Des partisans et opposants du président égyptien déchu Mohamed Morsi se
sont affrontés à coups de pierres mardi dans le centre du Caire sous les
tirs de grenades lacrymogènes de la police.
Cette poussée de violence a eu lieu au moment où la mosquée-université
d’Al Azhar, plus prestigieuse institution de l’islam sunnite en Egypte,
tente de trouver une sortie négociée à la crise politique ouverte par la
destitution, le 3 juillet, du premier président librement élu de
l’histoire du pays.
Les Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi, se sont dits prêts à
participer à ces discussions, mais à condition qu’elles se basent sur le
"rétablissement de la légitimité constitutionnelle", en d’autres termes
le rétablissement du chef de l’Etat islamiste dans ses fonctions.
L’Egypte reste profondément polarisée six semaines après le renversement
de Mohamed Morsi par l’armée, après de grandes manifestations, et alors
que le pays vit au rythme des rumeurs d’intervention policière contre
les deux principaux campements des pro-Morsi dans la périphérie du
Caire.
Signe des tensions, plusieurs milliers d’islamistes ont été pris à
partie mardi alors qu’il se dirigeaient vers le ministère de
l’Intérieur, dans le centre de la capitale.
Des habitants et des commerçants du quartier, partisans du nouveau
pouvoir mis en place par l’armée, les ont d’abord insultés et traités de
"terroristes", avant de leur lancer des pierres et des bouteilles
depuis les balcons surplombant la rue dans laquelle ils défilaient.
Les manifestants ont riposté en lançant des pierres, tandis que les
femmes et les enfants présents dans le cortège fuyaient précipitamment,
sous un déluge de grenades lacrymogènes tirées par la police
anti-émeute.
"Les négociations ne mèneront à rien. La seule solution est de revenir
en arrière. Morsi doit être rétabli dans ses fonctions", a dit Karim
Ahmed, un manifestant de 23 ans.
Après l’échec de leur mission de bons offices la semaine dernière, les
médiateurs internationaux ont estimé que les Frères musulmans devaient
se faire à l’idée que le président déchu, dont la justice a prolongé de
15 jours la détention lundi, ne reviendrait pas au pouvoir.
Mais ils ont dans le même temps appelé les autorités transitoires
nommées par les militaires à redonner aux islamistes, qui avaient aussi
remporté les élections législatives, une place dans le jeu politique.
Les salafistes du parti Al Nour, soutenus par l’Arabie saoudite, très
hostile aux Frères musulmans, ont accueilli favorablement l’initiative
d’Al Azhar en ce sens.
"La noble Al Azhar essaie de rassembler ceux qui ont fait des
propositions pour qu’ils s’entendent, par exemple, sur une initiative ou
une vision qui permettra de faire pression sur l’ensemble des partis
afin qu’ils l’acceptent", a expliqué le chef d’Al Nour, Younes Makhyoun.
Ces efforts sont toutefois compromis par les tensions entre les Frères
musulmans et Al Azhar, qui a appuyé la destitution de Mohamed Morsi. La
confrérie rejettera pour cette raison les propositions émanant du grand
imam d’Al Azhar, le cheikh Ahmed el Tayeb, a précisé le porte-parole des
Frères musulmans, Gehad el Haddad.
Le statu-quo complique la tâche des autorités intérimaires, qui se sont
engagées à organiser des élections législatives et présidentielle d’ici
neuf mois, et hésitent à prendre le risque d’un nouveau bain de sang en
cas de dispersion par la force des rassemblements des pro-Morsi.
Selon le journal officiel Al Ahram, la réunion du Conseil de sécurité
nationale qui s’est tenue lundi soir a plutôt penché en faveur d’un
bouclage des sit-in, plutôt que d’un assaut des forces de l’ordre.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire