Un journaliste libyen critique des jihadistes a été tué par balles lundi
à Benghazi, fief des groupes armés radicaux dans l’est de la Libye, un
assassinat largement condamné dans le pays et dénoncé par l’ONU.
Meftah Bouzid, 50 ans, rédacteur en chef de Burniq, un journal
bihebdomadaire, a été tué par des inconnus qui ont tiré sur sa voiture
dans le centre-ville.
Journaliste et analyste, Meftah Bouzid était réputé pour ses critiques
des groupes islamistes extrémistes sur des chaînes de télévision
libyennes. Selon un des ses proches, ses prises de position lui avaient
valu des menaces répétées.
Depuis la révolution qui a renversé le régime de Muammar Kadhafi en
2011, la région orientale de la Libye, et en particulier sa plus grande
ville Benghazi, est le théâtre d’une série d’attaques et d’assassinats
visant des militaires, des policiers et des juges.
Ces attaques ne sont pas revendiquées mais elles sont régulièrement attribuées à des islamistes radicaux.
Meftah Bouzid et son journal se sont ouvertement déclarés en faveur de
la campagne lancée le 16 mai à Benghazi contre les groupes islamistes
par le général dissident Khalifa Haftar.
Dans un communiqué, le gouvernement a rendu hommage au "martyr de la
presse", soulignant sa "ferme détermination à combattre le terrorisme".
En août 2013, un autre journaliste, Azzedine Kousssad, présentateur à la
télévision Libya al-Hurra, avait également été tué par balles.
Dans un communiqué, l’organisation Reporters sans frontières (RSF) a
condamné cet assassinat, demandant "expressément aux autorités libyennes
de mener le plus rapidement possible une enquête".
La mission de l’ONU en Libye a également "vivement condamné"
l’assassinat qu’elle a qualifié de "terroriste" et pressé les autorités
d’ouvrir une enquête.
RSF avait déjà exprimé la semaine dernière sa "profonde inquiétude quand
au sort des professionnels des médias qui continuent d’être la cible de
graves agressions armées" en Libye, un pays qui bascule dans l’anarchie
et les violences.
L’organisation avait appelé "l’ensemble des parties civiles, militaires
et politiques en Libye" à cesser toutes attaques à l’encontre des
populations civiles et plus particulièrement des professionnels des
médias, rappelant leur rôle "fondamental" au sein de la nouvelle Libye
et dans "la construction d’un Etat viable et démocratique".
Dans une déclaration à la télévision al-Nabaa, Mohamed al-Najem,
directeur du centre pour la liberté de la presse, une ONG libyenne, a
accusé sans les identifier "des groupes qui veulent museler les voix
courageuses", d’être derrière cet assassinat.
Des centaines de personnes, dont plusieurs journalistes ont participé
dans la journée aux funérailles de leur collègue, selon un correspondant
de l’AFP. Parallèlement, des rassemblements de journalistes et
organisations de la société civile ont eu lieu à Benghazi et à Tripoli
pour dénoncer les attaques contre les journalistes.
Berceau de la révolte contre Muammar Kadhafi, Benghazi a basculé dans
la violence après la chute du régime. Dans l’attaque la plus
spectaculaire, des islamistes armés avaient attaqué le 12 septembre 2012
le consulat américain dans cette ville tuant l’ambassadeur Christopher
Stevens et trois autres agents américains.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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