Le Premier ministre libanais a Najib Mikati a choisi samedi de rester
pour le moment à son poste dans "l’intérêt national", au lendemain du
meurtre d’un chef de la sécurité attribué par les experts et
l’opposition au régime syrien.
Alors que l’ attentat qui a tué le chef des services de renseignements
de la police Wissam al-Hassan fait craindre de replonger le Liban dans
le chaos, un cheikh a été tué dans des heurts et des routes ont été
coupées par des hommes en colère dans le pays, selon des sources de
sécurité.
Cet assassinat a créé un séisme politique au Liban, resté pendant 30 ans
sous tutelle syrienne. L’opposition a accusé le régime de Bashar
al-Assad d’avoir commandité l’attentat et appelé à la démission du
gouvernement Mikati.
"J’ai assuré au président que je n’étais pas attaché au poste de chef de
gouvernement. (Il) m’a demandé de rester car il ne s’agit pas d’une
question personnelle mais de l’intérêt national" et pour éviter un "vide
politique", a dit M. Mikati après une réunion d’urgence du conseil des
ministres.
Il a fait le lien entre la mort du général Hassan et l’arrestation en
août par les services de ce dernier de l’ex-ministre pro-syrien Michel
Samaha, accusé d’avoir introduit des explosifs en vue de mener des
attentats au Liban à l’instigation du chef des renseignements syriens
Ali Mamluk.
Plus haut responsable de la sécurité libanais à être assassiné depuis la
fin de la guerre civile (1975-1990), Wissam al-Hassan a joué un rôle
majeur dans l’enquête sur de nombreux attentats au LIban entre 2005 et
2008 et dans lesquels le pouvoir syrien a été pointé du doigt.
Son assassinat, qui a ravivé les années noires de la guerre civile et
les précédents attentats, a été condamné par la communauté
internationale, de même que par les autorités syriennes.
L’attaque à la voiture piégée dans une ruelle du quartier d’Achrafieh a
fait huit morts et 86 blessés selon une source gouvernementale, mais la
Croix-Rouge a indiqué que ce bilan pourrait être revu à la baisse.
Selon le chef de la police, Achraf Rifi, "la charge explosive était de 60 à 70 de TNT".
Plus d’une dizaine d’enquêteurs des Forces de sécurité intérieure (FSI)
étaient à la recherche d’indices samedi sur le lieu de l’attentat,
quadrillé par la police. Les carcasses de voitures calcinées étaient
encore sur place au milieu des immeubles effondrés.
"Ils nous interdisent de revenir chez nous car selon eux il y a encore
des restes humains", affirme à l’AFP Nancy al-Mini, une mère de 33 ans.
"Qu’ils aillent au diable, ceux qui en veulent au Liban", lance-t-elle
avec colère.
"J’ai vécu la guerre (1975-1990) mais je n’ai jamais vu une chose
pareille, tellement l’explosion était puissante", affirme Antoine
Madkur, un vieillard de 95 ans.
Le défunt sera enterré dimanche dans le centre de la capitale, aux côtés
de la tombe de Rafic Hariri, assassiné lui-même dans un attentat à la
voiture piégée à Beyrouth en 2005 et dont la paternité a été attribuée à
la Syrie.
L’opposition a appelé "à la plus large participation" à ces funérailles.
Saad Hariri a accusé sans ambages Assad —engagé dans un conflit
sanglant contre la rébellion dans son pays— de l’assassinat du général,
qui était déjà la bête noire de Damas.
En octobre 2010, la justice syrienne avait émis un mandat d’arrêt contre
33 personnalités libanaises, dont le général Hassan, pour faux
témoignages dans ce meurtre.
Selon un leader de l’opposition, Samir Geagea, le général Hassan avait
"installé sa femme et ses enfants à Paris car il se savait visé".
Pour la presse libanaise, le pays doit s’attendre au "pire" après l’attentat, le premier du genre au Liban depuis 2008.
L’assassinat a "transporté le Liban d’une rive à une autre, avec tous
les dangers qui guettent la stabilité et la sécurité", affirme An-Nahar.
"La paix civile en danger", titre as-Safir.
En signe de protestation à l’assassinat, plusieurs routes ont été
coupées dans des régions à majorité sunnite par des hommes dont certains
étaient armés. Des dizaines de partisans de M. Hariri ont coupé la
circulation en brûlant des pneus dans l’est, le nord et le sud. Un
cheikh a tué à Tripoli dans des échanges de tirs.
Mais plusieurs analystes interrogés par l’AFP ont écarté le risque que le Liban sombre de nouveau dans le chaos.
En Syrie voisine, le médiateur international Lakhdar Brahimi, qui a mis
en garde contre un possible débordement régional du conflit armé en
Syrie, a rencontré à Damas le chef de la diplomatie Walid Muallem pour
tenter de faire accepter sa proposition de trêve pour la fête musulmane
de l’Adha fin octobre.
Ce cessez-le-feu est censé préparer le terrain à un "dialogue global
syrien, seule voie pour sortir (de la crise), loin de toute intervention
étrangère", selon les autorités syriennes.
