lundi 22 octobre 2012

Syrie : Violences sans relâche , espoir faible d’une trêve

Les combats ont repris de plus belle lundi en Syrie avec de nouvelles tentatives de l’armée de déloger les rebelles de leurs bastions, un haut responsable arabe jugeant minimes les chances de parvenir à un cessez-le-feu cette semaine.
Après un entretien dimanche à Damas avec le président Bashar al-Assad, l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi a appelé les belligérants à cesser "unilatéralement" le feu "à partir d’aujourd’hui ou de demain" pour la fête musulmane d’Al-Adha célébrée du 26 au 29 octobre.
Il a souligné qu’il s’agissait d’une "initiative personnelle", et non d’un plan détaillé de paix, pour arrêter le bain de sang dans lequel ont péri selon une ONG 34.000 personnes depuis le début il y a 19 mois du conflit déclenché par la répression brutale d’un mouvement de contestation populaire.
Le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe Ahmad ben Hilli a estimé lundi que "malheureusement, l’espoir d’instaurer une trêve en Syrie pour la fête est faible jusqu’à présent".
"Les signes sur le terrain et la réaction du gouvernement syrien (...) ne témoignent pas d’une volonté réelle de répondre positivement à cette initiative", a-t-il dit.
En écho à ces propos, les troupes du régime syrien, appuyées par les chars, tentaient de reprendre plusieurs localités aux mains des rebelles, sur les fronts d’Idleb, d’Alep (nord), de la province de Damas, Deraa (sud) et Homs (centre), a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Les forces loyalistes bombardaient à l’artillerie la localité de Harasta où sont retranchés des rebelles, près de la capitale syrienne, et tentaient de la prendre d’assaut, a précisé l’ONG au lendemain d’un nouvel attentat à la voiture piégée à Damas qui a fait au moins 13 morts.
Dans la province d’Idleb (nord-ouest), des combats avaient lieu près de la base militaire de Wadi Deif, assiégée depuis des jours par les rebelles qui tentent de la prendre, selon l’ONG qui s’appuie sur un important réseau de militants et de médecins sur place.
Cette base est située à la périphérie est de la ville stratégique de Maaret al-Nooman, bombardée depuis l’aube par les troupes du régime. La prise le 9 octobre de cette cité a permis aux rebelles de couper le principal axe routier utilisé par l’armée pour envoyer les renforts dans le Nord.
Le régime syrien a à maintes reprises souligné sa détermination à en finir coûte que coûte avec les rebelles assimilés à des "terroristes" et accusé le Qatar, l’Arabie saoudite et la Turquie de leur apporter un soutien militaire.
L’opposition a de son côté affirmé qu’elle accepterait de cesser le feu à condition que le régime arrête le premier.
Devant M. Brahimi, Assad a d’ailleurs répété que toute initiative politique devait se fonder sur "l’arrêt du terrorisme (..) avec l’engagement de certains pays impliqués, de cesser d’héberger, de soutenir et d’armer les terroristes en Syrie".
Face aux divisions de la communauté internationale sur les moyens de régler le conflit en Syrie, des intellectuels français ont appelé les pays occidentaux à intervenir d’urgence pour combattre "la dictature des Assad", dans une tribune publiée lundi dans le quotidien Le Monde.
Les intellectuels, dont Bernard-Henri Lévy et l’ancien ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, appellent la France et les Etats-Unis à contourner le Conseil de sécurité de l’ONU paralysée par les vetos russe et chinois.
Le représentant spécial du président russe Vladimir Poutine, Mikhaïl Bogdanov, se trouvait lundi en Iran pour discuter de la Syrie. Téhéran et Moscou soutiennent le régime Assad et refusent toute ingérence étrangère dans ce pays.
La visite d’archevêques que le pape a décidé pour exprimer la solidarité de l’Eglise à la population en Syrie est "en préparation et à l’étude", en vue de permettre sa tenue "dès que possible", a annoncé le porte-parole du Saint-Siège précisant qu’il convenait "de tenir compte des évènements des derniers jours" en allusion aux attentats de Damas et Beyrouth.
Ce voyage est rendu encore plus compliqué par l’insécurité et la violence croissantes : l’attentat dans un quartier chrétien de Damas et l’extension de la violence au Liban, après la mort du général Wissam al-Hassan, chef des services de renseignements de la police, tué vendredi dans l’explosion d’une voiture piégée, ne facilitent pas son organisation.
Alors que M. Brahimi a mis en garde contre un débordement du conflit syrien si une issue n’était pas rapidement trouvée, un soldat jordanien a été tué avant l’aube dans un accrochage avec un groupe d’hommes armés qui tentaient de s’infiltrer en Syrie voisine.
Concernant le Liban, la presse officielle syrienne a dénoncé l’attaque menée la veille à Beyrouth contre le siège du gouvernement libanais après les funérailles du général Wissam al-Hassan dont l’assassinat a été attribué par l’opposition libanaise au régime de Damas.

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