Une partie de la Grande Mosquée des Omeyyades d’Alep, joyau
historique de la deuxième ville de Syrie, a subi d’importants dommages à
la suite de combats entre troupes du régime et rebelles, selon un
correspondant de l’AFP sur place. À l’intérieur de cette mosquée datant
du VIIIe siècle, des tapis ont été brûlés et le sol était couvert de
douilles et de vitres brisées.
Des reliques appartenant selon la tradition au prophète Mahomet, trois
cheveux et un fragment de dent, ont été subtilisées dans un coffret en
bois dans une petite chambre de la mosquée, a constaté le journaliste.
Outre l’architecture superbe de la mosquée, il s’agissait de l’une des
principales attractions du lieu saint. Des livres qui étaient disposés
dans des armoires ont également disparu, tandis que des corans ont été
brûlés et déchirés.
Des meubles anciens en bois ont été complètement détruits par les
flammes dans une galerie située dans la cour de la mosquée. La
télévision officielle syrienne a aussi montré des images d’arcades
noircies par le feu dans la cour. Dimanche, l’armée a repris le contrôle
total de la mosquée que les rebelles avaient partiellement prise la
veille, selon une source militaire et une ONG. Le président syrien
Bashar el-Assad a formé lundi une commission chargée de restaurer le
site, selon l’agence officielle Sana.
Alors qu’à proximité de la mosquée, une bibliothèque renferme une
collection de livres religieux rares, on ne savait pas, lundi, si ces
ouvrages avaient été touchés. La vieille ville d’Alep est classée au
patrimoine mondial de l’Unesco. Un incendie a récemment détruit de
nombreux magasins du souk d’Alep, le plus important du Moyen-Orient,
situé également dans la vieille ville. La métropole du Nord connaît des
combats sans relâche depuis trois mois entre rebelles et forces du
régime.
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Face au risque d’embrasement, l’UE renforce ses sanctions
L’Union européenne, faute d’accord avec la Russie sur une issue à la
crise syrienne, a brandi lundi le risque d’un embrasement de la région,
et renforcé ses sanctions contre le régime, sans envisager d’accueillir
massivement les réfugiés syriens sur son sol.
"Le danger d’un embrasement grandit. Et personne, y compris la Russie,
n’y a intérêt", a averti le ministre allemand des Affaires étrangères
Guido Westerwelle. "Il est nécessaire de convaincre ceux qui continuent à
protéger le régime d’Assad que le danger d’une internationalisation du
conflit grandit, que le danger d’une guerre par procuration grandit",
a-t-il insisté.
Les ministres européens ont eu dimanche soir un long échange à ce sujet
avec leur homologue russe Sergueï Lavrov, lors d’un dîner de plus de
trois heures.
La Syrie a été abordée "sous toutes ses dimensions. Je ne peux pas dire
que nous ayons fait quelque progrès que ce soit", a commenté lundi le
Britannique William Hague.
"Le point de vue russe n’a pas évolué", a convenu le Français Laurent
Fabius, avouant avoir même cru constater "un certain recul", notamment
quand M. Lavrov "a expliqué que jamais le président syrien Bachar
al-Assad ne quitterait le pouvoir".
Selon un diplomate européen, le ton de M. Lavrov a été par moments "très
dur", le ministre russe allant jusqu’à accuser ses homologues européens
de ne "rien comprendre" au conflit et critiquant vivement leurs
sanctions autonomes contre Damas.
Cela n’a pas empêché les ministres européens, comme à chacune de leurs
réunions depuis le début de la crise syrienne en mars 2011, d’adopter
lundi un nouveau train de sanctions.
Il porte à 181 le nombre de personnes proches du régime et à 54 le
nombre de sociétés ou administrations placées sur les listes noires de
l’UE. Leurs avoirs sont gelés et ils sont frappés d’interdictions de
visa.
Les deux nouvelles sociétés désignées sont soupçonnées d’avoir acheté
des armes ou du matériel répressif, a précisé une source diplomatique.
Par ailleurs, l’UE va interdire à ses ressortissants d’acheter des armes
à la Syrie, de les transporter vers les pays tiers ou d’assurer de tels
transports.
Le but est de priver le régime d’éventuelles sources de financement.
