Ces élections sont une réponse à tous ceux qui ont parié sur la chute de la Syrie. Cela démontre que le peuple syrien est attaché à sa terre, à sa patrie et à sa souveraineté", a déclaré l’ambassadeur de Syrie au Liban, Ali Abdelkarim Ali.
Dans l’enceinte, c’est la mêlée. Chaque électeur doit enregistrer son nom avec sa carte d’identité ou son passeport avant d’entrer dans l’immeuble pour voter.
Le bulletin présente les photos des trois candidats, avec Bashar al-Assad placé entre ses deux adversaires considérés comme des faire-valoir.
Les électeurs doivent cocher l’une des cases, mais comme beaucoup n’ont pas de stylo, ils découpent la photo du candidat de leur choix, la placent dans une enveloppe qu’ils glissent dans l’urne.
A Beyrouth, toutes les entrées de la ville étaient bloquées par la foule, ce qui a empêché en particulier les étudiants devant passer leur bac de français d’atteindre les lieux d’examen.
Les Libanais n’ont pas tous apprécié. "Cela me prend un quart d’heure pour arriver à mon travail, aujourd’hui il m’a fallu deux heures et demi. Nous ne voulons pas un tel chaos dans notre rue", assure Serene, 40 ans, une commerçante.
Sur Twitter, des Libanais laissent éclater leur animosité contre le million de réfugiés syriens qui se trouvent sur leur sol. "S’ils veulent exercer leur droit constitutionnel, qu’ils le fassent chez eux sous l’autorité de celui qu’ils veulent élire", s’insurge un internaute.
A Amman, des centaines de Syriens ont également fait la queue devant leur ambassade située dans le quartier cossu d’Abdoun, dans l’ouest de la capitale, brandissant des drapeaux syriens ou des portraits de Assad.
Face à eux, une trentaine de militants ont scandé des slogans anti-régime aux abords de la représentation et brandi des bannières proclamant "Non à l’élection sanglante" et "Non à la réélection du meurtrier".
La Jordanie a expulsé lundi l’ambassadeur de Syrie, mais l’ambassade reste ouverte et Damas peut nommer un nouvel ambassadeur, a indiqué le gouvernement jordanien, soulignant qu’il n’y avait pas de rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.
Le scrutin à l’étranger a lieu en amont du vote en Syrie, prévu le 3 juin. Trois millions de réfugiés ou d’expatriés se trouvent dans les pays avoisinants, et les Syriens peuvent voter dans 38 ambassades à travers le monde.
En revanche, plusieurs pays occidentaux et arabes qui soutiennent l’opposition ont interdit le vote sur leur territoire.
L’opposition syrienne et ses alliés occidentaux ont qualifié de "farce" ce scrutin, qui se tiendra uniquement dans les zones tenues par le régime et selon une loi excluant de facto toute candidature dissidente.
(28-05-2014)
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