La Tunisie est au milieu du gué et son économie avec. Il faut dire que,
selon les observateurs, la Troïka n’a pas vraiment réussi dans sa
gestion. "Elle a non seulement entraîné la faillite économique de la
Tunisie mais créé une situation d’insécurité à laquelle le pays fait
face depuis la chute de l’ancien régime", expliquent-ils. Cela donne une
idée de l’immensité de la tâche à laquelle le gouvernement de Mehdi
Jomaâ doit faire face. Ainsi, il doit actuellement se charger à la fois
d’organiser des élections générales, législatives et présidentielle, et
de régler cette crise économique et sécuritaire difficile qui inquiète
les Tunisiens.
D’ailleurs, le Premier ministre, Mehdi Jomâa n’a pas manqué de tirer sur
la sonnette d’alarme avertissant les Tunisiens sur cette situation
qu’il a qualifiée de "catastrophique", une situation marquée par
l’absence de production économique et la multiplication des grèves et
autres sit-in organisés régulièrement par les travailleurs pour réclamer
des avantages difficiles voire impossibles à satisfaire. Face à
l’absence de solutions internes, il a fallu se tourner vers les pays
"frères et amis" du Golfe et de l’Occident pour sauver la situation et
relancer l’économie du pays.
Mais, les relations entre la Tunisie et ces pays "frères et amis", n’ont
pas été au beau fixe avec le régime du Troïka. Celui-ci a eu des
rapports difficiles avec des pays comme l’Algérie, la France, l’Arabie
Saoudite, les Emirats Arabes Unis, l’Egypte et la Syrie... Explication :
le mouvement "Ennahdha", principale composante de la Troïka, a
privilégié les rapports basés sur l’idéologie pour soutenir la confrérie
des Frères musulmans. Cela n’a pas manqué de rendre difficiles les
relations de la Tunisie avec l’Algérie, l’Arabie Saoudite et les Emirats
Arabes Unis. C’est dans ce cadre qu’il faut d’ailleurs situer les
déclarations du premier responsable d’Ennahdha. En déccembre 2012,
Rachid Ghannouchi a n’a pas hésité à affirmer que le "Printemps arabe"
devait aussi envahir les pays comme l’Arabie Saoudite et les Emirats
Arabes Unis. Le genre de propos que Riyad et ses voisins n’ont pas
apprécié.
Et leur réaction ne s’est pas fait attendre avec le gel de
tous les projets qu’ils finançaient au bénéfice de la Tunisie.
Conscient de la situation diplomatique compliquée ainsi créée par la
Troïka, le Premier ministre tunisien s’est rendu dans plusieurs pays
arabes dont l’Algérie, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, pour
rétablir les relations diplomatiques avec ces pays et corriger les
erreurs diplomatiques de la Troïka. Avant d’entamer son périple dans les
pays Golfe, Mehdi Jomâa soulignait, le 15 mars dernier, que sa visite
visait d’abord au dégel des relations avec les pays frères de cette
région du monde.
Finalement, l’aide des pays du Golfe, est-elle si vitale que ça ?
C’est pourquoi, soulignent les observateurs, le chef du gouvernement
tunisien ne s’attendait pas à des résultats immédiats sur le plan
économique de cette tournée pour lui permettre de faire face à la crise
économique dont la première urgence est le déficit budgétaire de l’année
2014, estimé à 10 milliards de dinars tunisiens. Le manque de réaction
de la part des pays du Golfe a obligé le gouvernement tunisien à faire
appel à des prêts intérieurs et extérieurs pour faire face au déficit.
D’ailleurs, les observateurs notent que l’intervention des pays du Golfe
n’est pas aussi vitale pour l’économie de la Tunisie où ils préfèrent
investir dans la construction des hôtels ou le rachat des sociétés en
difficultés mais presque jamais investir dans des projets et structures
industriels et agricoles plus vitaux pour la vie économique du pays.
L’expérience a aussi prouvé que les prêts accordés par les pays du Golfe
sont assortis d’intérêts élevés comparés à ceux des partenaires
traditionnels de la Tunisie qui investissent particulièrement dans
l’industrie, d’où la visite de Jomâa aux Etats-Unis et en France,
conscient qu’il est de l’importance du soutien des partenaires
traditionnels occidentaux. Pourtant, la majorité des partis politiques
tunisiens estime que la solution à la crise ne viendra pas de
l’extérieur dont l’aide ne fera qu’aggraver la dépendance du pays à
l’étranger. En effet, pour ces partis, l’aide extérieure met le pays
sous la coupole des pays comme les Etats-Unis et la France auxquels "la
Tunisie est entrain de tendre la main comme un mendiant", selon leurs
propres termes.
"Les prêts accordés par ces pays sont assortis de signatures d’accords
de partenariat avec leurs sociétés, écartant à la Tunisie toute liberté
de choisir librement ces partenaires", estiment les observateurs dont
les critiques avaient d’ailleurs fait réagir le Premier ministre Mehdi
Jomaâ qui, le 30 avril dernier, déclarait qu’il "ne tolérerait pas qu’on
qualifié ses visites à l’extérieur de démarche visant à quémander de
l’aide", ajoutant avoir dit aux Français qu’il "était venu chercher un
partenariat et non de l’aide". Bref, pour Mehdi Jomaâ, les grands
travaux ne font que commencer.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire