L’ancien président égyptien Hosni Moubarak a été condamné mercredi à
trois ans de prison pour avoir détourné des fonds publics, trois ans et
demi après qu’une révolte populaire eut mis fin à ses 30 années de
pouvoir sans partage.
Moubarak, 86 ans, qui avait longtemps assisté à ses procès étendu sur
une civière, était mercredi assis dans un fauteuil roulant, au côté de
six co-accusés, dans un box grillagé.
Ses deux fils Gamal et Alaa ont été condamnés à quatre ans de prison
dans la même affaire, tandis que les quatre autres accusés ont été
acquittés.
L’ex-"Raïs" était jugé en première instance par un tribunal du Caire
pour corruption, accusé d’avoir détourné plus de 100 millions de livres
égyptiennes (10 millions d’euros) du budget des palais présidentiels.
Il est également jugé dans un autre procès pour la mort de manifestants
lors de la révolte qui l’a contraint à quitter le pouvoir début 2011.
Pour ce chef d’accusation de "complicité de meurtre", il encourt la
prison à vie, la peine à laquelle il avait été condamné en première
instance en juin 2012, avant que la Cour de Cassation n’ordonne qu’il
soit rejugé.
Les procès de Moubarak, très médiatisés au départ, sont aujourd’hui
éclipsés par ceux de son successeur l’islamiste Mohamed Morsi, seul
président jamais élu démocratiquement en Egypte mais destitué il y a 11
mois par le chef de l’armée. M. Morsi et la quasi-totalité des
dirigeants de sa confrérie islamiste des Frères musulmans encourent la
peine de mort dans divers procès, et le gouvernement dirigé de facto par
l’armée mène une répression très sanglante contre ses partisans.
Hosni Moubarak, lui aussi ancien militaire qui succéda à Anouar
el-Sadate assassiné en 1981, a régné d’une main de fer trente années
durant sur le pays le plus peuplé du monde arabe, avant d’être renversé
par une révolte populaire de 18 jours début janvier, dans la lignée des
Printemps arabes.
Contrairement à ses co-accusés vêtus de l’uniforme blanc des détenus, Moubarak comparaissait dans un costume civil sombre puisqu’il est
censé être libre depuis qu’un tribunal a jugé en août dernier qu’il
avait dépassé la durée maximale de la détention préventive. Depuis, ce
vieillard à la santé déclinante est assigné à résidence dans un hôpital
militaire du Caire.
Condamné désormais, il est très probable que l’ex-président retourne en
prison si sa santé le permet, même s’il peut se pourvoir en cassation là
aussi.
Selon l’accusation, Moubarak et ses fils avaient utilisé ces fonds
publics détournés pour acheter des propriétés. Il est également
poursuivi pour d’autres accusations de corruption, avec ses enfants là
encore, mais aucun procès n’a encore été fixé.
"C’est le peuple qui est propriétaire des biens publics", a tonné le juge présidant le tribunal mercredi.
Juger Moubarak et ses fils figurait parmi les principales demandes des
Egyptiens qui se sont révoltés fin 2010 et début 2011, dans un Etat
policier gangréné par la corruption. Le conseil militaire qui avait
assuré l’intérim du pouvoir entre sa chute et l’élection de M. Morsi
s’était résolu, après avoir tergiversé, à l’arrêter dans sa luxueuse
résidence de la station balnéaire de Charm el-Cheikh, sur la Mer Rouge,
et à le transférer dans une prison du Caire.
Ce verdict est prononcé à cinq jours de l’élection présidentielle que le
maréchal à la retraite Abdel Fattah al-Sissi, l’ex-chef de l’armée qui a
destitué et fait arrêter M. Morsi le 3 juillet 2013, est assuré de
remporter. Il est extrêmement populaire depuis que le gouvernement
intérimaire qu’il dirige de facto mène une répression extrêmement
sanglante contre les partisans du président islamiste déchu, les Frères
musulmans au premier chef, bête noire d’une grande majorité d’Egyptiens
lassés par trois années de chaos qui ont suivi la chute de Moubarak.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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