Des rebelles ont qualifié d’"échec" la trêve négociée par le médiateur
Lakhdar Brahimi en Syrie, où un attentat et des raids aériens ont eu
lieu samedi et où les violences ont fait au moins 175 morts depuis
l’entrée en vigueur officielle du cessez-le-feu vendredi matin.
Si rebelles et armée s’étaient engagés à interrompre les hostilités
durant les quatre jours de l’Aïd al-Adha, la fête musulmane du sacrifice
qui a débuté vendredi, ils avaient prévenu qu’ils riposteraient en cas
de violation du cessez-le-feu par la partie adverse.
De fait, bombardements et combats ont repris samedi, faisant encore au
moins 29 morts à travers le pays selon l’Observatoire syrien des droits
de l’Homme (OSDH), et chaque camp faisait porter à l’autre la
responsabilité de la rupture de la trêve.
L’armée a mené samedi son premier raid aérien depuis le début de
l’éphémère trêve, a annoncé à l’AFP Rami Abdel Rahman, chef de l’OSDH,
précisant qu’un immeuble d’Arbine, dans la province de Damas, avait été
visé.
"Nous pouvons dire qu’avec ce raid aérien, la trêve est enterrée. Nous
ne pouvons plus parler de trêve", a estimé M. Abdel Rahman.
Un commandant rebelle a qualifié la trêve de "mensonge". "Comment un
régime criminel peut-il respecter une trêve ? C’est un échec de Brahimi,
cette initiative est mort-née", a déclaré à l’AFP par téléphone le
colonel Abdel Jabbar al-Oqaidi, chef du conseil militaire rebelle d’Alep
(nord).
"Ce n’est pas nous qui attaquons", a-t-il assuré, alors que l’armée
avait annoncé vendredi après-midi dans un communiqué lu à la télévision
d’Etat avoir engagé des opérations en riposte après des attaques
rebelles.
Les violences n’ont marqué le pas que quelques heures dans ce pays en
proie depuis plus de 19 mois à une révolte populaire devenue un conflit
armé. Pour la seule journée de vendredi, elles ont fait au moins 146
morts —53 civils, 50 rebelles et 43 soldats— à travers le pays, selon un
bilan de l’OSDH.
Samedi, 29 personnes ont péri —19 civils, six soldats et policiers et
quatre rebelles— à travers le pays, selon un bilan provisoire de cette
organisation basée au Royaume-Uni s’appuie sur un réseau de militants et
de sources médicales civiles et militaires.
Après deux attentats à la voiture piégée qui avaient fait huit morts
vendredi à Damas et à Deraa (sud) selon l’OSDH, une nouvelle attaque de
ce type a eu lieu à Deir Ezzor (est).
Cinq civils ont péri dans l’explosion samedi matin d’une voiture piégée
sur l’artère principale de la ville, a rapporté l’OSDH, tandis que la
télévision d’Etat évoquait un acte "terroriste" devant une église
syriaque, sans faire état de victime.
Si l’Armée syrienne libre s’était engagée à respecter le cessez-le-feu,
le front islamiste al-Nosra, un groupe rebelle qui a revendiqué la
plupart des attentats ces derniers mois en Syrie, l’avait
catégoriquement rejeté.
Dans la région d’Alep (nord), l’armée de l’air a survolé pour la
première fois depuis le début de la trêve plusieurs villages et
l’artillerie a bombardé la localité de Maaret al-Artik.
Dans la ville même d’Alep, des combats ont éclaté dans le secteur de
Sayyed Ali et des rebelles ont attaqué un barrage militaire à l’entrée
d’Alep. Les quartiers de Sakhour, Chaar, et Massaken Hanano ont été
bombardés, selon l’OSDH.
Dans la région d’Idleb (nord-ouest), proche de la frontière turque, des
combats se poursuivaient autour de la base militaire stratégique Wadi
Deif, entre l’armée et des rebelles, en particulier des combattants du
Front al-Nosra, selon l’OSDH.
Près de la base militaire, la ville de Maaret al-Nooman et les villages environnant ont été bombardés, selon la même source.
Dans la province de Deraa, un homme a été abattu par un tireur embusqué
et un enfant a été tué par des tirs de l’armée. Dans la province de
Damas, quatre civils ont été tués dans des bombardements et par des
tireurs embusqués. Et deux soldats ont péri lors de combats dans la
ville voisine de Harasta.
En 19 mois, le soulèvement contre le régime du Bashar al-Assad a fait plus de 35.000 morts, selon l’OSDH.
D’autre part, un groupe rebelle du nord de la Syrie a affirmé samedi
détenir le journaliste libanais Fida Itani de la chaîne libanaise privée
LBCI, arguant que ses reportages sur le terrain "n’étaient pas
compatibles avec la révolution" syrienne.
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