mercredi 17 octobre 2012

Syrie : Damas va étudier la proposition de trêve de Brahimi, l’opposition l’accepte sous condition

Damas s’est dit prêt mardi à étudier la proposition de cessez-le-feu de l’émissaire international Lakhdar Brahimi alors que l’opposition acceptait cette trêve proposée pour fin octobre à condition que le régime cesse ses bombardements en premier.
Sur le terrain, les troupes du régime cherchaient, à coups d’intenses raids aériens, à reprendre aux rebelles une région clé pour le passage des renforts militaires vers le nord de la Syrie, déchirée par plus d’un an et demi de conflit.
"La Syrie est prête à explorer cette option" de trêve, a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Jihad Makdissi à l’AFP. Mais, a-t-il souligné, pour un cessez-le-feu, les insurgés, qualifiés de "terroristes" par le régime, et les pays qui les soutiennent doivent être aussi impliqués.
"Nous avons hâte de parler avec M. Brahimi pour voir quelle est la position des autres pays influents auxquels il a parlé lors de sa tournée (...) Vont-ils faire pression sur les groupes armés qu’ils hébergent, financent et arment, de façon à ce qu’ils respectent le cessez-le-feu ?", a-t-il dit.
M. Brahimi effectue depuis la semaine dernière une tournée régionale pour tenter de trouver une issue à la guerre civile en Syrie déclenchée par la répression brutale d’une contestation populaire née en mars 2011.
Il s’est notamment rendu en Arabie saoudite, un pays très critique envers Damas, et en Turquie, qui soutient les insurgés syriens et accueille des chefs rebelles sur son sol.
Il est également allé en Iran, allié du régime syrien, où il a appelé les autorités, alliées de Damas, à aider à la mise en oeuvre d’un cessez-le-feu à l’occasion de l’Aïd al-Adha, une des fêtes musulmanes les plus sacrées, qui sera célébré du 26 au 28 octobre.
M. Brahimi se trouvait mardi au Caire où il devait rencontrer le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi.
Le chef du Conseil national syrien Abdel Basset Sayda a déclaré pour sa part que les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL), composée de déserteurs et de civils ayant pris les armes, ne font "que se défendre et il est normal qu’ils arrêtent les hostilités quand la machine de guerre du régime l’aura fait".
"Nous accueillons favorablement tout arrêt des tueries" mais "nous pensons que l’appel s’adresse en premier lieu au régime syrien qui ne cesse de pilonner les villes et les localités syriennes", a encore dit à l’AFP M. Sayda, qui se trouvait à Doha pour une réunion du secrétariat général du CNS. Par ailleurs, le pape Benoît XVI, qui s’est rendu au Liban voisin en septembre, a "décidé l’envoi dans les prochains jours d’une délégation à Damas pour exprimer sa solidarité fraternelle avec toute la population" syrienne, a annoncé le numéro deux du Saint-Siège, le cardinal Bertone, selon Radio Vatican.
Sur le terrain, l’armée mène depuis 48 heures une contre-attaque pour reprendre des positions clés, surtout la ville de Maaret al-Nooman située sur l’autoroute Damas-Alep. Les renforts militaires doivent nécessairement l’emprunter pour se rendre dans le Nord, les régions rurales voisines étant tenues par la rébellion.
En prenant le 9 octobre Maaret al-Nooman dans la province d’Idleb (nord-ouest), les rebelles ont coupé cette route internationale et attaquent depuis systématiquement tous les renforts l’empruntant, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Selon une source rebelle dans cette ville, les renforts de l’armée ont atteint mardi après-midi la limite sud de Maaret al-Nooman où ils ont été bloqués et plusieurs chars ont été détruits.
Les raids aériens aux alentours de cette ville sont "les plus intenses" avec 29 comptabilisés depuis mardi matin, a déclaré à l’AFP le président de l’OSDH, Rami Abdel Rahman.
Toujours dans la province d’Idleb, des bombardements de l’armée à Kafr Nubol ont tué deux enfants, de six ans et dix ans, et fait plusieurs blessés, selon l’ONG.
Dans l’est du pays, à Mayadin, au moins neuf civils, dont sept enfants, ont péri dans des bombardements.
Au moins, 78 personnes, dont 37 civils, 24 soldats et 17 rebelles ont péri mardi à travers la Syrie, selon un bilan provisoire de l’OSDH.
A Damas, les autorités ont annoncé que des législatives partielles pour pourvoir cinq sièges vacants, dont ceux de deux élus ayant fait défection, auraient lieu le 1er décembre.
Alors que la situation humanitaire s’aggrave de jour en jour, le Programme alimentaire mondial (PAM) a déploré la flambée des prix des aliments en Syrie, les prix ayant plus que doublé dans certaines régions depuis le début du conflit il y a 19 mois.
A New York, des membres de la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie ont estimé que les combattants étrangers en Syrie étaient un dangereux élément de "radicalisation" dans le conflit.
"La présence de ces militants étrangers radicaux, islamistes ou jihadistes, nous inquiète beaucoup", a expliqué à la presse le président de la commission Paulo Pinheiro, qui a évalué leur nombre à "des centaines".

