mercredi 14 août 2013

Égypte : Nouveaux heurts alors que la crise s’enlise

Des partisans et opposants du président égyptien déchu Mohamed Morsi se sont affrontés à coups de pierres mardi dans le centre du Caire sous les tirs de grenades lacrymogènes de la police.
Cette poussée de violence a eu lieu au moment où la mosquée-université d’Al Azhar, plus prestigieuse institution de l’islam sunnite en Egypte, tente de trouver une sortie négociée à la crise politique ouverte par la destitution, le 3 juillet, du premier président librement élu de l’histoire du pays.
Les Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi, se sont dits prêts à participer à ces discussions, mais à condition qu’elles se basent sur le "rétablissement de la légitimité constitutionnelle", en d’autres termes le rétablissement du chef de l’Etat islamiste dans ses fonctions.
L’Egypte reste profondément polarisée six semaines après le renversement de Mohamed Morsi par l’armée, après de grandes manifestations, et alors que le pays vit au rythme des rumeurs d’intervention policière contre les deux principaux campements des pro-Morsi dans la périphérie du Caire.
Signe des tensions, plusieurs milliers d’islamistes ont été pris à partie mardi alors qu’il se dirigeaient vers le ministère de l’Intérieur, dans le centre de la capitale.
Des habitants et des commerçants du quartier, partisans du nouveau pouvoir mis en place par l’armée, les ont d’abord insultés et traités de "terroristes", avant de leur lancer des pierres et des bouteilles depuis les balcons surplombant la rue dans laquelle ils défilaient.
Les manifestants ont riposté en lançant des pierres, tandis que les femmes et les enfants présents dans le cortège fuyaient précipitamment, sous un déluge de grenades lacrymogènes tirées par la police anti-émeute.
"Les négociations ne mèneront à rien. La seule solution est de revenir en arrière. Morsi doit être rétabli dans ses fonctions", a dit Karim Ahmed, un manifestant de 23 ans.
Après l’échec de leur mission de bons offices la semaine dernière, les médiateurs internationaux ont estimé que les Frères musulmans devaient se faire à l’idée que le président déchu, dont la justice a prolongé de 15 jours la détention lundi, ne reviendrait pas au pouvoir.
Mais ils ont dans le même temps appelé les autorités transitoires nommées par les militaires à redonner aux islamistes, qui avaient aussi remporté les élections législatives, une place dans le jeu politique.
Les salafistes du parti Al Nour, soutenus par l’Arabie saoudite, très hostile aux Frères musulmans, ont accueilli favorablement l’initiative d’Al Azhar en ce sens.
"La noble Al Azhar essaie de rassembler ceux qui ont fait des propositions pour qu’ils s’entendent, par exemple, sur une initiative ou une vision qui permettra de faire pression sur l’ensemble des partis afin qu’ils l’acceptent", a expliqué le chef d’Al Nour, Younes Makhyoun.
Ces efforts sont toutefois compromis par les tensions entre les Frères musulmans et Al Azhar, qui a appuyé la destitution de Mohamed Morsi. La confrérie rejettera pour cette raison les propositions émanant du grand imam d’Al Azhar, le cheikh Ahmed el Tayeb, a précisé le porte-parole des Frères musulmans, Gehad el Haddad.
Le statu-quo complique la tâche des autorités intérimaires, qui se sont engagées à organiser des élections législatives et présidentielle d’ici neuf mois, et hésitent à prendre le risque d’un nouveau bain de sang en cas de dispersion par la force des rassemblements des pro-Morsi.
Selon le journal officiel Al Ahram, la réunion du Conseil de sécurité nationale qui s’est tenue lundi soir a plutôt penché en faveur d’un bouclage des sit-in, plutôt que d’un assaut des forces de l’ordre.

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