Le médiateur Lakhdar Brahimi a annoncé mercredi au Caire avoir obtenu
l’accord du régime et de responsables rebelles sur une trêve pour l’Aïd
al-Adha, une des fêtes musulmanes les plus sacrées, à partir de vendredi
en Syrie.
Les deux belligérants ont toutefois nuancé cette annonce, le régime
affirmant ne pas avoir pris sa "décision finale" et les rebelles
affirmant qu’ils ne se plieraient à la trêve que si les troupes
cessaient en premier les hostilités.
Mercredi, les violences se poursuivaient sans répit avec notamment des
raids aériens des forces gouvernementales sur la ville stratégique de
Maaret al-Nooman (nord-ouest) tenue par les rebelles.
A Damas, un bref communiqué des Affaires étrangères a indiqué que "la
décision finale" sur un cessez-le-feu serait "prise demain jeudi",
affirmant que "l’armée étudie l’arrêt des opérations militaires durant
la fête d’Al-Adha".
Et alors que M. Brahimi avait indiqué que la "plupart" des responsables
de la rébellion qu’il avait contactés avaient accepté son appel, l’Armée
syrienne libre (ASL, insurgés) a annoncé qu’elle ne cesserait les
hostilités qu’une fois que les troupes auront fait taire leurs armes.
"L’ASL cessera le feu si le régime en fait de même", a déclaré le chef
du Conseil militaire supérieur de l’ASL, Mustafa al-Cheikh, joint par
téléphone par l’AFP.
Si les combats s’arrêtent entre soldats et rebelles durant les quatre
jours de l’Adha, la fête du sacrifice, il s’agira du premier
cessez-le-feu respecté dans le conflit qui secoue la Syrie depuis 19
mois.
Cette interruption des violences, qui ont fait plus de 35.000 morts
depuis la mi-mars 2011, est censée être consolidée afin de faire émerger
un dialogue politique pour une sortie de crise. Mais en attendant le
bilan continue à s’alourdir, dépassant quotidiennement la centaine de
morts.
"En cas de succès de cette initiative modeste, on pourra mettre en place
un cessez-le-feu d’une plus longue durée et lancer un processus
politique", a déclaré M. Brahimi, à l’issue d’un entretien avec le
secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi.
Le 12 avril, un cessez-le-feu proclamé à l’initiative de Kofi Annan, le
prédécesseur de M. Brahimi, et pour lequel les deux belligérants avaient
donné leur accord, avait volé en éclats au bout de quelques heures,
même si les combats avaient baissé d’intensité.
Paris a appelé à une "cessation durable des hostilités, avec un retour
de l’armée syrienne dans ses casernes", mais certains étaient toujours
sceptiques.
"La seule raison pour laquelle le régime pourrait accepter ce
cessez-le-feu c’est qu’il donnerait du temps à l’armée pour se reposer
et se réorganiser", a estimé Rami Abdel Rahman, chef de l’OSDH.
"Sur le terrain, une trêve est pratiquement impossible, notamment parce
que des deux côtés, il y a des groupes qui n’obéissent à personne",
a-t-il ajouté.
Mercredi, l’aviation a repris ses raids sur Maaret al-Nooman où
insurgés et soldats s’affrontent pour le contrôle d’une importante base
militaire et d’une portion stratégique de l’autoroute Damas-Alep, selon
l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Au sol, après avoir lancé le 18 octobre une vaste offensive sur la base
militaire de Wadi Deif, les insurgés -de l’Armée syrienne libre (ASL) et
du Front islamiste al-Nosra selon l’OSDH- sont repartis à l’assaut du
site. Les rebelles espèrent y prendre armes, munitions et carburant.
Toujours dans la province d’Idleb, cinq personnes d’une même famille
dont une femme et en enfant, ont été tuées dans un raid aérien, selon
l’OSDH.
Selon un bilan provisoire de l’ONG, 47 personnes —28 civils, 12 soldats
et un rebelle— ont été tuées mercredi, au lendemain de la mort de 164
personnes, pour moitié des civils.
Après que la communauté internationale, Etats-Unis en tête, a accusé
Moscou d’armer son allié le président Assad, le chef d’état-major russe,
le général Nikolaï Makarov, a accusé mercredi les rebelles d’utiliser
des lance-missiles de fabrication américaine Stinger.
"Il faut encore déterminer qui les a livrés", a-t-il ajouté, jugeant
possible qu’ils arrivent de l’étranger par différents moyens de
transports, notamment aériens.
Se préparant malgré tout à un éventuel arrêt durable des violences,
l’ONU a annoncé travailler sur un projet de force de maintien de la
paix.
Mais il doit être approuvé par les 15 membres du Conseil de sécurité,
profondément divisés, Moscou et Pékin protégeant leur allié syrien en
utilisant leur veto. M. Brahimi s’adressera à eux mercredi par
visioconférence pour dresser un bilan de sa tournée de onze jours à
Damas et dans la région.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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