mercredi 17 octobre 2012

Syrie : Mesures de sécurité renforcées à Damas

Les mesures de sécurité ont été renforcées autour de bâtiments gouvernementaux dans la capitale syrienne, Damas, par crainte d’éventuels attentats, a constaté l’AFP. La mairie de Damas, dans le quartier de Salhié au coeur de la ville, est entourée de blocs de ciment. La grande artère du 29-Mai, menant à ce bâtiment, a été fermée partiellement à la circulation, et des blocs de béton de plus d’un mètre de haut sont en train d’être installés tout au long de cette importante voie de circulation. De même, près de l’agence officielle Sana, des blocs de béton et des chevaux de frise ont été disposés à quelques mètres de l’immeuble situé dans le quartier très fréquenté de Baramké (sud-ouest). À l’entrée principale, des soldats montent la garde près de sacs de sable. Par ailleurs, deux des rues conduisant à la Banque centrale, sur la place Sabaa Bahrat, ont été partiellement fermées à la circulation. Quatre camions sont postés des deux côtés la banque depuis cinq jours.
Le journal Al-Watan a parlé mercredi de "sévères mesures de sécurité autour des bâtiments officiels". Depuis plusieurs mois, la sécurité a été renforcée dans la capitale, dont certains quartiers sont secoués par des affrontements entre rebelles et soldats, ou bombardés par le régime. Des dispositifs de sécurité particulièrement importants ont été mis en place près des bâtiments de l’armée et des services de sécurité, par crainte d’attentats. Des attaques ont par le passé visé le siège de l’état-major, celui des services de renseignements de l’armée de l’air, ou le quartier général de la police dans le coeur de Damas. La fermeture de certaines artères à la circulation automobile et la multiplication des points de contrôle d’identité provoquent d’interminables embouteillages dans le centre de la capitale, et obligent à de larges détours. Le conflit en Syrie, déclenché en mars 2011 par la répression d’une contestation populaire contre le régime syrien, a fait plus de 33 000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

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Le conflit syrien peut embraser la région, avertit le médiateur Brahimi
Le conflit en Syrie pourrait mettre la région "à feu et à sang" si un règlement n’est pas trouvé, a averti mercredi le médiateur international Lakhdar Brahimi de passage à Beyrouth.
"Cette crise ne peut pas rester confinée indéfiniment au terriroire syrien. Soit elle est réglée, soit elle s’aggravera, débordera, et mettra (la région) à feu et à sang", a indiqué M. Brahimi qui effectue depuis une semaine une tournée régionale auprès des pays influents dans le dossier.
Il a renouvelé son appel à la mise en oeuvre d’un cessez-le-feu à l’occasion de l’Aïd al-Adha, une des fêtes musulmanes les plus sacrées, qui sera célébrée du 26 au 28 octobre.
"Le peuple syrien, des deux côtés (régime et rebelles, ndlr), enterre aujourd’hui une centaine de personnes par jour. Ne peut-on pas demander à l’occasion de cette fête, que ce bilan baisse ?", a-t-il affirmé. "Cela ne sera pas une fête heureuse pour les Syriens, mais il faut au moins qu’il y ait moins de tristesse".
"Si le gouvernement syrien accède (à cette demande)— et d’après ce que j’ai entendu, il y a espoir— et si l’opposition accepte cette proposition comme elle nous l’a dit, cela sera un très petit pas, un pas microscopique vers un cessez-le-feu plus global, le retrait de l’artillerie lourde, l’arrêt des flux d’armes de l’étranger puis vers une solution politique en Syrie", a poursuivi M. Brahimi.
La tournée de M. Brahimi, qui s’est rendu notamment en Arabie saoudite et en Turquie, qui soutiennent la rébellion et en Iran, allié de Damas, est une nouvelle tentative de trouver une issue à la guerre civile en Syrie déclenchée par la répression brutale d’une contestation populaire née en mars 2011.

