mardi 23 octobre 2012

Palestine : le Hamas prépare un accueil royal à l’émir du Qatar à Gaza

Le Hamas se préparait à accueillir mardi en grande pompe à Gaza l’émir du Qatar cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, premier chef d’Etat à se rendre dans le territoire palestinien depuis que le mouvement islamiste en a pris le contrôle en juin 2007.
Cette visite de quelques heures revêt d’autant plus d’importance qu’à de très rares exceptions, les personnalités qui viennent à Gaza depuis cinq ans, comme le secrétaire général de l’ONU Ban ki-moon, ou les ministres européens des Affaires étrangères, évitent tout contact avec le Hamas, boycotté par la communauté internationale pour son refus de reconnaître Israël et de renoncer à la lutte armée.
"Cette visite a une grande signification politique parce que c’est le premier dirigeant arabe à briser le blocus politique", a déclaré à l’AFP Taher al-Nounou, le porte-parole du chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh.
"Nous avons achevé tous les préparatifs logistiques et de sécurité pour cette importante visite", a-t-il assuré.
A la veille de l’arrivée de l’émir, trois Palestiniens, dont au moins deux membres de groupes armés, ont par ailleurs été tués lundi lors de raids aériens israéliens dans le nord de la bande de Gaza.
Le porte-parole du Hamas a "condamné cette escalade qui témoigne de la mentalité israélienne criminelle". "L’occupant est par nature gêné par tout progrès politique du peuple palestinien, c’est pourquoi il est gêné par la visite de cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani", a accusé M. al-Nounou.
Annoncée par le Hamas à Gaza, la "brève visite" de l’émir, qui doit arriver via l’Egypte à la tête d’une importante délégation comprenant son épouse, cheikha Moza, selon des sources officielles palestiniennes, a été confirmée lundi par l’agence officielle qatarie QNA.
Cheikh Hamad doit atterrir à l’aéroport égyptien d’Al-Arich, dans le Sinaï, pour rejoindre sous escorte égyptienne le terminal de Rafah, à la frontière entre l’Egypte et la bande de Gaza.
Il est attendu à 11H00 (09H00 GMT) dans la bande de Gaza, où il sera accueilli par M. Haniyeh et plusieurs ministres du Hamas, avant de se rendre à Khan Younès (sud) pour poser la première pierre d’un projet d’un millier de logements destinés à des familles défavorisées, qui portera son nom.
Les deux dirigeants doivent prononcer un discours à cette occasion.
L’émir doit également inaugurer un projet de reconstruction du territoire palestinien, dévasté par l’opération israélienne "Plomb durci" en décembre 2008-janvier 2009, d’un montant de 254 millions de dollars, notamment pour des infrastructures routières et des logements dans le nord de la bande de Gaza.
Dans les rues de la bande de Gaza, des équipes s’affairaient à accrocher des milliers de drapeaux palestiniens et qataris, ainsi que des photos géantes de cheikh Hamad.
"Merci au Qatar qui tient ses promesses" ou "Bienvenue" pouvait-on lire sur des panneaux le long de la route Salaheddine, qui parcourt le territoire palestinien du nord au sud.
La visite doit se terminer vers 16H00 (14H00 GMT).
M. Haniyeh a appelé dans un communiqué la population "à exprimer la bienvenue à l’émir du Qatar en sortant dans les rues".
Son porte-parole a démenti que "cette visite renforce la division, comme l’affirment certains", avec la Cisjordanie, gouvernée par l’Autorité palestinienne du président Mahmud Abbas, chassée de Gaza par le Hamas en juin 2007.
Cheikh Hamad s’est entretenu dimanche avec le président Abbas, des relations bilatérales et de cette visite. M. Abbas a remercié le Qatar pour ses efforts en faveur de Gaza, mais a insisté sur la nécessité de "préserver l’unité des Territoires palestiniens et de mettre fin à la division", selon l’agence officielle palestinienne WAFA.
Israël a jugé "bizarre que l’émir ne soutienne pas les Palestiniens dans leur ensemble, mais qu’il prenne parti pour le Hamas contre l’Autorité palestinienne, à qui il n’a jamais rendu visite".
"L’émir a ainsi choisi son camp et ce n’est pas bon", a déploré le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères Yigal Palmor.

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