Beirut, Lebanon, 20 oct 2012 : Men block a road in protest against the
assassination of top intelligence official Wissam al-Hassan
(Photograph : Joseph Eid/AFP)
Les obsèques dimanche à Beyrouth d’un chef de la Sécurité libanaise
ont dégénéré en une manifestation violente contre le Premier ministre
Najib Mikati accusé par ses opposants de couvrir ce "crime", la police
tirant en l’air et usant de gaz lacrymogènes. Des milliers de personnes
ont participé à la cérémonie religieuse à la mosquée Amine, au centre de
la capitale, à la mémoire du général Wissam al-Hassan, chef des
services de renseignements de la police, et de son chauffeur, tués
vendredi dans l’explosion d’une voiture piégée.
À l’issue des funérailles, Fouad Siniora, chef du bloc parlementaire
d’opposition, a chauffé à blanc les manifestants rassemblés sur la place
des Martyrs. Le gouvernement est responsable du crime qui a tué Wissam
et son compagnon. C’est pourquoi il faut qu’il parte", a-t-il lancé à la
foule. "Mikati, tu ne peux plus rester à ton poste pour couvrir ce
crime. Si tu restes, c’est que tu es d’accord avec ce qui s’est passé et
avec ce qui se passera", a-t-il encore dit, ajoutant qu’"il n’y
aura[it] pas de dialogue avant la chute du gouvernement".
Dans le cabinet actuel, le Hezbollah occupe une place prépondérante,
alors que l’opposition est violemment opposée au régime de Bashar
el-Assad en Syrie voisine, ancienne puissance tutélaire du pays du
Cèdre. Surexcités, deux cents jeunes ont tenté de prendre d’assaut le
Sérail, siège du Premier ministre, et la police a lancé des grenades
lacrymogènes et tiré en l’air pour les faire reculer, a constaté une
journaliste.
Les manifestants jetaient des pierres et des bâtons, a rapporté la
journaliste, faisant état de blessés des deux côtés. Saad Hariri, qui
vit hors du Liban, a lancé un appel au calme, indiquant qu’il voulait
"la chute du gouvernement, mais de manière pacifique". Dans
l’après-midi, quelques milliers de personnes avaient convergé vers la
place des Martyrs, où étaient placardées des affiches géantes du général
Hassan avec ces mots : "Le martyr de la justice et de la vérité".
"Une seule révolution dans deux États" proclamait une banderole,
faisant allusion à la Syrie et au Liban, "Va-t’en, Najib" Mikati,
pouvait-on également lire, ainsi que "Bashar, hors du Sérail". La
majorité des manifestants étaient des sunnites, communauté à laquelle
appartenait le défunt, des chrétiens et des druzes.
Najib Mikati et le président Michel Sleimane avaient fait samedi le
lien entre l’attentat qui a coûté la vie au général Hassan et
l’interpellation de l’ancien député libanais Michel Samaha, partisan
inconditionnel du régime de Damas. Au cours d’une cérémonie militaire
dimanche au QG de la police en présence de la famille du défunt et de
Najib Mikati, Michel Sleimane a demandé à la justice d’accélérer la
rédaction de l’acte d’accusation contre Michel Samaha.
L’ex-député avait été arrêté par le général Hassan qui l’accusait
d’avoir transporté des explosifs pour commettre des attentats afin de
créer le chaos à l’instigation du très puissant chef des renseignements
syriens, le général Ali Mamluk. Le général Hassan avait ensuite défié
le général Mamlouk en étant à l’origine du mandat d’arrêt délivré en
août contre lui par la justice libanaise dans le cadre de l’enquête sur
Michel Samaha.
Auparavant, le général Hassan avait joué un rôle majeur dans
l’enquête sur les nombreux attentats qui ont visé entre 2005 et 2008 des
personnalités libanaises anti-syriennes, dont Rafic Hariri. Le général
Hassan a d’ailleurs été inhumé dans le mausolée de Rafic Hariri, qui fut
son mentor, à la demande de Saad Hariri. L’attentat de vendredi a été
attribué par l’opposition libanaise et les experts à Damas, confronté
depuis 19 mois à une révolte qu’il tente d’écraser. Le chef de la
diplomatie française Laurent Fabius a jugé dimanche "probable"
l’implication de Damas, accusant le président Assad "d’essayer d’élargir
la contagion" du conflit syrien aux pays voisins. La Syrie n’a jusqu’à
présent pas réagi officiellement à ces accusations.
"C’est exactement comme le jour de la mort de Rafic Hariri. Les
Syriens ne sont plus ici, mais il y a des Libanais qui travaillent pour
eux. Le gouvernement est responsable de ce qui s’est passé et nous
voulons qu’il parte", a affirmé Manal Charqawy, une étudiante qui
participait à la manifestation. Le dirigeant politique libanais allié du
Hezbollah, Michel Aoun, a mis en garde l’opposition anti-syrienne.
"Nous serons vigilants pour qu’il n’y ait pas de dérapage à
l’instigation de certains qui voudraient utiliser ce crime, qui a coûté
la vie à des Libanais, en une bataille politique", a-t-il dit à la
presse. La colère restait vive dimanche dans les régions à majorité
sunnite. À Tripoli (nord), trois personnes ont été blessées, après cinq
samedi. Vendredi, un cheikh avait été tué dans des échanges de tirs.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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