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Fabius dénonce le recours aux bombes à sous-munitions
Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a dénoncé mercredi l’utilisation par le régime syrien de bombes à sous-munitions, comme l’avaient fait auparavant des ONG, une accusation rejetée par Damas.
"Au cours des derniers mois (...), le régime a franchi une nouvelle étape dans la violence en recourant aux Mig puis au largage de barils de TNT et plus récemment et plus terriblement encore aux bombes à sous-munitions", a déclaré Laurent Fabius lors d’une réunion avec des représentants des comités locaux civils qui administrent des "zones libérées" du nord de la Syrie.
Des représentants d’une vingtaine de pays et d’ONG participaient à la rencontre au Quai d’Orsay destinée selon le ministre à "étudier ensemble les modalités de soutien a la population syrienne". La France apporte depuis plusieurs mois une aide financière et humanitaire à ces régions qui ont chassé l’administration et l’armée de Bashar al-Assad.
Selon Laurent Fabius, ces zones recouvrent "la moitié du territoire syrien", disséminées dans tout le pays comme des "taches de léopard".
L’ONG Human Rights Watch (HRW) a affirmé dimanche que l’armée de l’air syrienne avait récemment largué des bombes à sous-munitions près de Maaret al-Nooman, où l’armée est aux prises avec des rebelles tentant de lui couper la route vers Alep (nord).
"L’armée syrienne ne dispose pas de ce genre d’armes", a rétorqué lundi dans un communiqué le commandement général des forces armées, affirmant que la publication de telles informations entrait dans le cadre d’"une campagne de désinformation contre la Syrie".
La Syrie n’a pas ratifié la Convention sur les armes à sous-munitions, adoptée par 107 Etat en 2008, qui interdit la production, le stockage, le transfert et l’utilisation de cette catégorie d’armes et prévoit la destruction des stocks existants.
Les bombes à sous-munitions (BASM) sont particulièrement meurtrières pour les civils, même longtemps après un conflit.

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Le projet de trêve accueilli avec circonspection
L’armée syrienne bombardait sans relâche mercredi des régions clés dans le nord du pays tenues par les rebelles, les deux belligérants se disant prêts à accepter la trêve proposée par le médiateur Lakhdar Brahimi si l’autre camp la respectait.
Damas a fait part mardi de sa volonté de discuter de la proposition de cessez-le-feu de l’émissaire international Lakhdar Brahimi pour fin octobre à condition que les rebelles respectent la trêve, tandis que les insurgés ont réclamé la fin des bombardements en premier.
Sur le terrain, ces bombardements ne cessaient pas, les forces du régime s’appuyant sur leur principal atout, l’aviation militaire, pour reprendre aux rebelles une région clé pour le passage des renforts militaires vers le nord de la Syrie.
Aucun règlement n’est en vue pour cette guerre civile de plus en plus sanglante —avec 33.000 morts depuis mars 2011—, en dépit des tentatives de l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi, en tournée régionale depuis la semaine dernière auprès des puissances influentes dans le dossier.
A Téhéran, allié de Damas, le médiateur avait appelé à la mise en oeuvre d’un cessez-le-feu à l’occasion de l’Aïd al-Adha, une des fêtes musulmanes les plus sacrées, qui sera célébré du 26 au 28 octobre.
"La Syrie est prête à explorer cette option" de trêve, a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Jihad Makdissi à l’AFP. Mais, a-t-il souligné, pour un cessez-le-feu, les insurgés, qualifiés de "terroristes" par le régime, et les pays qui les soutiennent doivent être aussi impliqués.
Il a indiqué que Damas a "hâte de parler avec M. Brahimi" pour voir quelle est la position des autres pays influents" qu’il a visités lors de sa tournée, en allusion notamment à l’Arabie saoudite et la Turquie, principaux soutiens de la rébellion. "Vont-ils faire pression sur les groupes armés qu’ils hébergent, financent et arment, de façon à ce qu’ils respectent le cessez-le-feu ?", a-t-il dit.
Le chef du Conseil national syrien, Abdel Basset Sayda, a déclaré pour sa part que les rebelles ne font "que se défendre et il est normal qu’ils arrêtent les hostilités quand la machine de guerre du régime l’aura fait".
"Nous accueillons favorablement tout arrêt des tueries" mais "nous pensons que l’appel s’adresse en premier lieu au régime syrien qui ne cesse de pilonner les villes et les localités syriennes", a-t-il à l’AFP.
M. Brahimi est arrivé mercredi au Liban, pays voisin de la Syrie et divisé sur le conflit entre pro et anti-régime.
Sa tournée est une nouvelle tentative de trouver une issue à la guerre civile en Syrie déclenchée par la répression brutale d’une contestation populaire née en mars 2011.
A Paris, la France va réaffirmer une nouvelle fois son soutien politique à l’oppositon au régime de Bachar al -Assad, en accueillant une réunion de soutien aux conseils révolutionnaires civils qui administrent les zones "libérées" en Syrie.
Lors de cette réunion, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a dénoncé le recours par Damas aux bombes à sous-munitions. "Le régime a franchi une nouvelle étape dans la violence en recourant aux (avions) MiG puis au largage de barils de TNT et plus récemment et plus terriblement encore aux bombes à sous-munitions", a-t-il dit.
Parmi les "zones libérées" en Syrie, figurent notamment la majorité des villes et villages des provinces d’Alep (nord) et d’Idleb (nord-ouest), une province frontalière de la Turquie.
C’est dans la province d’Idleb que l’armée mène depuis dimanche une contre-attaque pour reprendre des positions clés, surtout la ville de Maaret al-Nooman située sur l’autoroute Damas-Alep et prise le 9 octobre. Les renforts militaires doivent nécessairement l’emprunter pour se rendre dans le Nord, les régions rurales voisines étant tenues par la rébellion. Les avions du régime ont lancé ainsi six raids aériens tôt le matin sur les villages de la région de Maaret al-Nooman, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
En prenant Maaret al-Nooman, les rebelles ont coupé un important axe routier et attaquent depuis systématiquement tous les renforts l’empruntant.
Alors que le pays s’enlise de plus en plus dans le conflit, des membres de la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie à New York ont estimé que les combattants étrangers en Syrie étaient un dangereux élément de "radicalisation" dans le conflit.
"La présence de ces militants étrangers radicaux, islamistes ou jihadistes, nous inquiète beaucoup", a expliqué à la presse le président de la commission Paulo Pinheiro, qui a évalué leur nombre à "des centaines".
Par ailleurs, le pape Benoît XVI, "décidé l’envoi dans les prochains jours d’une délégation à Damas pour exprimer sa solidarité fraternelle avec toute la population" syrienne.