A ce jour, l’UE a également décrété des embargos sur les armes et le
pétrole, ainsi qu’une série de sanctions commerciales et financières.
L’urgence est, selon M. Fabius, à la "désescalade, parce que rien ne
serait pire que d’ajouter au drame syrien en plus un conflit entre les
Syriens et les Turcs", alliés des 27 dans le cadre de l’Otan.
Ankara, qui vient d’annoncer que le nombre de réfugiés syriens a dépassé
la barre des 100.000 sur son sol, verrait bien l’UE en accueillir, a
souligné le ministre des Affaires européennes, Egemen Bagis.
Mais les Européens n’y sont pas prêts. "Il faut clairement se concentrer
sur l’accueil des réfugiés sur place", a jugé M. Westerwelle.
"On ne peut pas prendre des avions, transporter ces gens vers l’Europe
et dire que ça règle le problème", a renchéri son homologue
luxembourgeois Jean Asselborn, soulignant qu’il valait mieux aider la
Turquie, le Liban, la Jordanie.
Berlin se dit toutefois prêt, en principe, à "accueillir des réfugiés,
par exemple pour des traitements médicaux", a dit M. Westerwelle. Mais
cela doit avoir lieu dans le cadre d’une démarche européenne et en
accord avec l’ONU, estime-t-il.
L’UE a déjà débloqué 200 millions d’euros pour aider les pays voisins de la Syrie à gérer l’afflux de réfugiés.
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L’atterrissage de l’avion humanitaire arménien pour la Syrie était "prévu"
Un avion cargo arménien en route pour Alep (Syrie), qui a atterri lundi
en Turquie pour une fouille de sa cargaison, transporte de l’aide
humanitaire et son atterrissage était prévu, a indiqué à l’AFP le
ministère arménien des Affaires étrangères.
"L’avion qui transportait une cargaison humanitaire pour la Syrie a
effectué un atterrissage en Turquie qui était prévu. L’atterrissage en
Turquie avait été convenu à l’avance avec la partie turque", a déclaré
le porte-parole du ministère, Tigran Balaian.
Cette cargaison a été envoyée dans le cadre d’une campagne humanitaire
arménienne baptisée "Aide un frère", a précisé un des organisateurs de
la campagne.
"La cargaison humanitaire comprend des produits alimentaires comme du
sarrasin, du riz, du sucre, des pâtes, etc", a déclaré à l’AFP Vahan
Hovannissian, un député du parti nationaliste Dachnaktsoutioun.
Il existe une petite communauté arménienne en Syrie, rassemblant de
60 000 à 100 000 personnes selon les estimations, qui vivent
essentiellement à Alep.
Depuis le début du conflit en Syrie, plusieurs milliers d’entre elles
ont fui en Arménie, craignant des problèmes en Syrie si le président
Bashar al-Assad, dont le gouvernement entretient des relations amicales
avec l’Arménie, est renversé et remplacé par un régime islamiste.
Le 10 octobre des avions de chasse turcs ont forcé un avion de ligne
syrien à se poser à Ankara pour une inspection de sa cargaison, jugée
suspecte par Ankara qui a rompu avec le régime de Damas.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé que cet Airbus
de la Syrian Air transportait des "munitions" et des équipements
militaires fournis par la Russie à destination de la Syrie. Damas a
démenti catégoriquement et Moscou concédé que l’avion convoyait du
"matériel pour des stations radar" tout à fait "légal".
La Turquie et l’Arménie n’entretiennent pas de relations diplomatiques
en raison de leur profond différend sur le caractère génocidaire des
déportations d’Arméniens sous l’empire ottoman, en 1915. Une démarche de
réconciliation entre les deux pays lancée en 2009 est restée sans
effet.
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Brahimi appelle à une trêve pour la fête musulmane fin octobre
Le médiateur international Lakhdar Brahimi a appelé lundi à une trêve en
Syrie durant la grande fête musulmane d’Al-Adha fin octobre, le jour
même où le conflit dévastateur entrait dans son 20e mois.
L’appel de M. Brahimi, en tournée régionale, survient alors que les
combats entre rebelles et troupes du régime de Bachar al-Assad
continuent de faire rage dans le pays et que les divisions persistent
entre l’Occident et la Russie, un pays allié du pouvoir à Damas, sur les
moyens de régler la crise.
