mardi 16 octobre 2012

Koweït : Cinq personnes arrêtées après une manifestation

Cinq personnes, dont le fils d’une figure de l’opposition, ont été arrêtées au Koweït après une manifestation qui a rassemblé au moins 5.000 personnes lundi soir près du Parlement, rapportent des témoins.

Des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont fait en outre plusieurs blessés, dont des policiers, alors que les manifestants tentaient de pénétrer dans une rue barricadée.

Des photos publiées dans les médias locaux montraient mardi des policiers alignés en rangs faisant face à des Koweïtis en costume blanc, soulevant des barrières métalliques.

L’un des principaux groupes de l’opposition a appelé les manifestants à organiser un sit-in mardi devant le Parlement pour protester contre les arrestations.

Les autorités avaient demandé aux élus de l’opposition de renoncer au rassemblement lundi soir, mais les protestataires se sont tout de même massés sur une place proche du parlement, lieu de plusieurs mouvements de protestation contre le gouvernement depuis l’an dernier.

Parmi les manifestants interpellés figurent le fils d’Ahmed al Saadun, personnalité de l’opposition et ancien président du Parlement.

"Un certain nombre de personnes à l’origine des émeutes et de la violence ont été arrêtées devant (la place) et ont été conduites auprès des autorités compétentes. Les mesures nécessaires ont été prises à leur encontre", a déclaré le ministère de l’Intérieur dans un communiqué.

Le Koweït n’a pas connu de manifestations de masse du type de celles des "Printemps arabes" mais les relations se sont tendues entre le Parlement élu et le gouvernement constitué par le Premier ministre choisi par l’émir, le cheikh Sabah al Ahmad al Sabah, âgé de 83 ans. Le gouvernement koweïtien est principalement constitué de membres de la famille de l’émir.

L’émir a dissous le Parlement au début du mois. L’opposition craint que le gouvernement n’introduise de nouvelles règles avant les prochaines élections, susceptibles de favoriser les candidats proches du pouvoir en place. Aux termes de la Constitution, les élections législatives doivent se tenir dans les 60 jours suivant la dissolution.

"Au nom de la nation, au nom du peuple, nous ne vous laisserons pas, votre altesse, (...) pratiquer une règle autocratique", a lancé Musallam al Barrak, autre figure de l’opposition, dans un discours enflammé adressé à l’émir. "Nous ne vous laisserons pas, nous ne vous laisserons pas", ont scandé les manifestants en écho.
De tels commentaires sont rares dans un pays où la critique du vieil émir n’existe pratiquement pas et pourraient déclencher une réaction d’ampleur de la part des autorités. Le Koweït fait partie des Etats du Golfe autorisant une certaine liberté d’expression, mais l’émir est considéré comme intouchable.
Lundi, les manifestants ont demandé à l’émir de fixer une date pour le prochain scrutin parlementaire. Par le passé, ils ont appelé à ce que le gouvernement soit issu du Parlement plutôt que choisi par le Premier ministre. "Le gouvernement n’a pas encore répondu. Cela veut dire que nous entrons dans une phase de confrontation", estime l’économiste Adnen al Delemi.

L’an dernier, des Koweïtiens avaient marché sur le Parlement, exigeant la démission du Premier ministre de l’époque. La dernière phase d’agitation a commencé en juin avec l’annulation des élections de février par la plus haute instance judiciaire du pays. Ce scrutin avait donné une majorité aux islamistes. La précédente assemblée plus favorable au gouvernement avait ainsi été rétablie dans ses fonctions.

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