dimanche 28 octobre 2012

Syrie : la trêve enterrée

Des rebelles ont qualifié d’"échec" la trêve négociée par le médiateur Lakhdar Brahimi en Syrie, où un attentat et des raids aériens ont eu lieu samedi et où les violences ont fait au moins 175 morts depuis l’entrée en vigueur officielle du cessez-le-feu vendredi matin.
Si rebelles et armée s’étaient engagés à interrompre les hostilités durant les quatre jours de l’Aïd al-Adha, la fête musulmane du sacrifice qui a débuté vendredi, ils avaient prévenu qu’ils riposteraient en cas de violation du cessez-le-feu par la partie adverse.
De fait, bombardements et combats ont repris samedi, faisant encore au moins 29 morts à travers le pays selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), et chaque camp faisait porter à l’autre la responsabilité de la rupture de la trêve.
L’armée a mené samedi son premier raid aérien depuis le début de l’éphémère trêve, a annoncé à l’AFP Rami Abdel Rahman, chef de l’OSDH, précisant qu’un immeuble d’Arbine, dans la province de Damas, avait été visé.
"Nous pouvons dire qu’avec ce raid aérien, la trêve est enterrée. Nous ne pouvons plus parler de trêve", a estimé M. Abdel Rahman.
Un commandant rebelle a qualifié la trêve de "mensonge". "Comment un régime criminel peut-il respecter une trêve ? C’est un échec de Brahimi, cette initiative est mort-née", a déclaré à l’AFP par téléphone le colonel Abdel Jabbar al-Oqaidi, chef du conseil militaire rebelle d’Alep (nord).
"Ce n’est pas nous qui attaquons", a-t-il assuré, alors que l’armée avait annoncé vendredi après-midi dans un communiqué lu à la télévision d’Etat avoir engagé des opérations en riposte après des attaques rebelles.
Les violences n’ont marqué le pas que quelques heures dans ce pays en proie depuis plus de 19 mois à une révolte populaire devenue un conflit armé. Pour la seule journée de vendredi, elles ont fait au moins 146 morts —53 civils, 50 rebelles et 43 soldats— à travers le pays, selon un bilan de l’OSDH.
Samedi, 29 personnes ont péri —19 civils, six soldats et policiers et quatre rebelles— à travers le pays, selon un bilan provisoire de cette organisation basée au Royaume-Uni s’appuie sur un réseau de militants et de sources médicales civiles et militaires.
Après deux attentats à la voiture piégée qui avaient fait huit morts vendredi à Damas et à Deraa (sud) selon l’OSDH, une nouvelle attaque de ce type a eu lieu à Deir Ezzor (est).
Cinq civils ont péri dans l’explosion samedi matin d’une voiture piégée sur l’artère principale de la ville, a rapporté l’OSDH, tandis que la télévision d’Etat évoquait un acte "terroriste" devant une église syriaque, sans faire état de victime.
Si l’Armée syrienne libre s’était engagée à respecter le cessez-le-feu, le front islamiste al-Nosra, un groupe rebelle qui a revendiqué la plupart des attentats ces derniers mois en Syrie, l’avait catégoriquement rejeté.
Dans la région d’Alep (nord), l’armée de l’air a survolé pour la première fois depuis le début de la trêve plusieurs villages et l’artillerie a bombardé la localité de Maaret al-Artik.
Dans la ville même d’Alep, des combats ont éclaté dans le secteur de Sayyed Ali et des rebelles ont attaqué un barrage militaire à l’entrée d’Alep. Les quartiers de Sakhour, Chaar, et Massaken Hanano ont été bombardés, selon l’OSDH.
Dans la région d’Idleb (nord-ouest), proche de la frontière turque, des combats se poursuivaient autour de la base militaire stratégique Wadi Deif, entre l’armée et des rebelles, en particulier des combattants du Front al-Nosra, selon l’OSDH.
Près de la base militaire, la ville de Maaret al-Nooman et les villages environnant ont été bombardés, selon la même source.
Dans la province de Deraa, un homme a été abattu par un tireur embusqué et un enfant a été tué par des tirs de l’armée. Dans la province de Damas, quatre civils ont été tués dans des bombardements et par des tireurs embusqués. Et deux soldats ont péri lors de combats dans la ville voisine de Harasta.
En 19 mois, le soulèvement contre le régime du Bashar al-Assad a fait plus de 35.000 morts, selon l’OSDH.
D’autre part, un groupe rebelle du nord de la Syrie a affirmé samedi détenir le journaliste libanais Fida Itani de la chaîne libanaise privée LBCI, arguant que ses reportages sur le terrain "n’étaient pas compatibles avec la révolution" syrienne.

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