Les forces pro-gouvernementales libyennes, composées d’ex-rebelles, ont
pris mercredi le contrôle de Bani Walid, un des derniers bastions du
régime déchu de Muammar Kadhafi, un an après l’annonce de la
"libération totale" du pays.
Des centaines de rebelles, en majorité originaires de Misrata, ville
voisine et rivale historique, étaient rassemblés en centre-ville dans la
matinée, tirant en l’air avec des armes de tous calibres pour célébrer
la "prise" de Bani Walid, située à 185 km au sud-est de Tripoli, a
rapporté un journaliste de l’AFP.
Ils ont en outre planté le drapeau libyen sur les bâtiments publics
désormais à l’abandon, certains se livrant à des actes de saccage,
tirant à la kalachnikov ou aux roquettes sur les fenêtres et les murs.
Plus tard dans la journée, le chef d’état-major de l’armée libyenne,
Youssef al-Mangouch, annonçait "la fin des opérations militaires dans la
ville, faisant état toutefois de quelques petites poches de résistance.
Il a ajouté au cours d’une conférence de presse, que ses forces étaient
parties à la "poursuite de plusieurs éléments ayant fui vers le désert".
Selon un journaliste de l’AFP, des avions de combat survolaient les
alentours de cette oasis au relief escarpé aux portes du désert.
M. Mangouch a précisé que les ex-rebelles ayant participé aux opérations
font partie de la brigade "Bouclier de la Libye", qui constitue, selon
lui, l’essentiel des "forces réservistes".
Dans les rues de la ville désertée par ses habitants, des rebelles
patrouillaient à bord de dizaines de véhicules surmontés d’armes
lourdes, rapporte le journaliste de l’AFP, décrivant une ville
"fantôme".
La menace d’un assaut pesait depuis plusieurs semaines après la mort
d’un ex-rebelle de Misrata, décédé après son enlèvement à Bani Walid,
qui a exacerbé les tensions entre les deux cités voisines ayant choisi
des camps opposés lors du conflit qui a renversé et tué en 2011 le
colonel Kadhafi.
Les autorités avaient alors ordonné aux ministères de la Défense et de
l’Intérieur de prendre les mesures nécessaires y compris l’usage de la
force pour arrêter les coupables de l’enlèvement ainsi que d’autres
recherchés par la justice.
Les combattants, pour la plupart venus de Misrata, ont déployé mercredi
des portraits géants du défunt, Omran Ben Chaabane, 22 ans, ainsi que de
celui de Ramadan al-Swihli, héros de Misrata durant la résistance
contre le colonisateur italien et qui aurait été tué en 1920 à Bani
Walid qui l’accusait de "traîtrise" et d’être un "agent" des Italiens.
Les habitants de Bani Walid accusaient des "milices hors la loi de
Misrata" de vouloir détruire la ville et chasser sa population et
craignaient un sort similaire à celui de la ville de Touarga, dont les
habitants accusés d’avoir participé aux exactions de l’ancien régime
contre Misrata durant le conflit de 2011, avaient été chassés de chez
eux et leurs maisons détruites et brûlées.
La prise de Bani Walid intervient au lendemain du premier anniversaire
de la proclamation de la "libération" totale du pays à l’issue de huit
mois de conflit.
Malgré cette proclamation le 23 octobre 2011, les rebelles accusaient la
ville d’abriter des criminels et des partisans de l’ancien régime
recherchés.
Le porte-parole du gouvernement de transition, Nasser al-Manaa, a
indiqué mercredi, qu’une centaine de personnes ont été arrêtées à Bani
Walid pour des crimes liés au conflit de 2011, notamment des militaires
ayant combattu avec les forces de Kadhafi.
Il a fait état d’un bilan de 50 morts et des centaines de blessés parmi
les forces gouvernementales, "ce qui signifie, selon lui, que les
combattants de Bani Walid étaient des militaires très bien entraînés et
disposaient d’armes modernes".
Selon le Ministre de la Gouvernance locale, Mohamed al-Hrari qui
s’exprimait au cours d’un point de presse, plus de 10.000 familles ont
fui les combats à Bani Walid, notamment vers la ville voisine de
Tarhouna.
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