Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a créé jeudi la première
surprise de la campagne électorale en Israël en annonçant qu’il ferait
liste commune avec le chef de la diplomatie Avigdor Lieberman aux
législatives du 22 janvier, renforçant son statut d’ultra-favori.
Son parti, le Likoud, et Israël Beiteinou, la formation nationaliste
de Lieberman, présenteront une liste commune, mais sans toutefois
fusionner, a-t-il précisé.
"Israël a besoin d’unifier ses forces pour gouverner et faire face
aux défis sécuritaires et économiques (...) Le Likoud et Israël
Beiteinou présenteront donc ensemble une liste commune au prochain
scrutin pour laquelle il faudra déposer un seul bulletin" dans les
urnes, a affirmé Netanyahu à la presse.
"Israël a besoin d’une coalition gouvernementale forte s’appuyant sur
une liste politique se fondant sur une coopération authentique (...)
Nous demandons à l’opinion de nous appuyer pour renforcer l’Etat et je
demande un mandat clair afin de pouvoir m’occuper de l’essentiel",
a-t-il encore dit.
Lieberman a de son côté indiqué qu’en associant son parti au
Likoud, il entendait "contribuer à la stabilité du prochain
gouvernement. C’est une affaire de responsabilité (...) De facto, nous
avons d’ores et déjà ainsi instauré un changement du système politique,
qui assurera la stabilité" du pouvoir.
En vertu de cette alliance surprise, Lieberman occupera forcément
une position clef dans le futur gouvernement en cas de succès électoral,
et se positionne ainsi en chef de la droite dans un avenir plus
lointain.
L’instabilité politique est un phénomène chronique en Israël. Elle
est causée par le système de la proportionnelle intégrale, qui favorise
l’émergence de petits partis sectoriels et se traduit par la nécessité
incontournable de former des coalitions gouvernementales souvent très
hétéroclites.
En se présentant sur une liste commune, Netanyahu et Lieberman
ont coupé court aux velléités d’union de divers éventuels candidats
centristes pressentis, tels l’ancien Premier ministre Ehud Olmert ou
l’ex-ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni.
En mettant franchement le cap à droite, ils ont aussi mis en
porte-à-faux la dirigeante du parti travailliste Shelly Yachimovich, qui
n’avait jusqu’à présent pas formellement exclu de rallier un futur
gouvernement formé par Netanyahu.
Interrogée jeudi soir à la radio publique, elle a estimé qu’un tel
ralliement était "de l’ordre de l’imaginaire", appelant "tous les partis
centristes ainsi que les membres modérés du Likoud qui ont perdu leur
foyer idéologique à se rallier aux Travaillistes" sous sa direction.
Le chef du parti Meretz de la gauche laïque, Zehava Galon, a de son
côté raillé "le futur gouvernement +Biberman+", contraction de Bibi
(surnom de Netanyahu) et Lieberman, estimant "qu’il fera du sur-place
tant au niveau social que dans le processus de paix" avec les
Palestiniens.
Netanyahu et Lieberman ont secrètement mené leurs tractations
avant d’annoncer leur alliance surprise qui devrait presque à coup sûr
leur permettre de former un bloc politique à même de dessiner la
prochaine coalition gouvernementale.
Le Likoud compte actuellement 28 députés, sur un total de 120 au
Parlement. Le parti Israël Beiteinou, qui recrute beaucoup de ses
électeurs parmi les Israéliens originaires de l’ex-URSS, en compte 15.
Selon les sondages, les deux formations devraient plus ou moins se
maintenir voire se renforcer au prochain scrutin. Elles sont assurées de
l’appui des formations religieuses et d’extrême-droite.
Le Parlement israélien a voté sa dissolution le 15 octobre et
convoqué des législatives anticipées pour le 22 janvier 2013, un scrutin
dont Netanyahu est grand favori dans un climat de tensions
régionales.
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