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Un bataillon de la rébellion syrienne baptisé du nom du général libanais tué
La rébellion syrienne contre le président Bashar el-Assad a baptisé un
de ses bataillons du nom du chef des renseignements de la police
libanaise honni par Damas et tué dans un attentat à Beyrouth, selon une
vidéo postée samedi.
L’Armée syrienne libre (ASL) "a l’honneur de baptiser l’un de ses
bataillons du nom de Wissam al-Hassan (...), un des héros de la liberté,
de la souveraineté et de l’indépendance", annonce dans la vidéo un
homme lisant un communiqué, entouré d’une vingtaine d’hommes armés,
certains au visage cagoulé. Wissam al-Hassan "est un nouveau martyr sur
l’autel de la liberté des peuples syriens et libanais", poursuit-il.
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Attentat à Beyrouth : condamnation unanime, y compris en Syrie
L’attentat meurtrier à la voiture piégée, qui a tué vendredi à Beyrouth
le chef des renseignements de la police a été condamné unanimement, y
compris par la Syrie.
Le chef de l’opposition libanaise, Saad Hariri, ainsi que le dirigeant
druze Walid Joumblatt ont accusé le président syrien Bashar al-Assad
d’avoir assassiné le général Wissam al-Hassan.
Le ministre syrien de l’Information, Omran al-Zohbi, a dénoncé un acte
"lâche" et "terroriste". "Ces attentats terroristes sont injustifiables
où qu’ils se produisent", a ajouté le ministre, cité par l’agence
officielle Sana.
Le Conseil de sécurité de l’Onu a "condamné fermement l’attentat
terroriste" commis à Beyrouth et a exhorté les Libanais à "préserver
l’unité nationale".
Dans une déclaration, les 15 pays membres du Conseil soulignent la
nécessité de "poursuivre en justice les responsables, organisateurs et
soutiens financiers de ce crime" et se déclarent déterminés à soutenir
les efforts du gouvernement libanais en ce sens.
Les 15 pays membres "réaffirment leur condamnation sans réserve de toute
tentative de déstabiliser le Liban par des assassinats politiques". Ils
appellent "tous les Libanais à préserver l’unité nationale" face à de
telles menaces et invitent tous les partis libanais à "poursuivre le
dialogue national".
A Washington, la porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland, a
condamné "dans les termes les plus forts ce qui semble être un acte
terroriste. Rien ne peut justifier une telle violence". "Nous n’avons
pas de raison de croire qu’il ne s’agissait pas de terrorisme. Nous
condamnons cet acte terroriste", a-t-elle martelé.
"Nous avons dit depuis des semaines et des mois que nous redoutions une
montée des tensions, notamment communautaires, au Liban, qui résulterait
d’un débordement du conflit en Syrie", a rappelé Mme Nuland, disant "ne
vouloir préjuger de rien avant que les autorités libanaises ne
déterminent qui sont les responsables" de l’attentat.
Le président français François Hollande a appelé les responsables
libanais à protéger leur pays de "toutes les tentatives de
déstabilisation, d’où qu’elles viennent". Saluant dans le général Wissam
al-Hassan "un homme dévoué à son pays, à sa stabilité et à son
indépendance", M. Hollande a appelé "tous les responsables politiques
libanais à maintenir l’unité du Liban et le protéger de toutes les
tentatives de déstabilisation, d’où qu’elles viennent".
La représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton,
a "fermement condamné" l’attentat et appelé les Libanais à ne pas se
laisser destabiliser.
"Cette attaque choquante contraste fortement avec les efforts récents
pour reconstruire ce pays, garantir sa stabilité, consolider le
sentiment d’unité nationale et promouvoir une culture du dialogue",
estime Mme Ashton dans un communiqué.
"Les auteurs de ce crime doivent être poursuivis et traduits en
justice", poursuit-elle. "J’appelle tous les Libanais à rester calmes et
à faire en sorte que cette attaque ne déstabilise pas le pays.
L’Union européenne, prix Nobel de la Paix 2012, "continuera à soutenir
totalement les efforts en faveur de la sécurité et de l’unité du Liban,
qui sont essentiels pour la stabilité de la région", conclut Mme Ashton.
Le Vatican a lui aussi condamné fermement l’attentat. Cette "absurde
violence meurtrière" ne doit pas être "une occasion pour un
accroissement de la violence", a déclaré dans un communiqué le
porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.
Le Canada a "vigoureusement" condamné un "acte de terrorisme lâche". Le
ministre des Affaires étrangères s’est dit "atterré et profondément
préoccupé".
Le Brésil a souhaité "manifester sa peine et sa solidarité avec les
familles des victimes", tandis que le Mexique présentait "ses plus
sincères condoléances au peuple et au gouvernement libanais, ainsi
qu’aux familles des victimes" tout en "rejetant le terrorisme sous
toutes ses formes et manifestations".
Au moins huit personnes ont été tuées et 86 blessées vendredi dans l’attentat à Beyrouth, selon le dernier bilan des autorités.
Selon l’Agence nationale d’information (ANI), l’explosion s’est produite
à une heure de pointe (12H00 GMT) dans le quartier d’Achrafieh à 200
mètres d’un bureau des Kataëb (Phalanges), parti chrétien de
l’opposition libanaise.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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