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Les insurgés syriens annoncent une direction unifiée
Les insurgés syriens, pressés de conjuguer leurs efforts par leurs soutiens à l’étranger, ont établi une direction unique chargée de superviser la lutte contre le président Bashar al Assad, a-t-on appris mardi de sources proches de deux groupes rebelles.
L’accord a été conclu dimanche lors d’une réunion en territoire syrien entre plusieurs dizaines de responsables de la rébellion, dont ceux de l’Armée syrienne libre (ASL).
Il vise à améliorer la coordination militaire entre les différents groupes armés et à créer une direction unique qui pourrait permettre un meilleur soutien logistique de la part des puissances favorables au renversement du président syrien.
"L’accord a été atteint. Ils n’ont plus qu’à le signer maintenant. Nos soutiens étrangers nous disent : ’Faites en sorte de vous unir, nous avons besoin d’un interlocuteur clair et crédible pour lui fournir un armement de qualité’", a déclaré une source rebelle, ajoutant que le Qatar et la Turquie étaient les deux principales forces à avoir poussé à un tel accord.
Les opposants syriens, qui disent tous lutter sous la bannière unifiée de l’Armée syrienne libre, combattent en réalité indépendamment les uns des autres sur le terrain.
La nouvelle direction comprendra plusieurs figures clés de l’ASL, comme le commandant Riad al Asaad et le général Mustafa Cheikh, tous deux critiqués parce qu’ils se trouvent en Turquie, le général Mohammed Hadj Ali qui a fait défection récemment, et les dirigeants de conseils militaires rebelles provinciaux basés en Syrie, comme Kassem Saadeddine, implanté à Homs.
La méfiance et les divergences sur la composition de la direction, les tactiques d’attaques et les sources de financement ont creusé les désaccords entre les brigades rebelles, largement autonomes et éparpillées sur le terrain.
"Il n’y aura jamais d’unité à l’intérieur de la Syrie à moins que les pays qui soutiennent la révolte ne se mettent d’accord, dans la mesure où chaque groupe est soutenu et épaulé par un pays", a déclaré une source rebelle. "Les pays sont maintenant de plus en plus nerveux et la question syrienne a pris plus d’importance qu’ils ne s’y attendaient. Elle échappe presque à tout contrôle", a ajouté cette source.
La direction devrait être composée de 60 personnes qui représenteront la plupart des forces combattantes en Syrie, dont le groupe rebelle islamique du "Front pour libérer la Syrie".
Sur le terrain, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH, un organisme proche de l’opposition, basé en Grande-Bretagne mais disposant d’un réseau d’informateurs dans le pays) fait état de 80 personnes tuées pour la journée de mardi, contre 160 la veille.
De graves accrochages ont éclaté à Hama et les combats se sont poursuivis à Alep et dans la province septentrionale d’Idlib.
Un journaliste de Reuters présent à la frontière nord-est du Liban avec la Syrie a quant à lui assisté au largage par un hélicoptère d’explosifs du côté syrien de la frontière.
Le service d’informations du Vatican a annoncé que le pape Benoît XVI allait dépêcher en Syrie dans les jours à venir une délégation de cardinaux pour faire part de la solidarité de l’Eglise catholique avec les populations qui souffrent.

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