vendredi 12 octobre 2012

Egypte : le procureur général, renvoyé par Morsi, refuse de démissionner

Le procureur général égyptien a refusé jeudi de démissionner après que le président Mohamed Morsi l’eut démis de ses fonctions pour calmer la colère du peuple égyptien au lendemain de l’acquittement de figures du régime déchu de Hosni Moubarak.
"Je reste à mon poste", a dit Abdel Meguid Mahmud à la presse, quelques heures après avoir été démis de ses fonctions, ajoutant que, "selon la loi, un membre du corps judiciaire ne peut pas être démis par le pouvoir exécutif".
Le chef de l’Etat, issu de la confrérie des Frères musulmans, a décidé de nommer M. Mahmud ambassadeur d’Egypte au Vatican et a chargé l’un de ses adjoints d’assumer les fonctions de procureur général, selon la télévision égyptienne.
Le président Mohamed Morsi a nommé M. Mahmud à un poste à l’étranger parce que la loi égyptienne ne permet pas de destituer le procureur général, a-t-on indiqué de sources judiciaires.
M. Mahmud occupait le poste de procureur depuis sept ans.
Ce renvoi est intervenu au lendemain de l’acquittement de figures du régime déchu de Hosni Moubarak, soupçonnées d’implication dans la mort de manifestants pendant la révolte qui a provoqué sa chute.
M. Mahmud est accusé par plusieurs militants de la révolte de 2011 de continuer de soutenir le régime déchu et d’avoir été à l’origine de l’insuffisance des preuves présentées par le parquet dans les procès de responsables accusés d’implication dans la mort de manifestants.
Mercredi, 24 figures de l’ère Moubarak, accusées d’avoir envoyé des hommes de main, à dos de chameau et à cheval, attaquer les manifestants réunis place Tahrir au Caire le 2 février 2011, en plein soulèvement, ont été acquittées par la cour pénale.
Cette attaque, survenue lors d’une des journées les plus violentes de la révolution égyptienne, et qui a fait vingt morts, est considérée comme un évènement charnière qui a poussé encore plus de gens à rejoindre les rassemblements anti-régime.
La cour pénale du Caire a jugé "insuffisantes" les preuves contre les 24 accusés parmi lesquels deux piliers du régime déchu, Fathi Sorur et Safwat el-Chérif, de même que l’ancienne ministre de la Main-d’oeuvre Aïcha Abdel Hadi et l’homme d’affaires Mohammed Aboul Einen.
Jeudi soir, des centaines d’Egyptiens ont manifesté au Caire contre cet acquittement, accusant les juges de "complicité" avec les responsables de l’ex-régime Moubarak. "Le peuple veut purifier la justice", criaient-ils.
Les Frères musulmans, la principale force politique du pays, ont appelé à manifester vendredi au Caire pour réclamer que les responsables de la mort de manifestants pendant la révolte soient rejugés.
De nombreux groupes et partis politiques ont également appelé à manifester vendredi contre l’Assemblée Constituante égyptienne à dominante islamiste et chargée de la rédaction de la nouvelle Constitution.
Des activistes laïcs veulent la mise en place d’une institution plus représentative et que justice soit rendue aux manifestants tués et torturés l’année dernière.
Le soulèvement de janvier-février 2011 a fait en 18 jours près de 850 morts et plus de 6000 blessés, selon des chiffres officiels.
Hosni Moubarak et son ministre de l’Intérieur Habib al-Adly ont été condamnés à la prison à vie pour leur rôle dans la mort de manifestants pendant la révolte, mais six hauts responsables de la sécurité jugés en même temps qu’eux ont été acquittés.
De nombreux policiers accusés de meurtre de manifestants ont eux aussi été acquittés, faisant craindre une impunité généralisée pour la police.
M. Mahmud avait déjà été critiqué pour plusieurs acquittements prononcés à l’égard de responsables dans des cas de corruption et de torture.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire