Le Sénat français a adopté, mardi, une résolution reconnaissant la
répression par les forces de l’ordre françaises de la manifestation
d’Algériens du 17 octobre 1961 à Paris, avec 174 voix pour, et 168
contre. Ce vote intervient six jours après la déclaration de François
Hollande rompant le silence officiel sur la "répression sanglante" de
cette manifestation, qui avait fait, selon les sources, de plusieurs
dizaines à environ 200 morts. La résolution avait été proposée par le
groupe communiste, qui l’a votée, tout comme les socialistes et les
écologistes. En revanche, l’UMP et les centristes ont voté contre.
La déclaration du chef de l’État "est un acte important, tant attendu,
auquel il nous revient aujourd’hui de donner toute sa portée par un vote
solennel de notre assemblée", a jugé le secrétaire national du PCF,
Pierre Laurent.
"Mettons en cause les responsabilités de ceux qui ont dérapé, mais pas
celle de la République", a en revanche souhaité l’ancien ministre Roger
Karoutchi (UMP). Au nom des centristes, Yves Pozzo di Borgo a déclaré
qu’il n’était pas favorable à cette déclaration en l’état. Il a demandé
en revanche une large concertation, "en associant l’Algérie", "pour
trouver la route du pardon mutuel".
Robert Hue (RDSE) a jugé important de disposer "d’un lieu du souvenir à
la mémoire des victimes, comme le propose la résolution". "Plus que
l’érection d’un lieu de mémoire", Esther Benbassa (écologiste) a demandé
que "le 17 octobre 1961 trouve sa juste place dans l’histoire de notre
pays". Alain Vidalies, ministre délégué aux Relations avec le Parlement,
a apporté le soutien du gouvernement à la résolution, jugeant qu’"il
faut que la vérité soit dite, sans repentance, ni accusation
particulière".
La déclaration de François Hollande avait été critiquée à droite,
l’ex-Premier ministre François Fillon, par exemple, s’élevant contre "la
culpabilité permanente" assénée dans une France "en dépression nerveuse
quasi permanente". "Bien sûr qu’on peut reconnaître !", avait-il dit,
"mais chacun sait qu’il y a aussi les crimes de l’Algérie au lendemain
de l’indépendance, le massacre des harkis, la question des archives
algériennes jamais ouvertes". Le Sénat doit encore examiner jeudi une
proposition de loi faisant du 19 mars, date anniversaire du
cessez-le-feu en Algérie, une "journée nationale du souvenir" en mémoire
des victimes du conflit.
Cette proposition, adoptée par l’Assemblée il y a plus de dix ans, le 22
janvier 2001, suscite depuis de vives polémiques. Pour de nombreuses
associations, d’anciens combattants, mais aussi de rapatriés d’Algérie,
le 19 mars marque en effet le début de l’exode de pieds-noirs et de la
tragédie des harkis. Le débat sur la reconnaissance de la répression du
17 octobre 1961 comme l’examen du texte sur le 19 mars surviennent à
quelques semaines d’un voyage de François Hollande en décembre en
Algérie au cours duquel la France souhaite conclure un "partenariat
stratégique".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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