Blessé par balle samedi soir lors d'un "incident" impliquant son
armée, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a été évacué
dimanche vers Paris pour des "soins complémentaires" après avoir été
opéré avec "succès" à Nouakchott, selon lui.
M. Ould Abdel Aziz est un ancien général arrivé au pouvoir par un
coup d'Etat en 2008, élu président en 2009, qui a fait du combat
"anti-terroriste" sa priorité, ordonnant à son armée de mener des raids
contre des bases d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au Mali en 2010
et 2011. Aqmi a menacé de le tuer.
Le chef de l'Etat, 55 ans, est apparu dimanche à la télévision
nationale couché sur le dos, le corps recouvert d'un drap jusqu'au cou.
A Nouakchott, des informations non confirmées de médias privés affirmaient qu'il aurait été touché au bras et/ou à l'abdomen.
"Je veux (...) tranquilliser tous les citoyens mauritaniens. Je les
rassure que l'opération que j'ai subie hier soir (samedi) a été un
succès grâce à l'efficacité de l'équipe médicale qui l'a menée", a
affirmé M. Ould Abdel Aziz, le visage pâle, mais s'exprimant d'une voix
normale.
"Je veux les rassurer sur ma santé après cet incident commis par
erreur par une unité de l'armée sur une piste non goudronnée dans les
environs de la localité de Tweila" à 40 km de Nouakchott, a-t-il ajouté.
Il a quitté Nouakchott dans la matinée à bord d'un avion médicalisé
pour Paris où il doit être admis dans un hôpital spécialisé "pour des
soins complémentaires", selon une source sécuritaire mauritanienne qui a
ajouté que sa vie n'était pas "en danger", car "les organes vitaux ne
sont pas touchés".
A Paris, le ministère français des Affaires étrangères a confirmé "le
principe d'une évacuation sanitaire vers la France" du président Ould
Abdel Aziz.
Selon le gouvernement mauritanien, le président a été "légèrement"
blessé par balle samedi soir près de Nouakchott par un "tir par erreur
de l'armée" sur son cortège, alors qu'il revenait d'une excursion dans
le nord du pays.
Menacé de mort par Aqmi
"L'unité militaire ne savait pas qu'il s'agissait du cortège du
président", selon le ministre de la Communication, Hamdi Ould Mahjoub.
Peu auparavant, un responsable sécuritaire mauritanien avait rapporté
à l'AFP la blessure de M. Ould Abdel Aziz, "légèrement touché au bras
par une balle, tirée contre lui par un automobiliste qui l'a directement
visé".
Toutefois, avait-il précisé, "sa vie n'est pas en danger, il est
descendu à pied à l'hôpital militaire où il a reçu les premiers soins".
Cet hôpital, situé dans le centre de Nouakchott, devant lequel de
nombreux Mauritaniens se sont rassemblés, a été sous haute surveillance
de la garde présidentielle toute la nuit.
Mais c'était le seul dispositif sécuritaire visible jusqu'à dimanche
matin dans la ville, où le calme régnait, a rapporté un journaliste de
l'AFP.
En dépit des assurances officielles, cette fusillade suscitait
dimanche plusieurs interrogations, d'autant que la Mauritanie a une
histoire jalonnée de coups d'Etat militaires et que M. Ould Abdel Aziz a
été menacé de mort par Aqmi, qui l'accuse de mener pour la France une
"guerre par procuration" contre ses combattants.
Général d'armée, M. Ould Abdel Aziz a été porté au pouvoir par un
putsch en août 2008, puis a démissionné de l'armée en juin 2009 pour se
présenter à la présidentielle de juillet 2009, qu'il a remportée dans
des conditions contestées par l'opposition.
Il a engagé une lutte active contre Aqmi qui opère dans le Sahel,
particulièrement en Mauritanie et au Mali voisin, commettant attentats,
enlèvements, essentiellement de ressortissants occidentaux, et divers
trafics.
Neuf Européens, dont six Français, sont actuellement otages d'Aqmi.
Depuis l'arrivée au pouvoir de M. Ould Abel Aziz, l'armée
mauritanienne a réussi à empêcher plusieurs tentatives d'attentat, dont
une visant le président lui-même, l'ambassade de France et une caserne.
La Mauritanie a mené en 2010 et 2011 des opérations militaires contre
Aqmi dans le nord du Mali, une vaste région finalement tombée il y a
plus de six mois aux mains de divers groupes armés et aujourd'hui
totalement contrôlée par des jihadistes, dont Aqmi, qui y appliquent la
charia.
Une opération militaire ouest-africaine soutenue par l'ONU est en
préparation pour reconquérir le nord du Mali. Le président Aziz a dit
que la Mauritanie n'y participerait pas avec des troupes au sol.
(Le Nouvel Observateur,14 décembre 2012)
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