dimanche 18 mai 2014

Libye : un ex-général déterminé à combattre les groupes islamistes

Le chef d’une force paramilitaire en Libye s’est dit samedi déterminé à poursuivre son offensive contre des milices islamistes à Benghazi (est) mais les autorités libyennes ont affirmé que son opération était une tentative de coup d’Etat.
Khalifa Haftar, un général à la retraite ayant pris part à la révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, a lancé vendredi matin une opération contre des groupes qu’il a qualifiés de "terroristes" à Benghazi, fief de nombreuses milices islamistes lourdement armées.
Tripoli considère cette offensive comme "un agissement en dehors de la légitimité de l’Etat et un coup d’Etat", selon le communiqué lu par le président du Congrès général national (CGN, Parlement), Nouri Abou Sahmein.
"Tous ceux qui ont participé à cette tentative de coup d’Etat vont être poursuivis par la justice", a-t-il averti.
M. Haftar, qui se présente comme chef de l’"armée nationale" et qui a bénéficié pour cette opération de la défection d’officiers et d’unités de l’armée ainsi que du soutien d’avions et d’hélicoptères de combat, semble agir de sa propre initiative.
L’armée régulière, qui n’est toujours pas opérationnelle trois ans après la révolte, a démenti toute implication dans les affrontements ayant fait 79 morts et 141 blessés.
"L’opération va continuer jusqu’à purger Benghazi des terroristes", a déclaré Khalifa Haftar à la chaîne de télévision Libya Awalan, qui le soutient.
Plus tard, un porte-parole de la force de Haftar, le colonel Mohamed Hijazi, a demandé dans un communiqué aux habitants des quartiers de Guewercha (ouest) et de Sidi Fradj (sud) de partir, sans pour autant dire si une nouvelle attaque était envisagée dans ces banlieues considérées comme des fiefs de groupes islamistes.
Samedi, la situation est restée calme à Bengahzi jusqu’en fin d’après-midi, quand un avion militaire a mené un raid contre un groupe d’ex-rebelles islamistes au nord-ouest de la ville, sans faire de victime, selon un de ces ex-rebelles.
"Nous avons tiré sur l’avion qui a raté sa cible", a-t-il affirmé à l’AFP, sans autre précision.
Ce raid a été mené malgré une décision de l’armée régulière decrétant samedi une zone d’exclusion aérienne sur Benghazi et sa région, et menaçant d’abattre tout avion militaire survolant la zone.
Mais il n’était pas certain que l’armée dispose des moyens nécessaires pour faire respecter la zone d’exclusion aérienne.
Vendredi, des unités de l’aviation libyenne loyales à Khalifa Haftar ont bombardé des positions de groupes d’ex-rebelles islamistes à Benghazi, et des affrontements ont eu lieu dans plusieurs quartiers.
En fin de journée, la force de M. Haftar s’est finalement retirée, pour une raison encore inexpliquée, et le calme est revenu.
Originaire de l’Est, Khalifa Haftar a fait défection de l’armée de Kadhafi à la fin des années 1980 et a passé près de 20 ans aux Etats-Unis avant de rentrer pour participer à la rébellion de 2011.
Dans une vidéo publiée sur internet en février, M. Haftar avait annoncé une "initiative" prévoyant la suspension des autorités de transition. Cette déclaration avait été considérée par certains responsables libyens comme une tentative de coup d’Etat.
L’opération de l’ex-général a été diversement perçue au sein de la population.
Des observateurs estiment qu’elle pourrait être le prélude à un coup d’Etat militaire et que l’objectif de Khalifa Haftar est de prendre le pouvoir.
Mais certains Libyens voient en lui l’homme fort qui pourrait enfin débarrasser le pays des groupes extrémistes, face à des autorités de transition affaiblies et sous l’influence des islamistes.
Face à une vague d’assassinats et d’attaques contre l’armée dans l’Est, des tribus et des militaires se sont alliés à la force du général Haftar, appuyée également par des rebelles autonomistes qui bloquent depuis des mois des sites pétroliers dans cette région.
Ces dernières violences interviennent de plus sur fond de grave crise politique.
Le Congrès général national (CGN, Parlement) a ratifié le 5 mai l’élection d’Ahmed Miitig comme Premier ministre, mais plusieurs députés contestent cette décision.
Les autorités de transition ne parviennent pas à contrôler les groupes d’ex-rebelles. Réunis en milices armées et dominés par les islamistes, ils comblent le vide en matière de sécurité laissé par un Etat qui peine à construire ses institutions.

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