Dans la ville de Homs dévastée, où nombre de Syriens ont tout perdu
dont leur travail, un homme d’affaires a lancé un programme d’aide pour
les déplacés : il offre des outils à des artisans, en échange de quoi
ils forment un apprenti.
Outre les 2200 morts et les destructions considérables en deux ans de
combats et de bombardements, plus de 500 000 habitants de cette ville du
centre du pays, que les derniers rebelles ont quitté il y a une
semaine, ont dû fuir leur foyer.
Abdel-Nasser al-Cheikh Fattouh affirme avoir eu l’idée d’un programme
d’aide pour les déplacés en voyant l’un d’eux cherchant désespérément du
travail.
"J’ai sympathisé avec ce menuisier de Bayada qui avait perdu son
atelier", explique-t-il, en référence à un quartier tenu par les
rebelles puis repris en mars 2012 par l’armée, et aujourd’hui totalement
désert.
"Selon un hadith (recueil des actes du prophète de l’islam, ndlr),
Muhammad -sws- a offert une hache à un homme qui lui demandait de l’aider et
l’a invité à travailler et couper du bois", indique ce quinquagénaire.
Avec deux autres hommes d’affaires de la ville, il a donc offert à 18
artisans vivant avec leur famille dans le centre d’accueil qu’il dirige
dans le quartier d’Inchaat une caisse à outils, en retour de quoi ils
s’engagent à prendre comme apprenti un autre déplacé.
Le centre "Abdel Mohaymen Abbas" accueille 100 familles, soit au total
500 personnes. Installé dans une ancienne école prêtée par la
municipalité, il est financé par ces trois hommes d’affaires, des dons
et récemment par des aides allouées par l’ONU.
"Il s’agit d’une chaîne. Quand l’apprenti connaîtra son métier, il aura
droit à son tour à une caisse à outils à condition d’en former un
autre", explique cet industriel qui n’a plus accès pour des raisons de
sécurité à sa fabrique de bassins en cuivre, située à la lisière de la
ville.
A l’entrée du centre, un grand panneau indique : "Nos ateliers vous
proposent des professionnels bien formés dans différentes spécialités.
Ceux qui souhaitent bénéficier de leurs services doivent appeler le
numéro suivant".
Parmi les métiers proposés figurent menuisier, forgeron, plombier électricien ou encore coiffeur.
Raouaa, une femme de 38 ans, a fui il y a 28 mois Jab al-Jandali, un des
quartiers assiégés pendant deux ans par l’armée. "Je possédais un salon
de coiffure pour dames. J’ai tout perdu. J’ai dû bouger à plusieurs
reprises avant de poser mes affaires dans ce centre".
Vêtue d’une abaya noire et coiffée d’un foulard rose, elle a adhéré au
projet. "J’ai voulu enseigner mon métier aux jeunes filles afin qu’elles
puissent avoir un revenu. On ne sait pas ce que la vie nous réserve",
confie-t-elle en souriant.
Après voir reçu des brosses, des ciseaux, un sèche-cheveux et des
produits capillaires, elle exerce son métier au domicile de ses clientes
avant de rentrer le soir au centre et former 13 femmes entre 18 et 40
ans.
L’une d’elles, Rima Nahhal, 28 ans, est heureuse d’apprendre ce métier.
"Le soir, je suis ma formation et dans la journée je m’entraîne en
coiffant des femmes du centre. Je pourrai exercer ce métier plus tard
pour améliorer mon quotidien", dit cette mère de trois enfants.
Le principe est simple. Une fois reçus les outils ou le nécessaire de
coiffure, ces artisans gagnent leur vie et n’ont plus besoin
d’assistance.
Le plombier Abou Waël, 45 ans, forme deux jeunes qui l’aident désormais
dans son travail. "Les clients m’appellent pour des réparations et grâce
à Dieu, je gagne bien ma vie", assure-t-il.
Professeur d’anglais, Racha, une volontaire qui gère le projet,
encourage les artisans à exercer une activité professionnelle pour leur
réinsertion dans la société. "Ils ont une bonne expérience mais ont
perdu leur travail et sont devenus des déplacés. Le projet leur redonne
de l’espoir et cela se reflète d’une manière positive sur la société",
explique-t-elle.
(17-05-2014)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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