Le conflit risque en outre de déborder, la Syrie étant en crise ouverte
avec la Turquie voisine -qui soutient la rébellion et héberge plus de
100.000 réfugiés syriens- depuis la mort le 3 octobre de cinq civils
turcs dans la chute d’un obus syrien près de la frontière.
Face à la détermination du pouvoir d’en finir coûte que coûte avec les
rebelles qualifiés de "terroristes", l’Union européenne a infligé de
nouvelles sanctions contre le régime en gelant des fonds de 28 partisans
de M. Assad et de deux sociétés.
Lors d’une visite à Téhéran où il a rencontré dimanche le président
Mahmud Ahmadinejad, un allié principal de M. Assad, M. Brahimi a
"appelé les autorités iraniennes à aider pour la mise en oeuvre d’un
cessez-le-feu en Syrie durant l’Aïd al-Adha, l’une des fêtes les plus
sacrées célébrées par les musulmans dans le monde", selon un communiqué
diffusé lundi par son porte-parole.
La fête d’Al-Adha, qui couronne les rites du grand pèlerinage musulman à
La Mecque en Arabie saoudite, devrait être célébrée cette année le 26
octobre et dure trois jours.
M. Brahimi, émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe, a "souligné
l’urgence de mettre fin au bain de sang" et répété "l’appel de Ban
Ki-moon pour un cessez-le-feu et l’arrêt du flux d’armes", selon le
texte. Une telle trêve "favoriserait un environnement permettant au
processus politique d’évoluer".
Le 10 octobre, le régime syrien avait rejeté une demande du chef de
l’ONU Ban Ki-moon qui l’avait appelé à décréter un cessez-le-feu
unilatéral et demandé aux forces d’opposition de le respecter.
Selon Ahmad Ramadan, un responsable du Conseil national syrien (CNS)
réuni au Qatar, "l’une des idées envisagées (par M. Brahimi), est le
déploiement de forces de maintien de la paix mais cette question est
encore à l’étude".
Le secrétariat général du CNS, qui regroupe 35 personnes, débat dans la
capitale qatarie sous la présidence de son chef Abdel Basset Sayda, "de
la situation sur le terrain et du problème des réfugiés", selon
M. Ramadan.
Après Téhéran, M. Brahimi est arrivé à Bagdad dont le gouvernement se
garde d’appeler au départ de M. Assad préférant demander la fin des
hostilités qui ensanglantent la Syrie depuis le début le 15 mars 2011 du
conflit déclenché par la répression brutale d’un mouvement de
contestation populaire.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), plus de 33.000
personnes ont péri en 19 mois, alors que quelque 340.000 personnes ont
pris la fuite dans les pays voisins et environ deux millions ont été
déplacées à l’intérieur du pays et ont besoin d’aide selon l’ONU.
Au lendemain d’une nouvelle journée de violences sanglantes au cours de
laquelle 150 personnes, en majorité des civils, ont péri dimanche selon
l’OSDH, insurgés et soldats continuent de se battre sur trois fronts
principaux : province de Damas, Alep (nord) et Idleb (nord-ouest).
L’armée syrienne, forte de sa puissance aérienne, mène une
contre-attaque au sud d’Alep et dans la région voisine d’Idleb pour
reprendre des positions clés conquises par les insurgés, et tente de
repousser une offensive rebelle contre la base militaire de Wadi Deif,
la plus importante d’Idleb.
L’opposition armée s’était emparée la 9 octobre de la ville stratégique
de Maaret al-Nooman située sur la route reliant Damas à Alep, et a pu
freiner l’acheminement des renforts militaires vers la métropole du
Nord.
Le blocage de son approvisionnement affaiblit l’armée qui peine déjà à
faire face sur tous les fronts dans le pays. De plus selon des
analystes, les troupes sont démoralisées après 19 mois de révolte,
minées par les défections et privées de renforts.
Au coeur d’Alep, l’armée a néanmoins repris dimanche le contrôle total
de la mosquée historique des Omeyyades, selon une source militaire et
une ONG.
Human Rights Watch (HRW) a en outre accusé l’aviation du régime,
couramment utilisée dans le conflit, d’avoir largué des bombes à
sous-munitions.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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