Cinq personnes, dont le fils d’une figure de l’opposition, ont été
arrêtées au Koweït après une manifestation qui a rassemblé au moins
5.000 personnes lundi soir près du Parlement, rapportent des témoins.
Des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont fait en
outre plusieurs blessés, dont des policiers, alors que les manifestants
tentaient de pénétrer dans une rue barricadée.
Des photos publiées dans les médias locaux montraient mardi des
policiers alignés en rangs faisant face à des Koweïtis en costume blanc,
soulevant des barrières métalliques.
L’un des principaux groupes de l’opposition a appelé les manifestants à
organiser un sit-in mardi devant le Parlement pour protester contre les
arrestations.
Les autorités avaient demandé aux élus de l’opposition de renoncer au
rassemblement lundi soir, mais les protestataires se sont tout de même
massés sur une place proche du parlement, lieu de plusieurs mouvements
de protestation contre le gouvernement depuis l’an dernier.
Parmi les manifestants interpellés figurent le fils d’Ahmed al Saadun,
personnalité de l’opposition et ancien président du Parlement.
"Un certain nombre de personnes à l’origine des émeutes et de la
violence ont été arrêtées devant (la place) et ont été conduites auprès
des autorités compétentes. Les mesures nécessaires ont été prises à leur
encontre", a déclaré le ministère de l’Intérieur dans un communiqué.
Le Koweït n’a pas connu de manifestations de masse du type de celles des
"Printemps arabes" mais les relations se sont tendues entre le
Parlement élu et le gouvernement constitué par le Premier ministre
choisi par l’émir, le cheikh Sabah al Ahmad al Sabah, âgé de 83 ans. Le
gouvernement koweïtien est principalement constitué de membres de la
famille de l’émir.
L’émir a dissous le Parlement au début du mois. L’opposition craint que
le gouvernement n’introduise de nouvelles règles avant les prochaines
élections, susceptibles de favoriser les candidats proches du pouvoir en
place. Aux termes de la Constitution, les élections législatives
doivent se tenir dans les 60 jours suivant la dissolution.
"Au nom de la nation, au nom du peuple, nous ne vous laisserons pas,
votre altesse, (...) pratiquer une règle autocratique", a lancé
Musallam al Barrak, autre figure de l’opposition, dans un discours
enflammé adressé à l’émir. "Nous ne vous laisserons pas, nous ne vous
laisserons pas", ont scandé les manifestants en écho.
De tels commentaires sont rares dans un pays où la critique du vieil
émir n’existe pratiquement pas et pourraient déclencher une réaction
d’ampleur de la part des autorités. Le Koweït fait partie des Etats du
Golfe autorisant une certaine liberté d’expression, mais l’émir est
considéré comme intouchable.
Lundi, les manifestants ont demandé à l’émir de fixer une date pour le
prochain scrutin parlementaire. Par le passé, ils ont appelé à ce que le
gouvernement soit issu du Parlement plutôt que choisi par le Premier
ministre. "Le gouvernement n’a pas encore répondu. Cela veut dire que
nous entrons dans une phase de confrontation", estime l’économiste Adnen
al Delemi.
L’an dernier, des Koweïtiens avaient marché sur le Parlement, exigeant
la démission du Premier ministre de l’époque. La dernière phase
d’agitation a commencé en juin avec l’annulation des élections de
février par la plus haute instance judiciaire du pays. Ce scrutin avait
donné une majorité aux islamistes. La précédente assemblée plus
favorable au gouvernement avait ainsi été rétablie dans ses fonctions.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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