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Les insurgés syriens annoncent une direction unifiée
Les insurgés syriens, pressés de conjuguer leurs efforts par leurs soutiens à l’étranger, ont établi une direction unique chargée de superviser la lutte contre le président Bashar al Assad, a-t-on appris mardi de sources proches de deux groupes rebelles.
L’accord a été conclu dimanche lors d’une réunion en territoire syrien entre plusieurs dizaines de responsables de la rébellion, dont ceux de l’Armée syrienne libre (ASL).
Il vise à améliorer la coordination militaire entre les différents groupes armés et à créer une direction unique qui pourrait permettre un meilleur soutien logistique de la part des puissances favorables au renversement du président syrien.
"L’accord a été atteint. Ils n’ont plus qu’à le signer maintenant. Nos soutiens étrangers nous disent : ’Faites en sorte de vous unir, nous avons besoin d’un interlocuteur clair et crédible pour lui fournir un armement de qualité’", a déclaré une source rebelle, ajoutant que le Qatar et la Turquie étaient les deux principales forces à avoir poussé à un tel accord.
Les opposants syriens, qui disent tous lutter sous la bannière unifiée de l’Armée syrienne libre, combattent en réalité indépendamment les uns des autres sur le terrain.
La nouvelle direction comprendra plusieurs figures clés de l’ASL, comme le commandant Riad al Asaad et le général Mustafa Cheikh, tous deux critiqués parce qu’ils se trouvent en Turquie, le général Mohammed Hadj Ali qui a fait défection récemment, et les dirigeants de conseils militaires rebelles provinciaux basés en Syrie, comme Kassem Saadeddine, implanté à Homs.
La méfiance et les divergences sur la composition de la direction, les tactiques d’attaques et les sources de financement ont creusé les désaccords entre les brigades rebelles, largement autonomes et éparpillées sur le terrain.
"Il n’y aura jamais d’unité à l’intérieur de la Syrie à moins que les pays qui soutiennent la révolte ne se mettent d’accord, dans la mesure où chaque groupe est soutenu et épaulé par un pays", a déclaré une source rebelle. "Les pays sont maintenant de plus en plus nerveux et la question syrienne a pris plus d’importance qu’ils ne s’y attendaient. Elle échappe presque à tout contrôle", a ajouté cette source.
La direction devrait être composée de 60 personnes qui représenteront la plupart des forces combattantes en Syrie, dont le groupe rebelle islamique du "Front pour libérer la Syrie".
Sur le terrain, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH, un organisme proche de l’opposition, basé en Grande-Bretagne mais disposant d’un réseau d’informateurs dans le pays) fait état de 80 personnes tuées pour la journée de mardi, contre 160 la veille.
De graves accrochages ont éclaté à Hama et les combats se sont poursuivis à Alep et dans la province septentrionale d’Idlib.
Un journaliste de Reuters présent à la frontière nord-est du Liban avec la Syrie a quant à lui assisté au largage par un hélicoptère d’explosifs du côté syrien de la frontière.
Le service d’informations du Vatican a annoncé que le pape Benoît XVI allait dépêcher en Syrie dans les jours à venir une délégation de cardinaux pour faire part de la solidarité de l’Eglise catholique avec les populations qui souffrent.

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